AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,25

sur 321 notes
Nous sommes au milieu des années 80 aux USA. June, une jeune adolescente de 14 ans, solitaire, réservée pose avec sa soeur Greta, 15 ans pour son oncle Finn, artiste peintre reconnu, le frère de sa mère, à New-York.

Finn est homosexuel atteint pas le SIDA dont on ignore tout alors, du virus, son mode de contamination et pour lequel il n'y a pas de traitement.

Elles viennent toutes les semaines à New-York mais autant June apprécie chaque instant en compagnie de cet oncle qu'elle vénère autant Greta essaie de fuir, lançant au passage des réflexions plutôt acerbes.

le jour de l'enterrement, elle aperçoit un homme rongé par le chagrin que sa mère refuse de voir assister à la cérémonie. Qui est cet homme ? Que lui cache-t-on ?

Ce que j'en pense :


Au travers de ce livre, on retrouve l'impact du SIDA sur ces années 80 et au-delà, l'étendue de l'ignorance à l'époque, concernant cette maladie qui frappait les homosexuels et que l'on considérait comme la punition d'une sexualité dévoyée.

Plus généralement, l'auteure nous parle aussi de la façon dont on considérait l'homosexualité à cette époque, avec le refus de la mère de June de connaître Toby, le compagnon de Finn, allant jusqu'à le traiter d'assassin, de meurtrier, c'est tellement plus facile de rejeter la faute sur lui quand on se dit « bien pensant », détenteur de la vérité absolue au nom de laquelle elle se donne le droit de juger la vie des autres.

June que Finn a surnommée Crocodile, est touchante par sa réserve, sa solitude, sa différence par rapport aux autres ados de son âge. Elle est passionnée de Moyen-âge, elle porte des jupes longues, des pulls immenses rejetant les jeans des copains et bien sûr ses bottes médiévales. Elle marche des heures dans les collines qui surplombent l'école, seule.

Elle marche pour se transporter hors du présent, dans une autre époque, où elle peut se souvenir de Finn, leurs discussions, leurs restaurants préférés…

A l'heure actuelle, on ne l'envisagerait même pas, étant donnée le risque de se faire agresser. Elle est moins brillante que sa soeur Greta, artiste en herbe qui prépare une comédie musicale pour l'école, où elle tient le rôle vedette. Mais cette soeur ainée histrionique, surdouée, brillante à l'école comme au théâtre, est mal dans sa peau, elle a des avis sur tout, domine sa soeur, ne manquant pas une occasion de la blesser par ses remarques. Elle flirte avec la vodka car ne sait pas exprimer ses tourments d'adolescente.

Les deux soeurs ont été proches autrefois, inséparables, l'aînée veillant sur la plus jeune, mais un jour tout a changé.

Bien sûr, « cet amour » pourrait choquer mais on n'est pas dans le domaine de la sexualité, on est dans l'amour pur, d'une ado qui ne voit jamais ses parents qui travaillent tout le temps et laissent leurs filles se débrouiller seules (c'est cela qui me choque en fait…), comment se construire sans une image paternelle forte ? On voit évoluer June en très peu de temps elle va être précipitée dans l'univers des adultes.

Sa relation avec Toby est très intéressante aussi ; ils sont « amoureux » de Finn tous les deux, ils essaient de le faire revivre pour moins souffrir et des émotions contradictoires se surajoutent.

le tableau qui donne son titre au livre, est un des personnages principaux, en fait car il tient toute le place, dans la tête des deux filles, dans celle des parents quand il prend une valeur marchande. Chacun essaie d'y apporter une touche, quitte à le modifier pour se l'approprier un peu, et voir au-delà dans ce que Finn appelle les espaces négatifs. Il est avec le requiem de Mozart, le symbole des liens et des choses que June et Finn partagent.

La palette des couleurs est toujours là, dans le réel, dans l'imaginaire, dans les émotions…

Qui sont ces loups ? Ceux qui hurlent dans les bois, ceux qui se cachent derrière les émotions ?

C'est difficile de parler de ce livre sans dévoiler l'intrigue pour intéresser suffisamment les lecteurs pour qu'ils aient envie de l'ouvrir et faire ce voyage.

L'histoire est écrite à la première personne, par June (Carol ?) elle-même du haut de ses quatorze ans.

