Shihâboddin Yahyâ Sohravardi distinguait trois manières de voir le ciel étoilé: l'homme commun n'y voit qu'une étendue de couleur bleue ponctué de points blancs (les étoiles), l'astronome ou l'astrologue étudie le mouvement des astres et leurs relations au zodiaque, alors que les hommes spirituels perçoivent la signification ésotérique et invisible du ciel.
C'est ce qu'affirme Rumi, en affirmant qu'au-delà des étoiles, des planètes et des cieux visibles, au-delà des influences astrales contradictoires qui voient s'opposer Mars et Vénus, il existe des étoiles divines:
"Au-delà des étoiles matérielles existent des étoiles en lesquelles il n'est
point de conflagration ou d'aspect sinistre,
Des étoiles se mouvant dans d'autres cieux, non pas en ces sept cieux
que nous connaissons tous,
Des étoiles immanentes dans le rayonnement de la lumière de Dieu, ni
unies l'une à l'autre, ni séparées l'une de l'autre."(Mathnawi,Livre,vers754-756)
Le symbole est le coeur du problème de l'art islamique.(...)
Dans la pensée musulmane, les cieux et la terre, la nature et les créatures sont ainsi perçus comme les témoignages multiples de la Présence divine.Les symboles cosmiques et coraniques sont les supports d'une compréhension religieuse, philosophique et mystique de l'univers et de son créateur.(...)
Dans quelle mesure notre modernité peut-elle comprendre un monde musulman imprégné de signes, orienté vers l'invisible, vivant par le sens du monde et la présence de Dieu?
Pour l'islam, la création est un univers de symboles, dont la beauré reflète la perfection de son créateur.Nous verrons ensuite que la pratique artisanale et artistique a souvent été associée à une vision symboliste du monde et à une démarche spirituelle.
Nezamî écrivait dans un texte soufi que la poésie fait asseoir "sur l'Arbre du Paradis".(...) La poésie est une forme de parole prophétique, qui exige une spiritualité profonde du poète, seule susceptible d'ouvrir l'âme à une perception contemplative et à une inspiration spirituelle.