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Jean-Luc Steinmetz (Autre)
EAN : 9782080444943
464 pages
Flammarion (13/03/2024)
4.54/5   599 notes
Résumé :
Arthur Rimbaud (1854-1891) a traversé la poésie française comme un météore. Les fulgurances de son œuvre, créée au sortir de l'adolescence puis abandonnée, les désordres de sa vie vagabonde et sa disparition prématurée fascinent et déconcertent à la fois. De son vivant déjà, il est une figure légendaire, un mythe, qui se résume souvent à une formule : voyou, voyant, mystique (fût-ce à l'état sauvage), communard, négrier, érotomane, scatologue. Autant d'étiquettes, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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sur 599 notes
Relecture des oeuvres de Rimbaud des années après les premiers pas parmi ses poésies magnifiques dont l'intemporalité de nombreuses d'entre elles est saisissante comme le dormeur du val, L'éternité, Ophélie, Chanson de la plus haute tour et bien d'autres.

Verlaine disait préférer les textes en proses de Rimbaud à ses poésies. Il est vrai que la plupart d'entre eux permettent au lecteur de pénétrer jusqu'au plus profond et au plus mystérieux de l'âme du jeune poète qui avait déjà tout produit à 18 ans. Il vécut le double... Aurait-il à nouveau publié s'il avait atteint la longévité de Victor Hugo? J'aime l'imaginer...

"La mer allée avec le soleil", la couleur des voyelles, le "sein rond" des petites amoureuses, "l'oisive jeunesse" sont des créations que seuls les plus grands poètes peuvent réaliser et Rimbaud est assurément parmi eux.

Son expression poétique, tourmentée, agressive ou délicate, sauvage ou tendre, désabusée ou emplie d'espérance, sa passion et son dégoût de la vie , ses matins, ses soirs, ses étés, ses automnes sont souvent mes refuges, les lire, les relire, les écouter mis en musique et chantés par Léo Ferré de sa voix magique restent un plaisir toujours renouvelable avec la même intensité, celle de toucher à la véritable grandeur.
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Extraordinaire deuxième partie du 19ème siècle en France sur le plan de la création artistique, qui va voir surgir les peintres impressionnistes, et puis Van Gogh et Cézanne, les musiciens Fauré, Debussy, Ravel, les poètes Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, et les deux incroyables "météores", Lautréamont et Rimbaud.
Si pour Lautréamont, c'est la mort prématurée qui interrompit brutalement son histoire poétique, pour Rimbaud, on le sait, et tant de commentaires ont été faits sur ce point, la fin de l'aventure poétique, c'est le retrait volontaire à l'âge de 20 ans. Alors que l'on ne sait quasiment rien de la vie De Lautréamont ni de ses opinions (quelques aphorismes dans son recueil "poésies" et quelques lettres), on sait beaucoup de choses sur le génial Rimbaud, et sans doute trop, malheureusement. Car la légende Rimbaud, faite de l'enfant surdoué et fugueur, de l'amant de Verlaine, de "l'homme aux semelles de vent" qui va tenter l'aventure en Abyssinie et s'y livrer au commerce et au trafic d'armes, tout ce "buzz" autour de sa vie empêche, je trouve, de voir le poète extraordinairement novateur, révolutionnaire, qu'il a été, que tous les grands du 20ème siècle, Breton, Char, Eluard, pour ne citer que ces trois là, admirent et reconnaissent comme leur source d'inspiration.
Et quand je lis le texte consacré au poète dans Wikipedia, je constate avec tristesse que près des deux tiers sont dédiés à ses aventures en Europe et surtout en Afrique. Et aussi, il faut bien le constater le Pléiade des oeuvres complètes comporte aussi plus de deux tiers des pages consacrés à la correspondance de Rimbaud, de ses proches et de ses amis, le plus célèbre étant Verlaine. Si certaines sont touchantes, comme la lettre d'amour passionnée qu'Arthur écrit à Verlaine, celle de sa mère qui se plaint de l'absence de nouvelles de son fils, la plupart de celles écrites après que le poète a quitté la poésie sont d'une grande banalité et ne seraient jamais passées à la postérité si l'auteur n'avait pas été un certain Arthur Rimbaud...j'excepte bien entendu les lettres de l'adolescent à Izambard et Demeny, dont la celébrissime lettre du "voyant" du 15 mai 1871.