C'est le premier roman de Carol Rifka Brunt et c'est un coup de maître. Tout est très bien étudié, les personnages sont bien travaillés, l'intrigue est passionnante jusqu'à la dernière page. J'ai dévoré ce livre, tout en essayant de freiner la lecture pour que le plaisir dure plus longtemps. Et, encore une fois, merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour m'avoir fait découvrir ce bon livre. j'attends le deuxième roman de Carol Rifka Brunt car elle fait des débuts prometteurs.

Note : 9/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          702
June a 14 ans , elle vit avec ses parents et sa soeur près de New-York. Nous sommes en 1987 et une maladie commence à faire parler d'elle, le sida. L'oncle de June, Finn, en est atteint, et dès le début on comprend qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre.
J'ai dévoré ce roman. Il n'est pas toujours possible d'expliquer pourquoi on est entré aussitôt dans un livre, parfois c'est le personnage principal qui nous touche, parfois, c'est parce qu'on est sensible aux sujets abordés, parfois on croit se reconnaître dans un des protagonistes de l'histoire, parfois, c'est le style de l'auteur qui nous envoûte dès les premières pages, parfois c'est un peu tout ça à la fois.

Ce roman m'a vraiment émue, peut-être en partie parce que j'ai moi aussi eu 14 ans en 1987 et que les références musicales et autres m'étaient familières, et que l'idée floue et terrifiante que June se fait du sida était proche de la mienne à cette époque.
J'ai aimé suivre le quotidien de cette adolescente qui se cherche, qui s'accroche au peu qu'elle a, c'est à dire cet oncle merveilleux qu'elle adore et qui va mourir, car ses parents travaillent tous les deux et semblent presque perpétuellement absents, et sa soeur aînée ne partage plus rien avec elle, absorbée par ses répétitions de théâtre, ses amis, les fêtes...

Cette gamine solitaire, fragile et forte à la fois, m'a bouleversé avec ses questions, ses certitudes qu'elle est capable d'envoyer valser, ses peurs, ses passions bien à elle, son envie de grandir et celle tout aussi forte de faire cesser le temps pour conserver ce qui est et qui va disparaître.
J'ai aimé partager ses angoisses, ses joies simples, ses interrogations sans fin, ses terreurs, ses révoltes, ses lueurs d'espoir.

Elle m'a emmené dans son univers fait de balades dans le passé, sa passion pour le moyen-âge et les époques lointaines, j'ai partagé son plaisir d'avoir des bottes si singulières, ses déambulations dans la forêt, ses visites fantastiques aux côtés de son oncle, son attachement aux objets qui nous rappellent une personne ou un moment particulier, ses souvenirs qui déjà se dissolvent et ceux qu'elle désire se créer avec ses proches.

