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William Olivier Desmond (Traducteur)
EAN : 9782020591928
448 pages
Seuil (02/04/2004)
4.06/5   17 notes
Résumé :
Encore un livre sur le fascisme ? Oui, mais Paxton n’a pas écrit un énième ouvrage théorique. Il est parti des faits ; il retrace les genèses des mouvements fascistes ; il montre que leurs idéologies ont suivi et non précédé la lutte engagée pour la conquête du pouvoir. Son analyse porte sur l’ensemble des mouvements — explicitement fascistes ou non —, jusqu’à l’Irak de Saddam Hussein. Le fascisme en action.
Le phénomène fasciste, phénomène clé du XXe siècle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre de Paxton est souvent décrit comme LA bible sur le sujet, je comprends maintenant pourquoi.

Contrairement à Hannah Arendt ou Umberto Eco, Paxton refuse de voir le fascisme comme une idéologie. Il le voit plutôt comme une pratique. (D'où le titre de la traduction française : le Fascisme en action.)

Le fascisme est donc, d'abord, la créature d'une démocratie en crise, dont les institutions et les contre-pouvoirs sont pointés comme la source des problèmes. (Seules des démocraties peuvent donc devenir fascistes. L'URSS ne l'était pas.)

Il est alors naturel que seul un "leader incarnant la souveraineté populaire", assez fort pour dénoncer les élites causant la stagnation nationale, se présente comme la solution. Et c'est là la principale différence entre fascisme et conservatisme. le conservateur veut asseoir son pouvoir sur les traditions ("la famille, l'Église, le statut social, la propriété"). le fasciste veut que son pouvoir remplace et devienne la tradition. (En ce sens, Pétain, Salazar et même Franco dès les années 40, ne sont pas des fascistes, mais bien des conservateurs autoritaires.)

Mais cet anti-establishment a toujours été une performance. Une révolution perpétuelle dans le discours, mais pas en acte. Paxton présente même le fascisme comme relevant plus du domaine de l'esthétique que du politique. Malgré les apparences, le fasciste ne prend jamais le pouvoir démocratiquement, mais bien en pratiquant un blocage de la démocratie.

Le fascisme est d'abord un discours contre. Contre le capitalisme, contre la tradition, contre la démocratie, contre le communisme, le libéralisme, les institutions. le fascisme n'est pas "pour" quelque chose, il est contre ce qui va mal, lorsque tout va mal. C'est un bulldozer. C'est l'une des principales différences entre le fascisme avant et après la prise de pouvoir.

Avant la prise de pouvoir, le fascisme est un bulldozer.

Après, il doit gouverner. Les gouvernements fascistes sont tous, dès le départ, des coalitions auxquels participent d'abord les conservateurs, puis les libéraux. Ces groupes craignent plus les grèves et les mouvements ouvriers qui menacent leurs intérêts, qu'ils ne craignent l'érosion des droits et libertés à laquelle ils participent.

Mais le fascisme au pouvoir a un problème : son manque de substance. Les fascistes n'ont jamais aboli les constitutions qui les précédaient. Tout est resté identique au niveau du fonctionnement intérieur de l'État. Ils se sont contentés de doubler les organes de L'État de ceux du Parti, pour les moments où les contre-pouvoirs menaçaient encore leur suprématie. Les tribunaux bloquent une demande? Passons par un tribunal militaire. Un maître refuse une injonction? Passons par le préfet du Parti.

Mais au delà, sans même changer la loi, le principe fondamental du Droit sous le fascisme devient, sans même que personne ne me décrète, "La Volonté du chef." Il n'y a donc même pas besoin de changer ou d'abolir l'État de droit.

Cela leur permet de faire fonctionner le pouvoir. Mais la légitimité du pouvoir fasciste repose sur une soi-disant popularité et une image selon laquelle il "mène la nation à son destin." le maintien du statu quo ne permet pas cela. Et c'est la raison pour laquelle les fascistes "doivent" aller en guerre. Ils ont besoin de conquêtes pour être aimés et se financer.

