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Critique de Parcequecmoi78


L'hospitalisation de sa grand-mère atteinte du Covid, et qui vit ses derniers jours, fait revenir à son chevet Elizabeth, la narratrice. Elle attend dans le couloir sordide de l'hôpital de pouvoir la voir, la toucher, la réconforter, lui parler tout simplement. Cette longue attente entraîne chez elle une forte introspection et fait remonter à la surface une foule de souvenirs.

Petit à petit, on va découvrir les secrets de famille qui ont longtemps semés le trouble et ont fini par séparer tous les membres. Anne, la mère de la narratrice, ne parle plus à sa mère depuis des dizaines d'années et réciproquement, et elle-même connait des rapports distants avec cette mère qui ne s'est jamais occupé d'elle, ni ne lui a jamais montré aucune émotion ni sentiment. C'est pourquoi elle a tissé avec sa grand-mère au fil du temps une relation très forte, à l'occasion des vacances scolaires passées chez elle, dans sa maison. Ce fut pour elle de vrais moments de joie, les seuls de son enfance.

Dans cette histoire, la maison de la grand-mère est un véritable personnage. Elizabeth nous la décrit comme la maison du bonheur, et elle tient une place particulière, comme un leitmotiv. Mais cette maison a son histoire propre, elle a connu le malheur, les heures sombres, bien avant la naissance de la narratrice. Constance Rivière a d'ailleurs donné à son roman le titre de « la maison des solitudes », ce n'est pas pour rien. Mais elle aurait tout aussi bien pu l'appeler « l'absente », car c'est ce que l'on ressent tout au long de l'histoire, la présence obsessionnelle de la maison mais aussi l'absence de quelque chose ou de quelqu'un.

Au fil des pages, l'histoire se révèle, avec la découverte de la chambre jaune, interdite à Elizabeth, dans la maison, grâce aux journaux intimes tenus par la grand-mère, avec la parole enfin retrouvée d'Anne sur son enfance et ses parents. Enfin par une dernière lettre d'adieu écrite par la grand-mère à sa fille, sous forme de pardon, jointe à un carnet, le numéro 13, qui donne la clé du mystère.

Avec une plume fluide, une écriture facile, contemporaine, l'auteure nous parle de mémoire, de souvenirs, de culpabilité, de perte, de douleur, de deuil, du mal, mais aussi de la maternité, du silence qui détruit, des secrets qui brisent, de famille explosée par des évènements incontrôlables. Tous les personnages sont seuls, avec quelque chose de brisé en eux, depuis longtemps, et évoluent cabossés vers leur destin. Cela parle essentiellement de solitude, de rédemption, de résilience, de transmission, de réconciliation.

La puissance de la narration fait que l'on ne quitte pas ce roman avant d'atteindre la dernière page, comme un souffle qui nous tient en haleine jusqu'au dernier moment de la grand-mère.

Une belle découverte.
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