Je remercie Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour cet envoi et cette lecture de très grande qualité, riche en émotions.
"Dites aux loups que je suis chez moi", tout comme June, vous pouvez leur dire de ma part, car moi aussi je les attends.
Commenter  J’apprécie          624
En 1987, nous faisons connaissance avec la famille Elbus, qui habite Westchester, la banlieue nord de New York, avec les parents qui sont comptables et les deux filles, Greta, quinze ans, et June, quatorze ans. le frère de la mère, Finn, est un peintre célèbre qui a arrêté d'exposer – mais pas de peindre – depuis une dizaine d'années, et vit dans l'Upper East Side, un des quartiers chics de Manhattan. Une relation de grande affection s'est développée entre Finn et June. Mais Finn, homosexuel, est atteint du sida, et n'en a plus pour longtemps. Avant de mourir, il tient à peindre un dernier tableau : le portrait de ses deux nièces, qu'il fait poser chez lui. Lorsqu'il meurt, il laisse derrière lui son « ami particulier » (comme l'appelle sa soeur qui le déteste et l'accuse de l'avoir tué en le contaminant), Toby, un Anglais. ● Ce roman nous replonge dans un temps où le sida était considéré comme le « cancer gay », où certains soignants refusaient ces patients de peur d'être contaminés, où on parlait des « 4H » pour désigner les victimes (Homosexuels, Héroïnomanes, Haïtiens, Hémophiles), où les États refusaient de financer la recherche médicale et de s'intéresser au sort des malades, à commencer par Reagan, mais aussi Mitterrand. ● On peine à imaginer aujourd'hui combien de malades on a laissé mourir dans l'isolement le plus total, dans des ailes d'hôpitaux où ils étaient à peine soignés, tout cela dans les pays les plus riches du monde. Les familles elles-mêmes considéraient cette maladie comme un déshonneur et reniaient leur progéniture mourante marquée du sceau de l'infamie. ● Car oui, quarante ans avant le Covid, il y a eu une autre pandémie, mais pour celle-là on n'a pas fait grand-chose, on était très, très loin du "quoi qu'il en coûte" , les victimes étant « des pédés et des drogués » : pas intéressants. ● Bref, ce roman nous replonge dans cette atmosphère, mais sans discours militant, en se contentant de brosser le contexte qui paraît alors tout à fait normal. ● C'est surtout des répercussions du sida sur une famille lambda des lotissements américains du style Wysteria Lane qu'il est question. « J'imagine que nous étions les premières personnes à avoir un rapport avec ce truc énorme qui passait sans cesse aux informations. Les premiers que les gens connaissaient, en tout cas, et ça semblait les fasciner. Quand ils me posaient des questions, il y avait toujours un soupçon d'admiration dans leur voix. Comme si le fait que Finn soit mort du sida m'avait rendue plus cool à leurs yeux. » ● le roman montre avec beaucoup d'acuité et de délicatesse les rapports au sein de cette famille, notamment entre les deux jeunes soeurs, Greta et June, mais aussi, en miroir, entre Finn et sa soeur, la mère de Greta et June, et bien sûr la relation entre Finn et June, puis entre Toby et June. ● C'est un roman d'apprentissage qui montre June de plus en plus confrontée à des choix difficiles, la faisant entrer dans l'âge adulte, sa soeur Greta y étant déjà de plain-pied. le personnage de June est riche et d'une belle complexité. Sa fascination pour le Moyen Âge et son besoin de solitude, notamment, en font quelqu'un d'étonnant, surtout aux Etats-Unis. Mais les autres personnages sont également travaillés et intéressants. ● J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré ses longueurs dans les deux premiers tiers : il était peut-être inutile d'illustrer autant la relation entre June et Toby pour que le lecteur comprenne de quoi il retourne. ● A la moitié du livre, je pensais que le récit irait dans une tout autre direction et j'ai été content qu'il ne prenne pas cette voie trop évidente : . ● La dernière partie est très réussie. Bref, une très bonne lecture, je conseille !
Commenter  J’apprécie          549
Découverte bouleversante et énorme coup de coeur.
June est une collégienne incomprise et secrète, souvent livrée à elle-même. Sa solitude l'amène souvent dans les bois où elle adore s'inventer une autre vie, dans une autre époque. Elle s'est éloignée de sa soeur Greta qui la rejette. Ses parents sont absents, très occupés par leur travail. Son ami exclusif est aussi son oncle, Finn Weiss, un peintre new-yorkais célèbre. Mais celui-ci, malade et très affaibli, ne tarde pas à mourir. Nous sommes au début des années 1980, le sida est une maladie inavouable, honteuse. June est seule avec sa peine. Inconsolable, elle décide de rencontrer Toby, l'ami de Finn, dont elle ne connaissait pas même l'existence. Cette relation clandestine va la sortir de l'enfance, l'aider à reconsidérer sa relation avec son oncle et la rapprocher de sa soeur. Dites aux loups que je suis chez moi est le nom du tableau que terminait Finn avant de mourir. Il représentait un portrait des deux soeurs.

Ce livre m'a emmené très loin, là où je ne pensais pas être capable de retourner, sur les bancs d'une église. Je venais de perdre mon ami, presque mon petit frère, parti à 20 ans du sida.
Un jeune garçon sanglotait à côté de moi. Je ne le connaissais pas. Il s'agissait de l'homme qui aimait mon ami. Nous avons échangé quelques mots, mais je n'avais plus mon âme d'enfant et nous nous sommes rapidement séparés avec une vague promesse de nous revoir pour parler de celui que nous aimions.
Cela ne s'est jamais fait, pourquoi ? Je n'ai pas de réponse.
A la fin de ce livre j'ai envié cette petite fille qui a su vaincre sa jalousie, ses peurs, ses doutes pour aller au-devant d'un homme malgré les mises en garde d'adultes souvent trop frileux dans leurs sentiments et surtout tellement préoccupés du « qu'en dira-t-on ? »
Ce livre va bien sûr garder une place spéciale dans mon coeur, mais mis à part ce ressenti très personnel, je salue un roman remarquable, d'une grande sensibilité, écrit avec beaucoup de pudeur et d'émotion sans être larmoyant.
Un premier roman d'une auteure dont la plume laisse présager du meilleur.

