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EAN : 9782246750314
320 pages
Grasset (14/09/2011)
4.33/5   3 notes
Résumé :
« Comme j'entrais, une averse éclaboussa la cour où les arbres perdaient leurs feuilles et chassa tout le monde sous un étroit préau : " Le nouveau ! le nouveau ! " On sautillait, on se bousculait autour de moi, on me tiraillait de questions. Une question qui revenait sans cesse m'embarrassait : " Et toi, qu'est-ce que tu as ? " Je n'avais rien, j'en étais confus. Une cloche sonna et, comme j'étais le dernier à rejoindre les rangs, la cour devint immense. » C'est ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lire une biographie expose à bien des dangers: on peut tomber dans l'anecdote racoleuse ou dans  la paraphrase de l'oeuvre. Dans l'hagiographie ou la démystification.

Quoi? Cet écrivain fascinant qu'on a tant admiré,  cru découvrir et voulu faire connaître  à tout prix, ce n'était que cela, ce misérable "petit tas de secrets" maintenant dévoilés, tristement mis à plat?

Comment? Ce grand talent,   n'est -ce pas à toutes les illustres influences autour de lui , pour ne pas dire plus, qu'on le doit? 

Et puis au fond, au livre lui-même, ne préfère-t-on pas à présent  la souffrance bien réelle  d'une vie qui se révèle misérable, marquée par l'échec et la maladie?

Notre admiration ne serait-elle pas , en définitive,  une pitié qui avoue tardivement son nom?

Et quand l'auteur, comme c'est le cas ici, est un parent lointain de Luc Dietrich, les soupçons ne sont-ils pas encore plus lourds? s'agit-il d'un règlement de compte familial tardif ou au contraire d'une légende destinée à redorer le blason d'un parent tombé dans l'oubli?

 L'objectivité est-elle une apparence ou une réalité? Un pari bien hasardeux, à tout le moins...

Bref, qui lit la biographie d'un auteur après la lecture de son oeuvre s'expose à de sérieux bouleversements. Mais c'est généralement mieux de procéder dans cet ordre. Notre lecture peut en être bouleversée,  elle n'est pas sous influence, comme dans la démarche inverse.

J'avais à  l'esprit tout cela en lisant cette biographie de Luc Dietrich  par Frédéric Richaud, parent éloigné de Luc - l'arrière grand mère maternelle de l'auteur , née Marie Dietrich, était la soeur du grand pere de Luc- , collectionneur insatiable des écrits De Dietrich et auteur, ce qui n'est pas un hasard, d'un essai sur Lanza del Vasto et d'un autre sur René Daumal, deux grands écrivains qui furent aussi deux indéfectibles amis de Luc...

Très bonne surprise!
J' ai laissé tomber l'une après l'autre toutes mes préventions!

Solide, lucide, extrêmement fouillée et appuyée sur des documents rares, des livres disparus, un journal, des documents photographiques, faisant des aller-retour constants entre l'oeuvre et la réalité,  la biographie de Luc Dietrich par Frédéric Richaud évite tous les écueils que je citais en préambule. Elle est de surcroît bien écrite, agréable à lire-  passionnante même quand on connaît ses deux romans autobiographiques, le Bonheur des tristes et L'apprentissage de la ville.

Elle montre avec quelle douleur, quel travail sur son écriture et sur lui-même, Luc Dietrich a su transformer la main trop lourde du destin sur sa courte vie,   en filtrant,  recomposant, plaçant dans un ordre voulu les événements de son existence pour faire en sorte que leurs " signes deviennent graines et non flèches et venins".

Elle dresse un portrait contrasté de ce grand escogriffe tout embarrassé de lui-même,  qui malgré sa bipolarité , ses foucades et même ses exactions -il y a du voyou en Dietrich-  savait s'attirer les sympathies les plus profondes, les protections les plus généreuses,  et que la chance a éclairé souvent, au milieu du malheur.

La plus grande chance pour Luc fut sûrement de rencontrer Lanza del Vasto et René Daumal dont l'amitié,  le dévouement et la clairvoyance surent reconnaître en Luc un talent hors norme, et qui l'obligèrent à  lutter contre sa paresse naturelle, son éparpillement  et son découragement chronique.

Il fallait aussi pour ce surdoué apprendre à se connaître, à se faire confiance, à exister hors des grandes ombres protectrices auprès desquelles il trouvait refuge.

Il fallait, en somme, couper ce cordon ombilical d'éternel petit garçon  à une mère trop aimée et trop tôt disparue - qu'il recréait inlassablement dans ses amitiés et ses amours...

Luc était en train de trouver sa voie, après avoir vu mourir  Daumal et s'éloigner, dans les pas de Gandhi, son grand ami Lanza. Il était en train de trouver les ailes de sa propre vie quand la septicémie, comme un poison,  s'insinuant dans une petite blessure bénigne,  le rabattit brutalement du côté de la malchance.

