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EAN : 9782757801352
352 pages
Points (10/05/2007)
3.66/5   34 notes
Résumé :
"Mes personnages sont comme des lévriers dans des aires de lancement, prêts à mordre et à en découdre. Je les entends gronder ou se plaindre. Ils se demandent pourquoi je tergiverse..." (Denis Robert)
La Domination du monde est un roman surprenant. On est persuadé, en l'ouvrant, de tenir un polar (un journaliste menacé y propose à un ami de mener à sa place une enquête sur une mystérieuse multinationale...). Puis, insidieusement, le récit se met à vibrer autr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman raconte par la bande romanesque la maniere dont l'affaire Clearstream - la banque Shark dans le roman - fut médiatiquement et politiquement étouffée dans la réalité. L'auteur est celui-la meme qui, en tant que journaliste d'investigation, révéla l'affaire. Cette révélation aurait du changer le fonctionnement -ou plutot dysfonctionnement - de la finance mondiale et, par conséquent, assainir sensiblement le fonctionnement de l'économie libérale mais ce ne fut pas le cas, en particulier du fait du silence complice des médias ainsi que de l'apathie des magistrats et des politiques.

Le roman est aussi un dialogue entre Klébert, le journaliste d'investigation ayant levé le lievre Shark, mais dont les révélations sous forme de livre ont fait long feu, et son ami psychiatre a qui il s'en remet pour réécrire le livre de maniere a ce que ses révélations réussissent a couler Shark. Klébert et son ami le psychiatre incarnent bien-sur tous deux Denis Robert. le dialogue entre Denis Robert et Denis Robert tourne, d'une part, autour de la question du pouvoir de la vérité a changer un systeme toxique malgré les proces, le barrage des médias et l'indifférence feinte de la politique. La fin du roman offre une réponse optimiste a cette question: "Les livres sont des barrages. On les construit de nos mains, face a la houle des idées convenues et répétées si souvent qu'elles semblent avoir faconné un monde immuable. Alors que pas du tout. le monde est transformable. Sa domination par un petit groupe d'initiés n'est pas une fatalité si on perce un a un leurs secrets." C'est le message du livre: la vérité peut vaincre le secret et le mensonge.

Apres des années d'attaques judiciaires en réaction a son enquete, Denis Robert a fini par avoir gain de cause devant les tribunaux (oui, la démocratie francaise fonctionne), mais ses révélations ont fini dans la mer des Sargasses des vérités dérangeantes. Si donc, littérairement, ce roman peut paraitre anodin, je le considere comme un élément du travail de l'auteur pour sauver de l'oubli la cartographie de la pointe émergée d'un iceberg financier franchement toxique du fait des sommes astronomiques qui se trouvent ainsi soustraites aux circuits de l'économie réelle au bénéfice d'une économie virtuelle qui finit par étouffer la premiere.

L'avantage d'un roman, c'est qu'on peut y dire ce que l'on ne pourrait pas dans une enquete journalistique a moins de disposer de preuves précises. Ainsi, la banque de compensation luxembourgeoise du roman - la bien nommée Shark ("requin") - apparait protégée depuis les USA, ce qu'il serait juridiquement (et peut-etre meme autrement) dangereux de prétendre sans preuves (naturellement inaccessibles) dans une enquete journalistique. Partant de la, on peut se douter que Shark est inféodée, d'une maniere ou d'une autre, au renseignement américain...

La fin de ce roman qui n'en est probablement pas un est plutot gratinée puisqu'on y apprend que Shark est, a l'origine, la création d'un mouvement évangélique pacifiste - l'Église de la Réconciliation (est-ce l'International Fellowship of Reconciliation dont fit partie, notamment, Martin Luther King ?) - qui monnaie cherement et a tout vent (sans se préoccuper de la nature des fonds ainsi occultés) ses services d'évasion de capitaux afin de financer ses programmes caritatifs mais aussi anticommunistes (en Amérique Latine, Afrique et Europe Centrale)... Pure fiction ou clé de la véritable affaire, celle de Clearstream présente en filigrane a travers tout le "roman" ? Une clé tellement énorme que Denis Robert n'a jamais voulu - ou pu, faute de preuves - la révéler dans ses écrits d'investigation journalistique ?