Et donc, désolé pour cette longue introduction pour dire que le Rimbaud aventurier du désert qui fascine certains, personnellement n'a pour moi aucun intérêt et que je m'en tiendrais à la critique de l'oeuvre poétique. Comme l'a si bien écrit René Char: "Rimbaud, le poète, cela suffit, cela est infini" ou encore Yves Bonnefoy: "il faut absolument lire Arthur Rimbaud", sous-entendu, le poète. Si je vais essayer de vous faire partager mon amour inconditionnel pour ce poète, je suis conscient, bien entendu, que chacune et chacun peut avoir sa propre vision.

Que l'oeuvre de Rimbaud ait été écrite entre l'âge de 16 et 20 ans, ce n'est pas tant cela qui donne le vertige, mais ce qui stupéfie c'est le chemin prodigieux parcouru en quelques années par cet adolescent qui, d'une poésie inspirée par Hugo et Baudelaire va progressivement créer un nouveau langage poétique, " absolument moderne".

Je fais le choix d'une analyse des poèmes par année:

- 1870, en septembre puis mi-octobre, au décours de ses fugues successives, le jeune Rimbaud (il aura 16 ans le 20 octobre 1870) remet à l'obscur poète Paul Demeny, une série de poèmes, qui resteront 17 ans dans un tiroir, et constituent le "Dossier de Douai". Y figurent les plus faciles, les plus " grand public ", mais pas les plus originaux, ceux qui parlent de la jeunesse amoureuse (Première soirée, Rêvé pour l'hiver, Roman, les Réparties de Nina, A la Musique...), du jeune poète vagabond qui se met en scène dans Ma Bohème, Au Cabaret Vert, La Maline, le Buffet, enfin de la jeunesse confrontée à la mort: le Dormeur du Val, Ophélie. Mais aussi, apparaissent ces thèmes majeurs que sont d'une part, la révolte contre le pouvoir politique ou religieux, le refus d'une religion du péché et de la punition: le Forgeron, le Mal, le Châtiment de Tartuffe, ...et d'autre part, la fusion avec la nature et la nostalgie d'une antiquité célébrant le corps: Sensation, Soleil et Chair...Ces thèmes persisteront tout au long de l'oeuvre jusqu'aux Illuminations.

- 1871, la plupart des poèmes seront conservés par Verlaine. C'est durant cette période que naissent les poèmes les plus extrêmes, souvent très durs, chargés de révolte, de colère, de rage, de description de la laideur. Tout y passe, la laideur physique : Mes petites amoureuses, ou morale, des femmes: Les soeurs de charité, celle des vieillards: Les Assis, ...., la révolte et la colère consécutive à l'épisode de la Commune: l'Orgie Parisienne ou Paris se repeuple, l'Homme Juste (dirigé contre Hugo qui ne s'est pas impliqué auprès de communards) les mains de Jeanne-Marie (hommage aux communardes), Chant de Guerre Parisien, la révolte contre la religion: les Premières Communions, etc...Et à côté de ceux-là, il y a le merveilleux, tendre et érotiquement crypté, Les Chercheuses de poux, l'énigmatique et absolument novateur sonnet Les Voyelles, l'étrange Blason du corps féminin L'étoile a pleuré rose, et enfin la flamboyante métaphore du désir et de l'ivresse de liberté, voués en définitive à l'échec, qu'est le Bateau Ivre, ce prodigieux poème que Rimbaud avait écrit pour impressionner les poètes de Paris, en quelque sorte, comme un "chef-d'oeuvre" d'un compagnon du devoir.
En 1871, il y a aussi l'Album Zutique, une contribution de Verlaine et Rimbaud au groupe de poètes "zutiques" qui s'était formé après l'épisode de la Commune, en réaction à ceux qui étaient rentrés dans le rang, groupe qui voulait conserver une attitude anarchisante. C'est parodique, un peu potache et dirigé contre les poètes que Rimbaud et Verlaine détestaient, mais aussi obscène, tel le Sonnet du trou du Cul ou Les remembrances du vieillard idiot. Ce n'est pas le Rimbaud que j'aime, mais il faut accepter que lui, et Verlaine, n'étaient pas des anges, loin de là.