Et de la mort.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Si L'apprentissage de la ville se présente comme la suite immédiate du Bonheur des tristes, la différence entre les deux ouvrages est de taille. Avec ce livre aux accents picaresques, le nouvel adepte de Gurdjieff entend moins, cette fois-ci, se complaire à décrire son passé que s'appuyer sur lui pour dresser le portrait d'un homme qui, après avoir longtemps été fasciné par le vide , s'éveille à la conscience de soi, ce "métal inconnu". Tant pis si le résultat ne contente pas le lecteur : "J'ai atteint un but, écrit Dietrich à Lavastine. J'ai donné ma pleine mesure. J'ai le sentiment, la certitude de ne pas pouvoir faire mieux maintenant. "
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Ces signes ne trompent pas : Dietrich vient de sombrer dans la psychose maniaco-dépressive. Ce mal dont soufrait certainement sa mère est d'autant plus terrible que la médecine d'alors est incapable de le soigner. Toute sa vie, Dietrich subira ces sautes d'humeur inexpliquées, passant sans transition de l'euphorie à la neurasthénie , de l'abstinence à la débauche, du goût de vivre à l'envie de tuer ou de mourir. "L'homme, ecrira-t-il un jour : il crie et l'angoisse l'abat au beau milieu de sa joie."
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l'homme idéal c'est celui qui "fait son travail d'homme loin de la femme, (qui) sait commander (...) gagner de l'argent" . "Quand il se tourne vers une femme, écrira-t-il encore, il la nourrit, il la vêt, il la guide, il la réchauffe, il l'émerveille, il l'occupe, il la remplit: et voilà du travail bien fait." Auprès de Rose, il est tout sauf cela. " tu fais tout parfois comme si j'étais ta mère et que cela te déplaisait de t'en apercevoir", lui lance-t-elle un jour . Ecartelé entre celui qu'il est et celui qu'il rêve de devenir, il ne fait rien sinon courir la ville à la recherche de bibelots ou de livres rares qu'il achète comptant avec l'argent de sa maîtresse et qu'il entasse dans sa chambre de la rue de Courcelles, comme s'il cherchait à remplir le grand vide au milieu duquel il se perd. (p.86-87)
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Il n'a que cinq ans, mais il voit bien que quelque chose ne tourne pas rond autour de lui. Que signifie la pâleur de sa mère ? Et pourquoi son père doit-il si souvent rester allongé ? On lui fait croire qu'il a été blessé à la guerre, qu'il a besoin de repos, que tout va s'arranger.
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"Mes mains rencontrent mon visage, écrira-t-il dans son journal en 1936, mais un visage qui me devient de plus en plus étranger, comme si je ne pouvais plus me reconnaître pour tel, comme si la présence de ceux que j'aime m'interdisait de parler avec ma vraie voix.'
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Vidéo de Frédéric Richaud
SECONDE PARTIE TABLE RONDE Samedi 22 janvier 2022 14h30 - 17h30 Librairie A. Pedone - 13, rue Soufflot - Paris Ve
Les chefs-d'oeuvre de la littérature sont si divers qu'il paraît impossible d'en donner une définition générale pertinente. Outre l'intérêt durable qu'ils suscitent, la plupart partagent cependant au moins deux caractéristiques : leur lecture demande un effort et ils transforment la vie du lecteur. On n'est plus le même après avoir lu Proust, Musil ou Joyce. Arrêtés par l'effort à fournir, beaucoup passent à côté du plaisir qu'apporte cette expérience. Peut-on la faciliter en contractant ou en transposant l'oeuvre ? le sujet fait débat. Chaque fois qu'un grand classique est porté sur la scène ou à l'écran, on entend des voix s'insurger contre l'inévitable simplification de l'ouvrage. Et lorsque les mêmes chefs-d'oeuvre font l'objet d'une bande dessinée ou d'une édition abrégée, d'aucuns vont jusqu'à crier au sacrilège ! À l'occasion de la parution de la substantifique moëlle de l'Homme sans qualités – une version contractée par François de Combret du chef-d'oeuvre de Musil – et de Proust pour tous – une transposition par Laurence Grenier en 500 pages des sept tomes d'À la recherche du temps perdu –, les Éditions du Palio organisent une table ronde autour de la question : « Comment faciliter l'accès aux chefs-d'oeuvre de la littérature ? » * Introduction : « Pourquoi faciliter l'accès aux chefs-d'oeuvre de la littérature ? » Luc Fraisse, professeur de littérature française à l'université de Strasbourg Première partie : « Contracter un chef-d'oeuvre littéraire : est-ce le trahir ou le soutenir ? » Autour des auteurs de la substantifique moëlle de l'Homme sans qualités et de Proust pour tous, les intervenants s'interrogeront sur les bonnes pratiques à respecter quand on entreprend de simplifier ou traduire un chef-d'oeuvre de la littérature pour, selon l'expression de François de Combret, « mettre en appétit de lecture ». François de Combret, Laurence Grenier Marine Molins, professeure agrégée de lettres modernes, co-autrice de « Translatio : traduire et adapter les Anciens » (Garnier, 2013) Didier de Calan, ancien directeur de la pédagogie aux éditions Nathan Animation : Jean-Jacques Salomon, Éditions du Palio
Seconde partie : « Transposer un chef-d'oeuvre littéraire : est-ce le réduire ou le promouvoir ? » À partir d'expériences de transposition d'oeuvres littéraires à l'écran, sur la scène, en bande dessinée, etc., on se demandera comment conserver l'esprit d'un chef d'oeuvre quand on le déplace hors du champ littéraire. Valentine Varela, actrice et réalisatrice Frédéric Richaud, romancier et scénariste de bande dessinée Anne Armagnac et Bernard Dollet, membres de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet Hélène Waysbord, autrice de « La chambre de Léonie » (Le Vistemboir, 2021) Animation : Céline Mas, co-fondatrice de Love for Livres
Conclusion Hélène Waysbord *
Table ronde organisée en partenariat avec la librairie A. Pedone, l'Association des amis d'écrivains, organisatrice du Salon international des amis d'écrivains, et Love for Livres, initiative pour la promotion de la lecture par les émotions
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