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Critique de Tlivrestarts


Bianca, c'est le 1er roman de Loulou ROBERT, mannequin. Il fait partie de la sélection des 68 premières fois 2016.

Bianca est une jeune fille de 16 ans. Elle a fait une tentative de suicide. Elle est désormais internée dans l'établissement "Les Primevères", hôpital psychiatrique. Bianca va faire un bout de chemin avec Simon, Clara, Sam, Raphaël... Tous sont malheureux dans leur vie, certains réussiront à y mettre fin comme Juliette. Il ne lui aura fallu qu'une opportunité pour réaliser son oeuvre. Et puis il y a Jeff, ce vieillard, arrivé de nulle part, fumant sa cigarette en peignoir blanc sur le banc du jardin. Bianca va lentement s'en approcher, l'apprivoiser jusqu'à partager avec lui une profonde intimité.

Ce roman m'a rappelé "Branques" d'Alexandra FRITZ, également découvert dans cette sélection.




Il y est question de la notion du temps, qui ne passe pas ! de ces journées interminables...



Les heures et les jours ne se comptent plus. Quand j'ai été internée, je ne faisais que regarder ma montre. L'obsession du temps, allez, plus vite. P. 68


Et puis du silence, qui occupe une place prépondérante alors que, paradoxalement, les êtres vivent en collectivité. Il y est appréhendé dans différentes dimensions qui ne manquent pas de nous inviter à méditer !


Le silence rapproche quand on le comprend. P. 10

Le silence embarrasse, il cache la tempête. P. 14

Le silence angoisse, le son des voix rassure. P. 181


Chacun de ces adolescents a eu un parcours chaotique, chahuté par les autres, des adultes, qui ont laissé des traces indélébiles au plus profond de leur être. Comment réussir alors à surmonter ses blessures ? Comment panser ses peines ? Comment se raccrocher à la vie ? Ce sont toutes ces questions que Bianca se pose. Elle les partage avec le lecteur, la lectrice, que nous sommes.

Elle fait prendre conscience de ces tout petits riens qui constituent notre vie quotidienne mais dont on ne mesure la véritable valeur que lorsque l'on en est privé. Un simple parfum peut faire resurgir des souvenirs depuis longtemps oubliés.


Je sens l'odeur de chewing-gum à la chlorophylle, la même depuis dix-sept ans. Il y a des odeurs comme ça qui vous suivent toute votre vie. P. 149


Mais le plus important semble bien reposer sur la reconnaissance, celle que procure les autres et qui donne un sens à votre vie.


Quand tu n'existes pas aux yeux des autres, tu finis par ne plus exister. P. 181


Le sujet est profondément triste et une nouvelle fois, j'ai été très émue devant le chemin de croix de ces êtres marqués par des histoires familiales ou affectés par la maladie. C'est un portrait terriblement déchirant qui est brossé de notre société, d'une génération de notre société, celle qui dit-on a toute la vie devant elle. Ironie du sort ! Qu'avons-nous fait, ou pas, pour en arriver à ce tel état de tristesse, de détresse humaine ?


Et puis parfois, il y a des raisons, connues ou non. Traumatismes, hérédité, maladie... le magasin des peines est rempli. Il n'y a qu'à choisir. P. 190


Quand la source des maux peut être diagnostiquée, quand la cause des troubles peut être identifiée, les professionnels, l'environnement familial, amical... les patients eux-mêmes peuvent commencer à soigner pour nourrir une reconstruction, mais quand les raisons sont inconnues...


Pourquoi vouloir toujours chercher une raison à la tristesse. Justement, ce qui est triste, vraiment triste avec elle, c'est quand elle ne vient de nulle part. P. 278


Un petit clin d'oeil à Serge JONCOUR et son tout dernier roman "Repose toi sur moi". Loulou ROBERT fait le même constat :


C'est dans les grandes villes que la solitude est la plus importante. Une solitude meurtrière. P. 181

Heureusement, Loulou ROBERT a su rendre lumineux ce roman avec la singularité du personnage de Jeff, la complicité établie avec Bianca et leurs regards croisés sur la vie.

J'ai également été très sensible à la qualité de l'écriture de cette jeune femme connue dans le mannequinat, une écriture qui peut prendre une dimension très poétique :

Adossée contre la porte, je ressors le livre. Je caresse sa couverture, et sens son odeur. le parfum d'une vie, de ses années. Tu sens le temps, mon ami. Les livres détiennent le secret de l'éternité. A bout de souffle, vers une nouvelle vie : tu avances. Les pages se tournent. Tu ne dors jamais. Les mots ne dorment pas. Leurs sens te gardent en éveil, tu accomplis ton devoir. Stoïques, uniques, multiples. Les mots restent, seuls les maux changent. P. 94


C'est une nouvelle fois une très belle découverte, bravo à nos fées !

Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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