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EAN : 9782020057707
205 pages
Seuil (01/02/1981)
3.34/5   31 notes
Résumé :
Tout abandonner, l'amour de Nina, les soirées entre amis, la famille; ou plutôt s'éloigner, pas à pas, mais inexorablement: voici l'étrange destin de Louis Coline, jeune cadre dans les magasins de l'avenue de l'Opéra. Un destin scellé à son insu depuis le jour où il a fait la connaissance de son nouveau directeur, Bertrand Malair. Bien des rumeurs courent sur cet homme énigmatique, continuellement flanqué de ses deux acolytes, Lingre et Belais. On dit qu'il transfor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'histoire d'une manipulation, d'un homme qui se laisse vampiriser par son nouveau directeur (toujours accompagné de deux collaborateurs à sa solde). Cet homme s'est Louis Coline, marié avec la douce Nina, qui vivote dans sa société, cadre tout de même mais sans ambition débordante.
L'arrivée de Bertrand Malair, nouveau directeur va bouleverser cette douce routine et fracasser cette vie indolore.
Jean-Marc Roberts réussit un roman qui laisse un sentiment de malaise constant. Est-on dans un rapport employeur- employé ou exploiteur- exploité ? Il manipule le lecteur comme Coline l'est par Malair. Des méthodes de management qui font froid dans le dos, et qui montre avec une grande justesse, l'étau qui se resserre sur « l'Elu ». Alors le roman à peut-être mal vieilli, il date de 1979 (des gens comme Mordillat, De Vigan, Kuperman ou Beinstingel notamment, ont abordé les souffrances au travail de manière plus actuelles) mais il montre avec une grande efficacité la manipulation mentale et nous interpelle sur les limites à respecter ou à franchir. Glaçant.
A noter, l'adaptation ciné de Pierre Granier-Deferre avec Lanvin et Baye mais surtout avec Piccoli et Balmer épatants de complexité.
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Il en est des livres comme des témoignages, certains sont digne de foi, c'est le cas d'Affaires étrangères de Jean-Marc Roberts.
Le prix Renaudot 1979 lui a été attribué en raison du style dépouillé, simple et précis de l'écriture, mais aussi de sa capacité à témoigner d'une époque.
1979, il y a 36 ans, rien à l'aune de l'histoire, la France est confrontée aux contrecoups des premiers et 2ème chocs pétroliers ; la « société libérale avancée » de VGE se révèle être un mirage et le cynisme domine la vie politique. le pays sort avec difficulté des Trente Glorieuses, et aux principes de plaisir, de consommation effrénée, de travail facile succèdent des concepts moins porteurs : les économies d'énergie, le gel des salaires, la hausse des prix, le chômage de masse, le chiffre symbolique de 1 million de chômeurs est dépassé.
Les entreprises licencient à tour de bras, puisque l'Etat permet aux individus licenciés pour motif économique de percevoir 90 % de leur salaire pendant un an, elles disposent par ailleurs d'un nouvel outil pour ajuster leurs besoins de main d'oeuvre : le CDD qui date de cette époque.
Certes le livre de JM Roberts, n'est pas un manifeste économique, ni un plaidoyer pour la défense du travailleur, encore moins un livre engagé (encore que…) mais son style direct et dépouillé, à la façon des touches de couleurs d'une aquarelle, apporte des illustrations qui montrent dans quel univers se débattent les personnages.
Louis Coline tout d'abord, l'archétype d'une certaine catégorie de cadres français, généraliste, sans compétences avérées, (il a multiplié les petits boulots après le baccalauréat), qu'un coup de piston de son beau-père a placé au service publicité des Magasins, une grande chaine parisienne située près de l'Opéra et dirigé par un vieil original, Foss.
La situation économique de l'entreprise n'est pas bonne et les actionnaires font appel à Bertrand Malair, un manager venant de la finance et qui a plusieurs redressements d'entreprises à son actif.
Il est précédé d'une réputation sulfureuse de casseur