- 1872, le ton et la forme ont considérablement changé. La véhémence a laissé place à un ton plus interrogatif sur le bien fondé de la révolte: Qu'est-ce pour nous mon coeur, plus désabusé sur sa vie: Chanson de la plus haute tour, Ô saisons ô châteaux, Mémoire, plus philosophique aussi: L'éternité, Âge d'Or, Comédie de la Faim, Comédie de la soif, plus mystérieux: Est elle almée? Jeune Ménage, Michel et Christine.
Rimbaud commence à vraiment employer ce nouveau langage poétique qu'il appelait de ses voeux dans la lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871. Et il s'affranchit souvent de la rime dans Bannières de Mai, Jeune Ménage, voire de la régularité de la métrique, dans Bonne Pensée du matin, rompt complètement le rythme de l'alexandrin, les vers de 12 syllabes n'étant plus qu'accessoires au service d'une structure plus fluide, presque de la prose, comme dans Mémoire,cet extraordinaire poème, merveilleuse métaphore filée du cours d'une rivière du matin au soir qui paraphrase la vie, et la place, d'Arthur dans la difficile famille Rimbaud (une première version s'appelant d'ailleurs Famille maudite).

- 1873, c'est Une Saison en Enfer, ce prodigieux texte en "prose de diamant", disait Verlaine, le plus beau texte en prose de la langue française le qualifiait Claudel. C'est la confession spirituelle que rédige Rimbaud sans doute après avoir été blessé par Verlaine début juillet. La confession bouleversante de la crise qu'a traversée le poète durant une saison, Avril à Août. Une crise dont il témoigne, dans un style oral, heurté, souvent halluciné, où plusieurs voix parlent, où souvent le rythme, le son, priment sur le sens. C'est la relation de l'échec de son entreprise prométhéenne, poétique, humaine, amoureuse, qui l'a amenée au bord de la folie, et les questionnements sur ce que pourrait être sa vie, sur le sens du travail, sur la sagesse de l'Orient, etc..., qui se résout par un retour à la vie simple, à "la vérité dans une âme et un corps".

- les derniers poèmes ce sont ceux des Illuminations, (le titre n'est pas de lui, mais de Verlaine) dont on pense maintenant qu'ils furent composés,au moins en partie, après Une Saison en Enfer, en tout cas furent remis à Verlaine en 1875, et publiés en 1886, sans l'accord de Rimbaud qui avait alors, et depuis longtemps, abandonné tout intérêt pour la poésie.
Il constituent la dernière étape, la plus aboutie à mon sens, de l'exploration du nouveau langage poétique que Rimbaud avait théorisé en 1871. Poèmes en prose, ou en vers libres, forme que Rimbaud est le premier à inventer (Marine, Mouvement), ils abordent les multiples registres, formels et thématiques, de ce que peut être une poétique nouvelle. Je reviendrais dans une autre critique sur l'analyse de ces merveilleux, et souvent complexes, poèmes.

Voilà une critique bien longue, me direz-vous. Désolé, je ne pouvais pas faire moins pour un homme qui, s'il voulait changer la vie, a changé la mienne, profondément. Je fais partie de ceux dont René Char disait: " nous sommes quelques-uns à croire, sans preuve, le bonheur possible avec toi".
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Redécouvrir et partager l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, se remettre dans les pas de "l'homme aux semelles de vent" n'est pas chose simple mais elle apparaît comme une incontournable évidence.
De ses écrits de jeunesse (Le temps du collège, 1870) aux Illuminations, cinq années se seront écoulées, cinq années décisives qui rassemblent l'ensemble de son oeuvre.
Période foisonnante, débordante d'une recherche d'écriture jamais rassasiée, jamais satisfaite (Rimbaud n'envisagera qu'une seule fois la publication d'un de ses écrits, ce sera Une saison en enfer en 1873) durant laquelle Rimbaud livrera tout de lui.