J'adresse un immense merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.
Commenter  J’apprécie          532
Ce livre est une belle rencontre inattendue. Il avait été réservé pour quelqu'un qui n'est pas venu le chercher à la médiatheque où je travaille. Lorsque j'ai lu le résumé, il m'a tout de suite donner envie de le lire malgré ses 500 pages. J'ai mis presqu'un mois à le lire, non pas parce qu'il ne me plaisait pas mais parce que je n'avais pas eu assez de temps pour le lire régulièrement. Bref ce roman m'a beaucoup plu. Son histoire : June, une ado de 13-14 ans en 1987 vit avec ses parents dans le New-Jersey avec sa soeur Greta. C'est une fille un peu taciturne mais avec une jolie fantaisie. Son oncle Finn, qui est aussi son parrain, est un peintre New-Yorkais reconnu et décède du sida quelques mois après. Lors de son enterrement, elle aperçoit un homme discret et triste qui n'est autre que son petit ami Toby. Très vite, elle se lit d'amitié avec lui pour en savoir plus sur son oncle défunt, du moins au début du roman.
Ce roman fait la part belle à cette ado qui va basculer dans le monde des adultes. La fin des années 80, qu'on a appelé les "années sida" est bien décrite, beaucoup de références de l'époque. C'est un premier roman de cette autrice et j'ai beaucoup aimé son écriture sensible et drôle à la fois.
Un joli roman que je vous conseille.
Commenter  J’apprécie          465
A la fin des années 80, on commençait à voir des proches mourir du Sida. La maladie ne touchait plus seulement des people « aux moeurs dissolues » qui « couchaient avec n'importe qui » et se déchiraient la tête avec toutes sortes de substances. Mais ce nouveau virus, aux modes de transmission alors mal identifiés, restait assimilé à l'homosexualité et à la toxicomanie. Le Sida était donc honteux pour beaucoup, certains y voyaient un châtiment divin ('divin', 'de Dieu', pas 'délicieux', et quand Dieu se met en colère, ça ne rigole pas)... Je parle au passé, mais trente ans plus tard, les amalgames sont tenaces (sida = homosexualité et/ou toxicomanie, mais aussi homosexualité et/ou toxicomanie = honte)...

Finn, l'oncle de June, succombe à cette maladie en 1987. La jeune fille de quatorze ans est très proche de cet homme. Le deuil va être douloureux, d'autant plus que sa soeur, de deux ans son aînée, est une vraie peste, et que leurs parents ont leur idée sur la façon dont Finn a contracté le virus, et que cette interprétation bloque pas mal de choses.
Grâce à une amitié inattendue, June va être accompagnée dans ce 'travail' de deuil, poursuivre un petit bout de chemin avec cet oncle disparu trop tôt.

Le titre de cet ouvrage m'évoquait un thriller, et comme je ne lis pas les quatrième de couverture, j'ai été surprise en découvrant l'histoire.
'Dites aux loups que je suis chez moi' (pour une fois le titre est bien traduit, littéralement) est une chronique familiale, où l'on suit plus particulièrement une jeune adolescente en souffrance.
Beaucoup de sensibilité et d'émotion dans ce roman initiatique, qui m'a parfois fait penser à 'Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur' (Harper Lee). Et si l'on peut s'étonner du comportement d'un des adultes et le trouver irresponsable, il s'explique de façon très touchante au fil du récit.