Il se fout de la hiérarchie et débarque dans le bureau des salariés à l'improviste :
« Ce n'est pas mon genre de fouiller dans les affaires des gens, vous savez, continua-t-il en se frottant nerveusement les yeux, mais il est la demie, et je commençais à m'ennuyer. Mon nom est Malair, pardon, Bertrand Malair. »
Cette différence d'analyse entre Nina et Louis constitue la première ligne de fracture entre eux. Nina raisonne encore comme au temps du bonheur économique :
« - On ne met pas à la porte les gens comme ça, Louis. Sans une faute grave. Vous avez un Comité d'Entreprise aux Magasins, tu serais défendu, si tu avais des ennuis. Et puis, tu penses bien qu'il n'est pas fou, ce Malair. Dès qu'il arrive, il ne va pas s'amuser à licencier des employés. Ça n'existe pas. Il se ferait mal voir, et en plus, ça lui couterait cher. »
Au fond, Louis ne se rangera jamais à la raison de Nina, il préfère assurer, n'oublions pas que c'est un joueur de cartes :
« L'avenir jouerait seul et pour moi. On me distribuait un jeu dangereux mais payant : cartes neuves, comme le souhaitent les perdants pendant une partie de poker pour faire tourner la chance. »
Cette différence va se creuser entre eux, puisque Louis va tenter sa chance et relancer le jeu à chaque fois, pour voir.
Cela ira très loin. Pour combler ses lacunes professionnelles, il va chercher à se faire aimer, à partager la vie de Malair et des collaborateurs qu'il a emmené dans ses valises, Paul et François ;
« « Louis et François » ne formaient plus qu'un seul mot dans la bouche de Bertrand. »
Sa stratégie paye, puisqu'un jour au restaurant, Malair déclare :
« Louis Coline travaille pour moi aux Magasins. Je t'en ai parlé Jean-Loup. Il est responsable du service publicité. »
Une nomination qui se fout complètement des règles…mais cela suffit à Louis, il appartient à Bertrand Malaire, et en même temps, il est enfin des leurs.
Nina ne se rebelle même pas, elle comprend que Louis a changé et qu'elle n'y pourra rien :
« Louis, tu as changé de vie, de mots ; ta manière de m'aimer et d'être près de moi est différente aussi. J'ignore ce que représentent ces gens pour toi, mais tu vois je leur tire mon chapeau, car ils ont gagné. On ne se dira plus rien. Jamais. »
Roman de l'engagement et du renoncement, Affaires étrangères propose une construction novatrice des relations hommes femme sur lesquelles pèsent le poids de l'aliénation par le travail. Novatrice parce qu'elle est débarrassée de sa gangue idéologique, mais cette novation n'en fait pas un récit léger ou mineur.
Affaires étrangères marque un tournant dans la littérature française contemporaine, c'est, à sa manière un roman fondateur, et je n'hésite pas à dire qu'il a ouvert la voie à des romans qui lui sont postérieurs, comme Extension du domaine de la lutte de M Houellebecq, ou encore Les heures souterraines de Delphine de Vigan.
Affaires étrangères : un livre à ne pas oublier, à ne pas enterrer, à lire et à faire lire, moi j'en prends régulièrement, et sans modération.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Ce roman, c'est l'histoire de Louis Coline, jeune homme qui travaille dans ce qui serait l'équivalent des Galeries Lafayette. Marié à Nina, il mène une vie certes eu chatoyante ou merveilleuse, mais finalement assez heureuse dans sa routine.

Puis, le Grand Magasin change de boss, et arrive un curieux personnage, le nouveau directeur, Bertrand Malair, affublé de deux acolytes tout aussi étranges.

Commence alors pour Louis ce qui va ressembler à un rêve aussi dérangeant que fascinant. Fascinant par le personnage de Malair, qui en impose, avec ses manières son caractère, sa façon d'affirmer son pouvoir jusque dans l'injustice, jusque dans la façon de favoriser Louis. Favoriser étant là le terme presque parfait, tant Louis va se trouver aspiré dans la galaxie de Malair, à l'égal des deux premiers acolytes, et pris comme dans un tourbillon, il se détachera de sa famille, de sa femme, simplement pour plaire à Malair et satisfaire ses caprices, comme tout bon favori qui se respecte.

La description de la vie du trio gravitant autour de Malair est saisissante de malaise. On cherche à comprendre pourquoi et comment s'exerce la fascination de Malair sur eux, jusqu'à provoquer un comportement qui semble être de l'amour, de la dévotion. Il y aurait mille réponses, la plus simple étant peut-être la propension que nous avons tous à chercher le père idéal ?