Son écriture est comme un mouvement perpétuel, une vive oscillation entre révolte, rupture et sensibilité. Malgré un respect de la forme (il use des sonnets et des alexandrins), Rimbaud s'ingénie à détourner le sens des thèmes choisis jusqu'à la satire, jusqu'à l'excès. C'est là sans doute que réside toute l'originalité de son écriture.

Difficile d'aborder l'oeuvre de Rimbaud sans évoquer ce qu'a été sa vie personnelle : celle d'un élève brillant, d'un enfant difficile (la célèbre photo-portrait de Carjat nous le fait deviner), incontrôlable, fugueur et d'un jeune homme au caractère tempétueux . Il fit des rencontres décisives dont celle, retentissante, avec Paul Verlaine. Devenu voyageur, il décida un jour de tout quitter, de partir au loin (ce sera entre autres destinations vers l'Afrique et l'Abyssinie), délaissant tout travail d'écriture. Décision personnelle qui reste encore aujourd'hui inexplicable.

Ce recueil des oeuvres complètes d'Arthur Rimbaud publiée sous la direction de Louis Forestier est intéressante à plus d'un titre. Chaque oeuvre est ici commentée, mise en perspective, contextualisée avec un esprit de juste et bonne compréhension. Il y a beaucoup de repères chronologiques, bibliographiques et biographiques qui appuient un propos très convaincant. S'ajoute à toute cela la partie sur la correspondance (avec sa mère, les siens, avec Paul Verlaine, Georges Izambard) qui nous fait apparaître l'auteur sous un aspect plus personnel encore.

Un bel ouvrage à lire, à partager sur l'un des plus grands et des plus énigmatiques écrivains de notre littérature.
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Il est devenu l'icône – le mot, en ce qui le concerne, n'est pas galvaudé –, du poète, éclipsant l'homme qu'on disait aux semelles de vent tellement il voulait voyager.
Il n'est peut-être pas le plus génial, mais il est génial, inventeur d'une révolution poétique qui prônait la modernité à l'âge où d'autres ont des préoccupations beaucoup plus triviales.
Il continue de séduire invariablement l'élite et le peuple, son visage reproduit sur les murs, associé à la liberté et l'éternelle jeunesse.
« le Dormeur du val », « le Bateau ivre », « Une saison en enfer », les « Illuminations », etc., autant de textes entrés dans le panthéon immatériel de la poésie française, certains si musicaux qu'ils furent naturellement chantés.
Rimbaud inspira même, après sa mort, un courant artistique majeur, le surréalisme, dont les membres considéraient les Lettres du « Voyant » comme un manifeste, notamment cette phrase prophétique : « le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. »
Pourquoi lire Rimbaud ? Parce que c'est une poésie fluide qui fait effectivement appel aux sens. Une poésie qui s'est construite en se libérant des chaînes métriques, et en un temps record, puisque le poète n'écrira que quelques années, s'arrêtant définitivement à vingt ans pour s'en aller vers un autre destin, en Afrique, d'où il reviendra pour mourir à Marseille.
Les lettres contenues dans ce volume permettent d'ailleurs de découvrir l'autre Rimbaud : l'aventurier, au sens large du terme.
Rimbaud est ce qu'on pourrait appeler une comète : il est passé sans s'arrêter, nous abandonnant une traînée qui continuera de briller tant qu'il y aura des lecteurs pour lire ça…
« Les effarés
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,

A genoux, cinq petits, - misère ! -
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.

Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l'enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.

Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,

Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,

Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu'ils sont là tous,

Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort qu'ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d'hiver. »
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Plus de mille pages d'oeuvres de Rimbaud ? En fait pas tout à fait, et même loin de là, d'où une petite déception... Même si les oeuvres de Rimbaud sont souvent présentées en plusieurs versions, elles n'occupent qu'un gros tiers du livre. le reste est consacré à sa vie, aux écrits de ses proches ou à l'explication de ses textes. Tout cela est certes utile, mais occupe peut-être trop de pages...