Ultimement, dit Paxton : un leader fasciste que ne se convertit pas en conservateur autoritaire comme Franco est voué à l'échec. Il ne peut que perdre la guerre, ou la gagner jusqu'au point de manquer de choses à conquérir. Dans les deux cas, l'effondrement est garanti.

Le livre a été publié en 2004. le chapitre final sur l'actualité du fascisme est donc très teinté du zeitgeist post-11 Septembre 2001. Il pose quand même un diagnostic sur plusieurs pays. Un fascisme américain, part exemple, pourrait une forme religieuse, anti-noir, et anti-islam. Alors qu'un fascisme français se servirait un plutôt de la laïcité pour arriver aux mêmes fins.

À noter aussi que Paxton a ouvertement publié que Le Parti Républicain, depuis l'insurrection du 6 janvier 2021 à la Maison Blanche, était devenu un Parti fasciste, de par ses actions pour conquérir le pouvoir en passant par le blocage démocratique. (Il y a longtemps que le GOP est idéologiquement aligné sur le fascisme. Mais le fascisme étant pour Paxton une pratique et non une idéologie, c'est là qu'il trace la ligne dans le sable.)
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Robert Paxton est le grand spécialiste de la France de Vichy, l'un des premiers à étudier le régime de collaboration, ce qu'assurément aucun historien français n'était alors en mesure de faire. Dans cet ouvrage sur la dynamique des fascismes, il tente de définir les caractéristiques communes (plutôt d'ailleurs les trajectoires que les caractéristiques figées) aux mouvements politiques que l'on nomme habituellement fascistes. Ainsi, il décrit les phases qui selon lui sont déterminantes dans l'avènement du fascisme, de la naissance du mouvement à son enracinement. Ce livre n'a pas le travers simplificateur qu'on pourrait craindre, puisque l'analyse est poussée, sur la base des exemples très concrets qui ont bouleversé l'Europe. Il montre surtout que la dynamique du fascisme est redoutable.
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Robert Paxton à ouvert plus d'une voie sur l'histoire de la seconde guerre mondiale, surtout sur le régime de Vichy ouvrant des portes à de nombreux chercheurs français.. Dans cette ouvrage, il se sert de ses connaissances, les mets en doute face à ses élèves pour donner une définition du fascisme. Certes, il n'est pas le premier à s'essayer, à se frotter à cette tentative de définitions ; il n'est pas non plus le plus célèbre. Il va chercher dans les faits la vérité du fascisme, en s'appuyant aussi sur les écrits de ses prédécesseurs dont on ne citera que la plus connu : Hannah Arendt.
Il y a une vrai tentative pour comprendre comment certains mouvements politiques de l'extrême droite européenne on fait pour basculer dans le fascisme et pas d'autre. Pourquoi certain pays, ayant un parti fasciste ne sont pas tombé dedans ? On voit par exemple que le chef charismatique n'est pas suffisant. Mais justement ou est le point de flexion.
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« le fascisme en action » Fasciste et fascisme font partie de ces termes employés à tort et à travers dans le langage médiatico-politique actuel . Cet ouvrage permet de fixer ou du moins d'approcher de façon documentée une définition de ce phénomène. Approche chronologique d'abord , puis analyse de son exercice du pouvoir . Enfin une partie fort intéressante analyse les possibilités de postérité du fascisme. Un livre clair et important.
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Un étude remarquable sur le phénomène fasciste, recommandée pour les étudiants, professeurs ou amateurs d'Histoire. Tout en suivant les différentes étapes du développement fasciste (surtout en Allemagne et en Italie): création, enracinement, conquête et exercice du pouvoir, puis radicalisation paroxystique, selon une trame chronologique, Robert O. Paxton en profite pour analyser ses différentes formes, ses traductions contemporaines à travers le monde et ses différences vis à vis d'autres régimes à parti unique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'accession au pouvoir de Mussolini comme de Hitler n'était pas inévitable. L'examen attentif de la manière dont les dirigeants fascistes sont devenus l'un et l'autre chefs de gouvernement est un cas d'école en matière d'antidéterminisme. On peut tout à fait admettre que la légèreté des traditions libérales, l'industrialisation tardive, l'existence des élites pré-démocratiques, la force des poussées révolutionnaires, un mouvement de révolte contre l'humiliation nationale ont contribué à donner de l'ampleur à la crise et à réduire l'éventail des choix réalistes, en Allemagne et en Italie. Mais les dirigeants conservateurs rejetèrent les autres possibilités, comme gouverner en coalition avec la gauche modérée, par exemple, ou sous les pouvoirs d'exception du roi ou du président. Ils ont au contraire choisi les fascistes. Quant à eux, les fascistes ont su procéder à la "normalisation" indispensable pour accéder au partage du pouvoir.