Subtil, triste, beau.
Commenter  J’apprécie          455
Vous souvenez-vous du film Philadelphia, sorti en 1993, avec Tom Hanks dans le rôle principal ? Il y jouait un brillant avocat homosexuel, viré de son cabinet parce qu’il est atteint du sida. Si vous vous rappelez ce film, vous devez aussi vous souvenir de sa bande-son, avec « Streets of Philadelphia » (B. Springsteen), « Philadelphia » (N. Young) et « la mamma morta », extrait de l’opéra Andrea Chenier (U. Giordano), trois morceaux sublimes de mélancolie et de tristesse infinie.
Le rapport avec le roman « Dites aux loups… », c’est le sida, évidemment, mais aussi cette atmosphère bouleversante dans laquelle sont empêtrées June et sa famille. June a 14 ans en 1987, dans l’état de New-York. A cette époque, on commence à parler du sida, mais on ne sait encore que peu de choses de la maladie, considérée comme honteuse. A 14 ans, mal dans sa peau, peu sûre d’elle, pas avantagée par son physique, June souffre aussi de la comparaison avec sa sœur aînée, Greta, vedette du lycée. June n’a qu’un seul ami, son oncle Finn, homosexuel, peintre anti-conformiste un temps célèbre, qui va bientôt mourir du sida. Laissée à elle-même, se sentant seule comme peuvent l’être les ados, June s’accroche à lui, parce qu’il est le seul à la comprendre, à faire en sorte qu’elle se sente vivante, intelligente, intéressante, qu’elle cesse de se sentir transparente. A la mort de Finn, June continue à se cramponner au souvenir de son oncle. Elle n’est pas la seule. Il y a aussi Toby, le petit ami caché de Finn pendant toutes ces années, lui aussi malade du sida. Il tente d’établir le contact avec June, dans le but de partager leurs souvenirs de Finn, de chérir sa mémoire, et prendre soin l’un de l’autre, jusqu’à la fin. Cette relation n’est pas simple à construire, parce qu’il faut la garder secrète, et surtout parce que June doit surmonter sa méfiance, sa jalousie, sa déception de n’avoir pas été la seule personne vraiment aimée de Finn, et sa tristesse de réaliser que celui-ci ne lui disait pas tout…
Tout au long du roman, on observe June se débattre avec ses états d’âme, entre des parents peu présents, une sœur autrefois complice et désormais odieuse, sans que June y comprenne grand-chose. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la douleur de la perte, la solitude, ce passage vers l’âge adulte est pour June une étape délicate, qui a réveillé certains échos pour moi. Le roman ne respire pas la joie de vivre, mais il exprime avec finesse et intelligence toute une gamme de sentiments plutôt sombres, de la tristesse à la révolte en passant par la colère et le désespoir. June est poignante, battante, et on lui souhaite des moments plus doux, pour après, quand le plus difficile sera passé. La chrysalide disgracieuse se transformera un jour en papillon. Peut-être pas le papillon sublime et magnifique qu’on verrait en photo dans toutes les encyclopédies, mais un papillon simplement beau. Comme ce roman.
Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          447
Et v'lan ! Celui-là je ne l'ai pas vu venir mais pour moi ce livre est un vrai bonheur de lecture. J'adore être surprise, subjuguée par l'écriture et l'intrigue.

J'ai retrouvé mon adolescence et toutes les interrogations qui l'accompagnent, j'ai rejoué à me déguiser. Je n'avais ni d'époque ni de lieux précis, l'imagination avait toute sa place, il fallait juste que je décroche le rideau de ma chambre et que je m'en drape pour devenir un personnage et tout pouvait arriver.
Alors dire que j'ai adoré l'héroïne de ce roman est un euphémisme. Tout m'a séduite chez elle, sa faiblesse comme sa force, ses passions d'enfant et de femme, son courage, ses moments de doute et d'introspection et son amour si grand pour les autres.
C'est un roman éblouissant qui vous cueille dès les premières pages et vous mène jusqu'au bout sans aucune faute. Vous restez accrochée au bord de votre fauteuil sans faiblir, sans faillir, le livre bien serré entre vos mains, parce vous savez qu'il vous faut accompagner June jusqu'au bout, jusqu'à la porte de l'âge adulte, jusqu'à la perte de l'innocence, jusqu'à sa propre découverte d'elle-même.

June, jeune adolescente, est secrètement amoureuse de son oncle Finn. C'est un sentiment qu'elle n'exprime pas ouvertement, on n'a pas le droit d'aimer un parent. Mais les liens qui l'unissent à son oncle sont forts et réciproques. Tous deux sont très complices et l'oncle Finn fait tout ce qu'il peut pour ouvrir l'esprit de sa jeune nièce : concert, exposition, cinema... Il faut dire que Finn est un artiste reconnu à New York et ses peintures se vendent plutôt bien. Seulement, Finn va mourir. Sida.
Dans les années 80, avoir le sida est une maladie honteuse et en parler reste tabou. C'est la maladie des homosexuels. Les recherches scientifiques ne sont pas encore capables de rassurer le public.
Lorsque Finn disparaît, June va faire la connaissance de Toby, le compagnon de son oncle. Elle va se lier d'amitié avec lui et comprendre à travers lui qui était véritablement son oncle et découvrir l'évolution de cette terrible maladie car Toby est en également atteint. De révélation en révélation, June va quitter le monde de l'enfance, ouvrir les yeux sur le monde des adultes souvent hypocrites, injustes, trop pressés...