Ce recueil reste une référence, pour les oeuvres du poète, mais aussi pour le contexte de sa courte vie.

A conserver dans sa bibliothèque, évidemment !
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Citations et extraits (209) Voir plus Ajouter une citation
Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteur,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
– Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
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Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées
Moi l'autre hiver plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots!

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour!

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : Je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir!

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets!

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs!

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs!

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux!

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan!
Des écroulement d'eau au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant!

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises!
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés de punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums!

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombres aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux ...

Presque île, balottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons!

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur,

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets!

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? -

Mais, vrai, j'ai trop pleuré! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! ô que j'aille à la mer!

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
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                     À Monsieur Théodore de Banville.

       CE QU’ON DIT AU POÈTE
        À PROPOS DE FLEURS
Charleville, Ardennes, 15 août 1871.


I
Ainsi, toujours, vers l’azur noir
Où tremble la mer des topazes,
Fonctionneront dans ton soir
Les Lys, ces clystères d’extases !

À notre époque de sagous,
Quand les Plantes sont travailleuses,
Le Lys boira les bleus dégoûts
Dans tes Proses religieuses !

— Le lys de monsieur de Kerdrel,
Le Sonnet de mil huit cent trente,
Le Lys qu’on donne au Ménestrel
Avec l’œillet et l’amarante !

Des lys ! Des lys ! On n’en voit pas !
Et dans ton Vers, tel que les manches
Des Pécheresses aux doux pas,
Toujours frissonnent ces fleurs blanches !

Toujours, Cher, quand tu prends un bain,
Ta Chemise aux aisselles blondes
Se gonfle aux brises du matin
Sur les myosotis immondes !

L’amour ne passe à tes octrois
Que les Lilas, — ô balançoires !
Et les Violettes du Bois,
Crachats sucrés des Nymphes noires !…

II
Ô Poètes, quand vous auriez
Les Roses, les Roses soufflées,
Rouges sur tiges de lauriers,
Et de mille octaves enflées !

Quand BANVILLE en ferait neiger,
Sanguinolentes, tournoyantes,
Pochant l’œil fou de l’étranger
Aux lectures mal bienveillantes !

De vos forêts et de vos prés,
Ô très paisibles photographes !
La Flore est diverse à peu près
Comme des bouchons de carafes !

Toujours les végétaux Français,
Hargneux, phtisiques, ridicules,
Où le ventre des chiens bassets
Navigue en paix, aux crépuscules ;

Toujours, après d’affreux desseins
De Lotos bleus ou d’Hélianthes,
Estampes roses, sujets saints
Pour de jeunes communiantes !

L’Ode Açoka cadre avec la
Strophe en fenêtre de lorette ;
Et de lourds papillons d’éclat
Fientent sur la Pâquerette.

Vieilles verdures, vieux galons !
Ô croquignoles végétales !
Fleurs fantasques des vieux Salons !
— Aux hannetons, pas aux crotales,

Ces poupards végétaux en pleurs
Que Grandville eût mis aux lisières,
Et qu’allaitèrent de couleurs
De méchants astres à visières !

Oui, vos bavures de pipeaux
Font de précieuses glucoses !
— Tas d’œufs frits dans de vieux chapeaux,
Lys, Açokas, Lilas et Roses !…

III
Ô blanc Chasseur, qui cours sans bas
À travers le Pâtis panique,
Ne peux-tu pas, ne dois-tu pas
Connaître un peu ta botanique ?

Tu ferais succéder, je crains,
Aux Grillons roux les Cantharides,
L’or des Rios au bleu des Rhins, —
Bref, aux Norwèges les Florides :

Mais, Cher, l’Art n’est plus, maintenant,
— C’est la vérité, — de permettre
À l’Eucalyptus étonnant
Des constrictors d’un hexamètre ;

Là !… Comme si les Acajous
Ne servaient, même en nos Guyanes,
Qu’aux cascades des sapajous,
Au lourd délire des lianes !