Il n'y avait aucune nécessité pour que les choses prissent cette tournure.
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La plupart des mouvements fascistes en étaient réduits à la propagande et aux gestes symboliques pour trouver une place dans le jeu politique.
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..toute nouvelle forme de fascisme diaboliserait forcément un ennemi intérieur et/ou extérieur:mais cet ennemi ne serait pas forcément les Juifs.Un mouvement fasciste américain authentique serait religieux, anti-noirs , et , depuis le 11 septembre 2001 , de surcroît anti-islamique;en Europe Occidentale il serait séculier et , ces temps-ci , sans doute plus anti-islamique qu'anti-sémite;en Russie et en Europe de l'est ,il serait religieux , antisémite, slavophile et anti-occidental.
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Les fascistes sont proches du pouvoir lorsque les conservateurs commencent à leur emprunter leurs méthodes , font appel aux "passions mobilisatrices" et essaient de coopter leur clientèle feasciste.
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Ce qui nous empêche essentiellement de succomber à la tentation de taxer de fasciste ,les mouvements islamiques fondamentalistes comme Al Quaida et les talibans est qu'ils ne sont pas le produit d'une réaction contre des démocraties dysfonctionnelles .
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Videos de Robert O. Paxton (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert O. Paxton
« Enfin la biographie que ce géant méritait »
Robert Paxton
S'appuyant sur une très large masse d'archives et de mémoires, Julian Jackson explore toutes les dimensions du mystère De Gaulle, sans chercher à lui donner une excessive cohérence. Personne n'avait décrit ses paradoxes et ses ambiguïtés, son talent politique et sa passion pour la tactique, son pragmatisme et son sens du possible, avec autant d'acuité et d'esprit. Des citations abondantes, éblouissantes d'intelligence, de drôlerie, de méchanceté parfois, restituent la parole de De Gaulle mais aussi les commentaires de Churchill et de tous ceux qui ont appris à le connaître, à se méfier de lui ou à s'exaspérer de son caractère vindicatif, de son ingratitude ou de ses provocations… Aucun détail inutile ici et aucun des défauts de ces biographies-fleuves où l'on se perd, mais une narration toujours tendue, attachée aux situations politiques, intellectuelles, sociales et aux configurations géopolitiques qui éclairent une action et son moment. Julian Jackson relit cette existence politique hors norme et son rapport à la France à la lumière des questions du passé, qu'il restitue de manière extraordinairement vivace, et de celles qui nous occupent aujourd'hui – et notamment l'histoire coloniale et l'Europe, la place de la France dans le monde, mais aussi évidemment les institutions de la Ve République. En ce sens, c'est une biographie pour notre temps. C'est aussi une biographie à distance, par un observateur décalé qui mieux qu'aucun autre fait ressortir le caractère extravagant d'un personnage singulier à tout point de vue, extraordinairement romanesque dans ses audaces comme dans ses parts d'ombre, et dont l'héritage ne cesse de hanter la mémoire des Français.
Spécialiste de l'histoire de la France au XXe siècle, Julian Jackson est professeur d'Histoire à Queen Mary, University of London. Sur toutes les listes des meilleurs livres de l'année en Grande-Bretagne, sa biographie de De Gaulle a été couronnée du très prestigieux Duff Cooper Prize.
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