Un véritable coup de coeur. Une pensée emplie de gratitude à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette belle découverte.
Zut, je m'aperçois que j'oublie l'auteur ! Qu'elle soit ici remerciée et que ses prochains romans portent la même grâce que celui-ci.
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
Commenter  J’apprécie          424
Dans ce roman initiatique Carol Rifka Brunt capture avec grâce et sensibilité les blessures et les moments d'incertitude, les failles dans les familles et les difficultés des relations à l'adolescence.

Sobrement elle retient les mots trop aiguisés pour exprimer les doutes, les espoirs et les contradictions de ses personnages.
Le rythme des phrases sait piquer des instants de vie intimes avec beaucoup de poésie. Tissé autour d'un thème fort : la mort par le sida d'un être cher, le récit n'est pourtant pas dans le misérabilisme trop aisé mais plutôt dans la souffrance et les interrogations d'une jeune fille qui essaye de recomposer sa vie après une perte.
Elle cherche à comprendre, à apprendre, et à intégrer le vide.

Peut-on mal aimer ? Peut-on ne plus aimer ceux qui ont été très proches de nous un jour ?

Carol Rifka Brunt tisse avec émotion son cocon autour des rêves, du danger des espoirs perdus et des tourments, livrant une première oeuvre forte, avec une prose introspective toute en nuances.

Enorme coup de coeur !



Commenter  J’apprécie          352
Dans les années 1980, June est une toute jeune adolescente quand son oncle Finn décède, emporté par cette maladie encore inconnue, le SIDA. Ce qui lui reste de cet homme qu'elle aimait tant, c'est un tableau d'elle et de sa soeur Greta. Et des souvenirs qui sont surtout douloureux parce qu'ils ne seront jamais suivis de nouveaux souvenirs. Convaincue que sa soeur la déteste et délaissée par ses parents qui travaillent beaucoup, June s'isole dans sa mémoire et dans la forêt qui s'étend derrière le lycée. Elle se rapproche cependant de Toby, le petit ami de Finn. « Je savais que Toby était une mine d'anecdotes. Il possédait des petits morceaux de Finn que je n'avais jamais vus. […] Si l'on considère qu'une anecdote peut être comme un genre de ciment, celui qui ressemble à un glaçage de gâteau pas encore durci, alors je me disais que je pourrais utiliser les histoires de Toby pour maintenir Finn en place, pour le garder avec moi un peu plus longtemps. » (p. 110) Elle garde cette relation secrète et dissimule ses trésors au fond de son armoire : dans l'obscurité, ils n'ont que plus de valeur, mais ils deviennent aussi des monstres, des loups hurlants qui ne demandent qu'à déchirer à pleines dents les tendres sentiments d'une jeune fille. Entre naïveté et révélation, June et Greta, jetées hors de l'enfance, mais pas encore arrivées aux portes de l'âge adulte, apprennent l'amour, la solitude, la dissimulation et la grande complexité des sentiments.

Quel magnifique premier roman ! Il est empreint d'une violence délicate, presque ciselée, à l'image des émotions qui bouleversent les adolescents. Les loups qui courent dans ce récit sont la solitude, le chagrin, le deuil. Sont-ils tous effrayants ? Ce n'est pas certain. L'auteure décrit à merveille les relations difficiles entre soeurs, à un âge où l'individualité le dispute au besoin de compagnie. « Avec Greta, il faut chercher les gentilles choses enfouies sous le reste de ses méchancetés. » (p. 76) Et le SIDA est présenté avec son aura de mystère sordide et les croyances qu'il véhicule : peut-on l'attraper avec un baiser ? Peut-être. Personne ne sait vraiment. Et June, terrifiée par cette maladie à demi-mot qui lui a volé son oncle, mais encore plus enragée contre Toby, l'homme qui l'a rendu malade, doit composer avec le souvenir de Finn et la réalité de cet homme qu'elle ne connaissait pas complètement. « Je n'étais pas seulement triste parce que je ne faisais pas partie du monde de Toby et de Finn, mais parce qu'il y avait aussi des choses que j'aimais de Finn qui ne venait pas du tout de lui. » (p. 205)

J'ai lu ce roman lentement et intensément. Je vais en garder un souvenir durable et profond. le style de Carol Rifka Brunt est intéressant, peut-être encore un peu balbutiant, mais elle a une plume qui, j'espère, va se consolider et porter une belle voix de la littérature de demain.
Commenter  J’apprécie          310



Autres livres de Carol Rifka Brunt (1) Voir plus

Lecteurs (784) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}