— En somme, une Fleur, Romarin
Ou Lys, vive ou morte, vaut-elle
Un excrément d’oiseau marin ?
Vaut-elle un seul pleur de chandelle ?

— Et j’ai dit ce que je voulais !
Toi, même assis là-bas, dans une
Cabane de bambous, — volets
Clos, tentures de perse brune, —

Tu torcherais des floraisons
Dignes d’Oises extravagantes !…
— Poète ! ce sont des raisons
Non moins risibles qu’arrogantes !…

IV
Dis, non les pampas printaniers
Noirs d’épouvantables révoltes,
Mais les tabacs, les cotonniers !
Dis les exotiques récoltes !

Dis, front blanc que Phébus tanna,
De combien de dollars se rente
Pedro Velasquez, Habana ;
Incague la mer de Sorrente

Où vont les Cygnes par milliers ;
Que tes strophes soient des réclames
Pour l’abatis des mangliers
Fouillés des hydres et des lames !

Ton quatrain plonge aux bois sanglants
Et revient proposer aux Hommes
Divers sujets de sucres blancs,
De pectoraires et de gommes !

Sachons par Toi si les blondeurs
Des Pics neigeux, vers les Tropiques,
Sont ou des insectes pondeurs
Ou des lichens microscopiques !

Trouve, ô Chasseur, nous le voulons,
Quelques garances parfumées
Que la Nature en pantalons
Fasse éclore ! — pour nos Armées !

Trouve, aux abords du Bois qui dort,
Les fleurs, pareilles à des mufles,
D’où bavent des pommades d’or
Sur les cheveux sombres des Buffles !

Trouve, aux prés fous, où sur le Bleu
Tremble l’argent des pubescences,
Des calices pleins d’Œufs de feu
Qui cuisent parmi les essences !

Trouve des Chardons cotonneux
Dont dix ânes aux yeux de braises
Travaillent à filer les nœuds !
Trouve des Fleurs qui soient des chaises !

Oui, trouve au cœur des noirs filons
Des fleurs presque pierres, — fameuses ! —
Qui vers leurs durs ovaires blonds
Aient des amygdales gemmeuses !

Sers-nous, ô Farceur, tu le peux,
Sur un plat de vermeil splendide
Des ragoûts de Lys sirupeux
Mordant nos cuillers Alfénide !

V
Quelqu’un dira le grand Amour,
Voleur des sombres Indulgences :
Mais ni Renan, ni le chat Murr
N’ont vu les Bleus Thyrses immenses !

Toi, fais jouer dans nos torpeurs,
Par les parfums les hystéries ;
Exalte-nous vers les candeurs
Plus candides que les Maries…

Commerçant ! colon ! médium !
Ta Rime sourdra, rose ou blanche,
Comme un rayon de sodium,
Comme un caoutchouc qui s’épanche !

De tes noirs Poèmes, — Jongleur !
Blancs, verts, et rouges dioptriques,
Que s’évadent d’étranges fleurs
Et des papillons électriques !

Voilà ! c’est le Siècle d’enfer !
Et les poteaux télégraphiques
Vont orner, — lyre aux chants de fer,
Tes omoplates magnifiques !

Surtout, rime une version
Sur le mal des pommes de terre !
— Et, pour la composition
De poèmes pleins de mystère

Qu’on doive lire de Tréguier
À Paramaribo, rachète
Des Tomes de Monsieur Figuier,
— Illustrés ! — chez Monsieur Hachette !

                                Alcide Bava.
                                    A. R.
                               14 juillet 1871.

pp.55//60
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AUBE

J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte.
Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes ; et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand-ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps.
L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

ILLUMINATIONS
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Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l'ai trouvée amère. — Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. — Cette inspiration prouve que j'ai rêvé !
"Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. "Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."

Ah ! j'en ai trop pris : — Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
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Arthur RIMBAUD – Les curiosités du cimetière de Charleville (DOCUMENTAIRE, 2006) Un documentaire intitulé "Praline" réalisé par Jean-Hugues Berrou en 2006.
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