Combien d'êtres portent en eux des possibilités qui ne seront jamais soupçonnées ? Combien d'autres ne découvrent les leurs qu'à la faveur d'accidents ? Je ne dirai pas qu'ils courent le monde, mais il existe des génies en puissance que la société ignore et qui ne s'épanouiront jamais. (p. 26)
A quinze ans, quelles étaient mes lectures, quels étaient mes loisirs ?
Pas de société sportive ou artistique au village ni dans un lieu de la région qui fût proche. C'était la condamnation à l'isolement, au repliement sur soi-même, au seul et permanent contact avec la terre et les animaux. Cela m'a au moins valu d'apprendre à les bien connaître et à les bien aimer, mais ces choses sont insuffisantes pour meubler le coeur et l'esprit d'un jeune homme. (p.31)
Voilà la misère dans laquelle je me débattais à quinze ans, voilà la tragédie de toute ma jeunesse: j'étais avide, je voulais apprendre, je voulais connaître; mon intelligence réclamait, j'avais faim, et pour toute pâture, je n'avais que cette triste cuisine;
Ah ! si les pouvoirs publics, si les grands pouvaient savoir tout le bien qu'ils manquent de faire, en négligeant les villages et les faubourgs ! (p.35)
p. 1 : Aux humbles, le plus petit bien, chèrement acquis, est une victoire et cause une joie.