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Critique de Slava


Slava
21 février 2016
-Je vois... dit le vampire d'un air pensif.
Cette première phrase aurait pu être dans n'importe quel roman vampirique. Mais sa particularité est que le roman dont elle ouvre le récit n'est d'autre que le chef d'oeuvre qu'est Entretien avec un vampire. LE livre qui a modernisé le mythe, faisant naître la figure de vampires torturés, romantiques et passionnels, qui a engendré des personnages cultes comme le très connu Lestat et qui a inspiré quasiment plein d'histoires vampiriques...
Quand on connait la réputation d'un tel livre, évidemment, on a beaucoup d'attente mais on a aussi un peu peur. J'ai décidé de lire ce livre car le film adapté par le livre est un de mes préférés et il me fallait découvrir le support d'origine.
Et rares sont les roman vampiriques qui méritent pour moi les cinq étoiles, dont d'êtres des équivalents à la littérature classique ! C'est dire ! Et écrit par une femme !
Donc l'histoire, tout le monde connait un peu : un vampire du nom de Louis se fait interroger par un journaliste humain et lui confie sa vie de vampire : comment il est devenu ainsi, sa découverte, ses expériences, ses désillusions... bref, là, on est d'accord, je fais un rapide résumé vu que tout le monde est censé connaître un peu ne serait-ce que l'oeuvre.
Donc, le roman nous emporte directement avec le magnifique style d'écriture d'Anne Rice. Son vocabulaire élégant, ses tournures qui parfois prennent la direction d'anciens siècles, ses métaphores et comparaisons inouïs (ça parait simple comme exemple mais la phrase " fontaine intarissable de changement qu'est l'humanité" me donne le coup de coeur !) nous captive immédiatement. Et mêmes dans les moments les plus "hardcord", son écriture est toujours précieuse (sans pour autant être trop édulcoré attention hein) et nous rend ces moments supportables, avec même une étrange portée.
L'histoire de notre cher Louis se compose en quatre parties. Donc il n'y pas vraiment de chapitres mais que des parties, plus où moins longues. Mais on ne voit pas le temps passer vue que son récit est d'une intense fascination...
On suit l'évolution du personnage, on partage ses épreuves (non, je vous jure, le moment où il se fait mordre, j'ai cru ressentir la morsure ainsi que les sensations après !), puis ses découvertes ainsi que ses déceptions et souffrances, on les ressent avec lui... mais il se pose beaucoup de question et il est vrai qu'il y a BEAUCOUP d'instants où il ne cesse de philosopher. Heureusement que les questions qu'il se pose sont très intéressantes parce qu'à part ça, un moment, j'avais envie de dire à Louis " arrête et continue le fil de l'action, mec !"
A travers Louis, on explore les lieux et siècles. Et ça, j'ai adoré comment on voyage à travers le temps et les endroits. Ainsi, la Nouvelle-Orléans, la ville phare de la moitié du roman, colorée, sombre, extravagante et riche en personnalité et de mixité, épicée aussi. Les Carpathes avec ces montagnes froides, l'ambiance lourde et renfermée, les traditions paysannes qui y règnent. Et Paris, le Paris du XIXeme siècle, fait d'opéra et d'élégance, mais aussi de danger et de décrépitude. Quand aux siècles, cela se ressent aussi : le XVIIIeme, faste mais noir, tandis que la XIXeme siècle, chic et épuré mais aussi glauque...
Quand aux personnages que croise Louis, ils sont très passionnants à rencontrer et ont chacun quelque chose à nous raconter. Ainsi... mesdames, voici Lestat, le beau ange maudit ! Lestat, le vampire attachant mais aussi voyou, cruel, sarcastique... et pourtant, malgré son caractère détestable, on l'adore, eh oui ! Il incarne l'attitude épicurienne, le mode " je fais ma vie, je me fiche de vous, voilà", une sorte de poète rebelle et parfois énervant mais paradoxalement sympathique ! Quand à Claudia... c'est tout de même, un des premières ENFANT-VAMPIRE, oui, c'est elle , cette petite fille blonde qui coincée dans son corps juvénile, traverse le temps, mûrit, devient aussi une vampire sanguinaire mais torturée... elle, elle incarne une jeunesse enfermée malgré elle, qui voudrait vivre comme une adulte mais qui n'y arrives pas... Et mon vampire préféré : Armand ! Armand, le chef du Théâtre des Vampires, mystérieux, énigmatique, sibyllin, dont on ne sait pas beaucoup de chose... mais qui a une réponse implacable de l'immortalité et du vampirisme. Et puis d'autres personnages mais qui ne sont pas aussi marquant qu'eux, hélas...
Quant aux vampires ici... nous avons ici les premières vampires torturés. Ceux qui en dépit de leur condition, de leurs pouvoirs et de leur immortalité, souffrent, se sentant écrasé par le poids du temps, s'interrogent sur la mort, la vie, l'humanité, l'immortalité... qui ne sont pas vraiment méchants, juste des gens différents à qui nos tourments humains paraissent bien futiles et ridicules comparé à la leurs. Et cela, c'était nouveau à l'époque ! Certes, on a bien quelques vampires (dont Lestat) qui tuent sauvagement mais mêmes eux sont plus fragiles qu'il n'y parait. de même, autre chose nouvelle sur le vampirisme, nous avons un clan de vampires. Certes, on avait Dracula avec ses femmes vampires, les Vourdalaks avec leurs familles, mais des groupes composés de différents vampires sans lien de parenté (enfin sauf le "père" de tous)...
Le récit nous pousse à nous questionner sur les débats que l'homme se pose par rapport à la mort et à la vie : qu'est-ce que l'immortalité ? L'humanité? L'immortalité est-elle si désirable ? Dieu existe-t-il ? Après la mort, où va-t-on ? Notre vie a -t-elle un sens ? Des questions qu'on trouvent aussi dans la littérature dite classique mais qui sont ici bien tournées dans le roman. Et que même les vampires de Rice ne peuvent pas y répondent... c'est dire...
En tout cas, j'ai été plus que transportée dans le roman, j'ai été époustouflée par ce monument de littérature fantastique et vampirique. A lire pour ceux qui aiment les histoires d'imaginaires et de vampires. Cela vaut le coup, c'est ce livre qui a ouvert la voie à un vampirisme plus humain (même si on a vu que cela ne conduisait pas toujours à de la qualité, prenez l'ignoble Twilight !) et romantique. Et qui ose parfois prendre des questionnements humains
Quant au film, il est très fidèle du roman malgré quelques modifications (je ne vous dirais pas lesquelles) et la fin différente mais au reste, le film a très bien adapté le récit.
Et surtout, venez découvrir le monde de la nuit avec Louis, Lestat et Claudia...
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