Citations sur Metal mélodie (20)
"Et puis, lors de cette ultime soirée...
-Il faut qu'on parle Luce...(...)
-Merci bien, pour entendre d'énièmes reproches ...
-Non c'est important...
-Ben voyons... Tu me les casses, mother. Lâche-moi ! Je sais pas, trouve-toi un mec, fais du tricot, laisse-moi vivre... Cela dit, vu ta tête, tu risques pas de pécho... On dirait que tu as 100 ans...
Luce frémit de honte en se souvenant de cet échange. (...)"
Quand la musique déroulait son ruban sensuel, leurs regards se cherchaient andante, se croisaient allegro, s'unissaient fortissimo, leurs souffles s'accordaient, et le garçon brodait autour du thème de Luce de petites variations malicieuses qui la laissaient ravie. Le morceau terminé, ils baissaient les yeux, essoufflés et heureux comme s'ils avaient fait l'amour, alors que jamais, jamais, ils ne s'étaient touché même la main.
- C'est dur... Je comprends... Ma mère ne parlait jamais de son passé. C'est comme s'il n'existait rien avant ma naissance.
- Eh bien, justement ! C'est trop baluche ! Comment as-tu pu pousser à côté d'elle sans même savoir qui elle était ? Cette femme t'a nourrie, bordée, donné la becquée, a bouffé ses larmes pour te sourire quand ton vieux a fait le grand saut, et toi, tu te demandes même pas ce qui a pu lui arriver avant ?
Luce s'arrêta au milieu de cette nature belle à mourir. Il lui semblait être seule au monde. Elle but une gorgée d'eau, se mouilla la nuque. Elle marchait depuis plus de deux heures. Tout là-haut, elle aperçut un promontoire, des drapeaux colorés claquant au vent en guirlandes. Une coupole blanche se détachait de l'azur du ciel. J'arrive, pensa-t-elle en reprenant son sac.
Tant que Luce était petite et docile, le système avait fonctionné. La fillette avait croulé sous les attentions, cadeaux, livres, disques, places de concert gratuites que la journaliste recevait au bureau. Et même à présent, sa mère continuait à lui beurrer ses tartines alors que Luce avait 16 ans et des poussières ! Le thermostat des sentiments déréglé, Inès se montrait teigneuse d’un côté, carpette de l’autre. Mais une carpette qui, depuis quelques temps, ne se privait pas de critiquer les goûts de sa fille. Rien ne trouvait grâce à ses yeux. Ni les vagues tentatives culinaires de Luce, ni sa façon de s’habiller, ni ses goûts, ni bien sûr ses amis. A la maison, Bach bataillait ferme avec les flots de musique métal qui s’échappaient de la chambre de l’adolescente. Et jusqu’à présent, personne n’avait gagné.
Luce n’arrivait plus à concevoir qu’elles aient pu partager, un jour, la douceur d’être ensemble, la complicité des sourires, la rondeur plumeuse d’un câlin. Elle avait oublié l’époque où la fillette admirait sa maman par-dessus tout, quand celle-ci opposait le rempart de ses bras en berceau à la dureté du monde, au chagrin, à la mort…
Ballotée sur le siège de la navette Alhambra-Albaicin-Sacromonte, Luce regardait défiler les rues d'un blanc éclatant aux ombres bleutées que le soleil découpait au rasoir.
Nous partagions au jour le jour une amitié d'amour qui nous faisait du bien.
Quand on aime trop, parfois, on ne veut pas emprisonner l’être aimé.
Un passage du texte m’a particulièrement touchée : «Et puis, lors de cette ultime soirée...
-Il faut qu'on parle Luce... (...)
-Merci bien, pour entendre d'énièmes reproches ...
-Non c'est important...
-Ben voyons... Tu me les casses, mother. Lâche-moi ! Je ne sais pas, trouve-toi un mec, fais du tricot, laisse-moi vivre... Cela dit, vu ta tête, tu ne risques pas de pécho... On dirait que tu as 100 ans...
Luce frémit de honte en se souvenant de cet échange. (...) »
Il l'éclaboussa, elle le poursuivit avec des cris aigus de petite fille, les mains en coupe, projetant des gouttelettes scintillantes sur ses boucles brunes. Il s'ébroua, la rattrapa puis la poussa sous l'arrosage des plates-bandes.
Le rire d'Esteban s’éteignit.
Oublieuse de tout, immobile, elle tendait son visage à la bruine rafraîchissante où dansaient des arcs-en-ciel. Les gouttes se condensaient sur ses épaules, sinuaient vers son décolleté. Il avait envie de l'attirer dans ses bras, pour la bercer la consoler, la protéger. De quoi ? Il ne savait pas. Il la devinait si vite alarmée, frémissant parfois d'une souffrance cachée, mais riche aussi d'une énergie contenue, valeureuse ! Mais Dios mio, c'est qu'en plus, elle était diablement mignonne, ainsi toute frissonnante, inconsciente de ses petits seins qui se dressaient sous son tee-shirt. Esteban se détesta de cette pensée. L’attitude de Luce le montrait clairement, elle ne voulait pas mener leur relation sur ce terrain-là.