Au bout de tout ca, en supposant que le roman, dans ses révélations fictives sur l'affaire Shark, est en fait la face cachée de l'affaire Clearstream, la question qui me vient a l'esprit est: toute vérité est-elle bonne a dire ? Si les révélations de Denis Robert avaient réussi en son temps a "laminer" (comme dit l'auteur) Clearstream, le monde en aurait-il été, en serait-il meilleur ? Si vraiment tout au sommet de Clearstream il y a ceux que l'auteur met derriere Shark dans son roman, cela m'évoque le fameux symbole du yin et du yang sur la dualité des choses. Meme en faisant abstraction de la relativité des notions de "bon" et "mauvais", rien n'est tout bon ou tout mauvais. Dans notre monde soumis aux aléas de la matiere, il y a invariablement du bon dans le mauvais et du mauvais dans le bon. Comment juger de la part de l'un et de l'autre dans le cas Clearstream ?
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Première fois que je lis Denis Robert, le thème est intéressant, surtout quand on le lit 13 ans après sa parution, en 2006 et que depuis il y a eu la fameuse crise financière de 2008.
Bien que le sujet soit romancé, je vois bien que la situation a empiré depuis, que les requins (Sharks) de la finance continuent à saccager le monde et nous pourrir la vie.
Je vois qu'il y a très peu de critiques sur ce livre, comme le dit notre héros, les gens se foutent de avoir tout cela, cela les dépasse, et puis, est-ce vrai tout ce qu'on raconte?
Je l'ai trouvé, tout poussiéreux sur un étagère de la médiathèque...
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Denis Robert est connu pour avoir révélé l'affaire Clearstream, dont les a côté ont fini en affaire d'État.
On peut donc saluer son opiniâtreté et sa capacité à comprendre des mécanismes financiers complexes.
Pour autant, ce roman fortement influencé par ses découvertes, n'est pas d'un grand intérêt.
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L'affaire Clearstream sous forme de roman, ça change... L'auteur fit partie de ceux qui dévoilèrent l'affaire, il voulut la raconter, mais un bon journaliste ne fait pas toujours un bon romancier !
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Mieux vaut lire "Tout Clearstream", maisbonne intro au travail formidable de Robert
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Eden Blankenberg, ses flics en patrouille, ses brokers et ses brokeuses bodybuildés, ses longues files de lampadaires saumon aux néons blancs, droits comme des bites au garde-à-vous, son soleil qui rouille, ses trottoirs fraîchement refaits garnis d'arbres nouveaux achetés à grands frais à des horticulteurs lorrains. Des ormes, surtout. Les urbanistes ont tout essayé pour adoucir le paysage. En vain. Bienvenue au pays des portes blindées et des angles morts.
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On a appauvri les nations. On s`est éloigné du travail des hommes. On a créé un monde sans loi détaché de l`autre monde, celui des hommes et des lois. On a fabriqué de fausses richesses et on s`est servi de celles du monde réel. (...) Quand ca n`allait plus, on a déclenché des guerres ou des catastrophes. On a vécu dans le mythe que ces deux mondes étaient indépendants. Le point de contact entre eux, c`est Shark. Le moindre heurt pourrait faire tout exploser. Une dette colossale s`est accumulée. L`information doit rester secrete. Si la nouvelle se propageait, le systeme entier s`effondrerait. Comme la finance a infiltré toutes les strates de la société, il est impossible d`imaginer un effondrement de Shark sans une chute brutale des Bourses et des faillites bancaires a répétition. Donc un écroulement général de la société marchande. Si Shark, le monstre informatique du Blankenberg, cessait du jour au lendemain ses activités, les salaires ne seraient plus versés. Les États seraient incapables de faire face. Des révolutions éclateraient. Des hommes prendraient les armes. Nous entrerions dans un cycle de barbarie.
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- (...) Les riches ne sont pas une caste organisée comme vous semblez le croire... (...) Il existe des dizaines de milliers de grosses fortunes disséminées a travers le monde. Peu de gens connaissent cette nébuleuse bizarre dont les formes d`organisation sont compliquées, construites par l`histoire, les intérets croisés, les affrontements, les alliances, les guerres intestines. Rien a voir avec ces sombres crétineries développées par vos amis adeptes du complot. (...) Chez les riches, il y a les officiels, ceux que Forbes classe chaque année, et les officieux, les légaux et les illégaux, mais c`est la meme famille dont les membres se reconnaissent et se jaugent au premier coup d`oeil. Il y a les héritiers: les plus nombreux et les plus nocifs, car, s`ils ont la richesse, ils ont rarement le don. Ils recopient ce qu`on leur a appris, mais ils sont souvent mauvais et ils polluent le jeu. Il y a les créateurs, des gens comme Bill Gates, qui inventent une nouvelle facon de gagner de l`argent. Il y a les domestiques, de plus en plus nombreux, ces politiques et ces banquiers qui, a force de servir les riches et d`avoir les mains dans le pot, finissent par devenir des presque riches... (...) Et puis il y a les voleurs, ceux qui jouent le jeu, qui misent, qui font monter les encheres, qui font et défont les regles, qui bluffent, qui trichent et qui, toujours, a la fin, ramassent la mise... (...) De toute facon, les riches gagnent toujours. Ce qui ne les empeche pas d`etre malheureux, frustrés, stupides, ridicules ou désespérés, mais ils gagnent toujours. C`est ce qui les rend agacants, j`en conviens.
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Klébert avait découvert que cette double comptabilité avait permis de financer l`Église de la Réconciliation mais aussi d`autres sociétés religieuses, comme les évangélistes ou les pentecotistes. Le petit groupe d`hommes qui gere cette double comptabilité a des visées hétéroclites. Le Vatican y est représenté et joue un role important. Des athées en nombre participent en nombre aux débats internes. A lire les notes de Klébert et apres avoir réfléchi a cette question, il est probable que ces hommes fonctionnent a l`image des fraternelles mafieuses ou maconniques. Ne jamais se nuire. Perdurer. Trouver le maximum de causes communes a défendre. Les subsides générés par les commissions sur les transactions occultes ont ainsi participé au financement de syndicats, de mouvements plus informels ou d`associations ayant provoqué des coups d`État ou des révolutions principalement en Afrique et en Amérique du Sud. En ce moment, beaucoup d`argent est viré vers d`anciens pays du bloc soviétique afin d`y faire prévaloir les intérets de sociétés amies. La nouvelle guerre est tres peu idéologique, plutot religieuse et pro-chrétienne. La nouvelle guerre est d`abord financiere.
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Klébert pensait que son livre serait suffisant pour déstabiliser Shark, ses dirigeants, ses utilisateurs. Il n`a pas vu a quel point la multinationale et son environnement font partie d`un édifice plus grand ou tellement de pieces sont imbriquées qu`il est difficile d`en cerner les contours. Si Shark était tombée, le systeme entier se serait écroulé.
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