C'est un roman qui se lit d'une traite, qui pose plus de questions qu'il n'apporte de clés, mais finalement c'est aussi bien : on ne réfléchit jamais trop, n'est-ce pas :) ?
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un roman toujours d ' actualité sur les ravages psychologiques du capitalisme international
cet ouvrage , paru en format poche fut adapté au cinéma et obtint le PRIX LOUIS DELUC en 1981
Bertrand MALAIR s 'incarne dans l ' acteur Michel PICCOLI
il faut lire le livre avant de retrouver le film

https://deslivresetdesarts.wordpress.com/
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Ce livre n'a pas vieilli, l'ambiance étrange qui règne dans ses Magasins est bien amenée. L'écriture est simple et efficace. Les personnages sont tous intéressants, j'ai particulièrement aimé la grand-mère, Yette, dont la folie est réjouissante. Néanmoins on reste un peu sur sa faim et on aurait aimé peut-être que le roman est un peu plus d'ampleur. le seul véritable regret est pour moi le début du livre en italique dont l'intérêt ne m'a pas convaincu.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je suis capable de mettre une vie sur un visage avec la conviction de ne pas me tromper. Je n'ai pas besoin d'agenda. Je sais par cœur tous les gens que je connais et leur adresse, leur numéro de téléphone ou de poste de bureau. Cela me donne l'illusion d'en connaître un plus grand nombre. Je sais tous les mois vécus, toutes les dates, ne m'attachant qu'à des détails. Je me suis fabriqué le regard d'un homme de police.
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Les Magasins étaient ainsi conçus que la séparation entre rayons et bureaux paraissait illusoire. Une simple pancarte indiquait sur l'une ou l'autre des différentes portes « Interdit aux clients ». Comme au théâtre. D'une cloison à l'autre, deux univers interchangeables. Chacun son odeur, pourtant. Une odeur propre à chaque rayon, à chaque article invendu : peaux de loup, tapis persans dépliés sur toute leur longueur pour épater l'éventuel acheteur. Rayon des parfums aux vendeuses technicolor et embaumées; kilomètres de fleurs artificielles au sous-sol, jardin d'Éden poussiéreux.
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J'aimais voir Nina me revenir ainsi, très doucement, à la manière d'un chat qui vous a boudé trois jours sans raison. Il y avait dans ses yeux gris une vraie insouciance, un bonheur tranquillement différent. Ce regard suffisait. Il signifiait pour moi : « Je ne te quitte pas. »
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L'absence de femmes, d'amour surtout, s'expliquait par l'incroyable capacité de travail de Bertrand. Cette force faisait tout oublier et tout comprendre. En un an, il n'avait pris que deux ou trois jours de vacances. C'était la seule anomalie, la seule différence, sa façon si singulière d'exister pour lui-même, en permanence, sans risque d'attachement. Chacun à son poste, lui à la direction. Peu importe laquelle. Cela lui offrait tant de prétextes, tant de motifs pour ne pas vivre exactement comme les autres.
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Les femmes de ménage, on les respecte, au moins! Pour rien, vraiment. La sensation d'être meilleure que la veille et moins bien que le lendemain. Petits rêves.
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Vidéo de Jean-Marc Roberts
Dès les premières pages, il sait. Il est comme un chasseur qui suit une trace. Concentré, recueilli, il passe deux doigts de la main gauche sur sa lèvre supérieure. C'est un acte précieux, délicat, doux. Il est tout entier là, dans ce rituel.
Il est drôle, irrévérencieux, de mauvaise foi.
Flamboyant au charme fou, un peu voyou, il marque mal.
Il incarne la Maison. Autour de lui, une famille d'auteurs.
Les livres qu'il publie sont comme ses enfants, il les porte, les protège, les défend. Il est l'Éditeur. Et, comme la littérature, il résiste à toute définition.
Il s'appelait Jean-Marc Roberts. Voilà dix ans qu'il a tiré sa révérence. À travers son souvenir, Capucine Ruat, éditrice auprès de lui durant quinze ans, raconte l'édition, cette passion brûlante. Et, sous sa plume subtile, ce créateur inclassable rejoint enfin la tribu des personnages de roman.
https://www.editionsphebus.fr/catalogue/lediteur/
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