AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Il y a toujours eu de la noirceur et du nihilisme dans les créations de R.E. Howard. C'est encore le cas ici avec le roi barbare Bran Mak Morn, qui assiste impuissante à la régression puis la disparition de sa civilisation face à la romanisation. Les Pictes sont plus le fil rouge de ce recueil que Bran Mak Morn qui n'apparaît en personne que dans 3 nouvelles, et qui en plus se fait voler la vedette par Kull, Turlogh ou Cormac, autres héros howardiens qui apparaîtront dans d'autres recueils.
Si l'auteur texan, trop tôt disparu puisque mort en 1936 à l'âge de 30 ans, nous offre comme toujours des récits d'action fantastiques de bonne facture, voire d'une franche modernité pour son époque (certains scénarii pourrait sans problème être adapté aujourd'hui à ‘écran sans guère de remaniements), j'ai néanmoins trouvé ce recueil en dessous des autres, moins en raison de ses textes que dans l'alchimie générale de l'ouvrage. Outre les nombreux changements de personnages, les dernières nouvelles relèvent d'un fantastique désormais assez désuet (on en retrouvera d'autres du même style dans 1er tiers du recueul intitulé "Les Ombres de Canaan"). On serait méchant, on dirait qu'on a un peu exploré les fonds de tiroirs pour atteindre un nombre de pages suffisant de pages…
Il faut aussi mentionner un travail soigné de la part des éditions Bragelonne, supervisé par Patrice Louinet, éminent spécialiste de l'auteur américain, qui ici signe la traduction, l'introduction et la postface de l'ouvrage. Et on nous a gâtés avec les nombreuses illustrations intérieures de Garry Gianni.
Maintenant vous êtes invités à entrer dans un univers of High (Dark) Adventures…


Les Hommes des Ténèbres :

La 1ère page est terrible et nous plonge directement dans l'action ! Mais finalement cette nouvelle ne constitue finalement qu'une introduction à l'univers des Pictes. le début ressemble toutefois furieusement à l'Enfer du Devoir : les légionnaires cernés par les Pictes dans la bruyère remplacent ici les GI's cernés par les Vietkongs dans la jungle (même si chronologiquement les références de Howard doivent être les guerres indiennes et la 1ère Guerre Mondiale).

Les Rois de la Nuit :

Une excellente nouvelle ! Entre Kull qui s'amuse de trouver son rêve si réaliste, Bran et Cormac qui s'étonnent de l'insouciance du roi atlante, le prêtre-sorcier Gonar qui tente d'expliquer aux uns et aux autres les mystères de la longue histoire de la race picte, le lecteur prend beaucoup de plaisir…
Et la bataille entre Barbares et Romains est particulièrement bien mise en scène ! Les fans de David Gemmell reconnaîtront les emprunts du maître anglais de l'heroïc fantasy au maître américain de la Sword & Sorcery.

Les Vers de la Terre :

Une ambiance sombre et pesante. Un bon début, un bon milieu et une bonne fin… du très bon Howard qui montre ici qu'il excelle aussi en fantastique.

L'Homme Noir :

Une nouvelle efficace souvent recyclée par l'écrit et par l'image dans l'univers de Conan le barbare. le héros solitaire à la rescousse de la belle en détresse se retrouve pris en tenaille entre les Vikings et les Pictes… Un bon récit d'aventure à l'ancienne !

La Race Perdue :

Cette nouvelle constitue à la fois un miroir et une suite aux Hommes des Ténèbres. Mais la où les Hommes des Ténèbres était bruit et fureur, la Race Perdue est finalement assez proche d'un conte de fées. Dans l'univers généralement très sombre de Howard cela constitue une bouffée d'air frais.

La Nuit du Loup :

Cette nouvelle est quasiment la version développée de l'Homme Noir : au Nord des Îles britanniques un hors-la-loi irlandais doit se lancer dans une opération de sauvetage qui finit par un bain de sang après la révolte des faibles contre les forts. Ce récit est meilleur que son modèle avec une révélation finale assez croustillante.

Le Petit Peuple :

Une petite novelette fantastique assez fade à mon goût car très courte, très classique et sans aucune surprise.

Les Enfants de la Nuit :

Cette nouvelle commence comme la précédente : 6 érudits discutent des anciens peuples d'Europe. Mais au lieu du schéma de la rencontre avec le peuple picte, on a droit à celui de la métempsychose du solide aryen qui se remémore ses anciens treks et ses anciens combats.
Rien de très passionnant au final.

Le Peuple des Ténèbres :

Cette nouvelle emprunte aux précédentes avec d'un côté le personnage qui se remémore sa vie antérieure après un coup reçu à la tête, et d'un autre côté cette ambiance souterraine malsaine où rode un représentant d'une sous-humanité dégénérée…
Simple, court et assez efficace au final mais si rien n'est inoubliable, loin s'en faut !

Texte inachevé :

Comme toujours il suffit à Howard de quelques lignes pour nous faire traverser le temps et l'espace. Mais le récit de ces vies antérieures n'est pas très intéressant, mis à part le récit mésopotamien très bon lui au contraire ! C'est bien dommage qu'Howard ait davantage exploré les territoires celtes et nordiques que ceux de l'Orient Antique (cf "La Maison d'Arabu" dans "Les Dieux de Bal Sagoth")


Bonnes lectures à toutes et à tous, et enjoy !
Commenter  J’apprécie          354



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}