Ce tome fait suite à The gathering (épisodes 1 à 6). Il contient les épisodes zéro, et 7 à 12, ainsi que l'épisode zéro de "DC universe presents", tous écrits par
James Robinson, initialement parus en 2013.
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*** Épisode 0 "Earth 2" (dessins & encrage de
Tomás Giorello) + extrait épisode 0 "Dc universe presents" (10 pages, dessins & encrage de
Tom Derenick) - Cette histoire se déroule avant les événements du premier épisode du tome précédent. Superman Batman, Wonder Woman, Robin, Catwoman, Supergirl, un autre superhéros non nommé et Mister 8 (Terry Sloane) se battent contre les paradémons de Darkseid. Mais l'un d'eux a un objectif moralement discutable que les autres découvriront trop tard. En parallèle sur la Terre originelle, Michael Holt (Mister Terrific) expérimente de première main la réalité des dimensions parallèles.
Avec la série "Earth 2",
James Robinson dispose d'un territoire vierge quasiment sans limite qu'il peut peupler à son gré, doter d'un historique différent de celui de la Terre originelle, sans obligation de se conformer à une quelconque continuité. L'objet de ces 2 histoires est construire un passé pour Terry Sloan, personnage destiné à devenir un opposant régulier des superhéros dans cette réalité. La première partie bénéficie d'illustrations massives et brutes de
Tomás Giorello qui rendent bien compte de la sauvagerie désespérée des affrontements. La deuxième partie revient sur le parcours de Mister Terrific et en particulier son arrivée sur Terre au travers d'une mise en page conceptuelle inventive sur des pages en vis-à-vis. Là encore, le lecteur sera d'autant plus intéressé qu'il aura lu Mind games, le tome consacré à ce personnage dans le cadre de l'opération New 52, ou qu'il se sera piqué au jeu de cette version alternative de la Terre de l'univers partagé DC.
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*** Épisode 7 (dessins d'Yildiray Cinar, encrage de
Trevor Scott) - Alan Scott a du mal à se remettre de la disparition de son amant. Il découvre Hawkgirl (Kendra Munoz-Saunders) sur sa terrasse qui est venue requérir son aide contre les menaces à venir. Pendant ce temps là, Terry Sloan poursuit ses manigances pour gagner en pouvoir au sein de l'Armée Mondiale, pour retrouver Michael Holt et pour expérimenter sur un androïde dénommé Red Tornado. Épisode 8 (dessins de Cinar, encrage de
Ryan Winn et Ruy José) - Steppenwolf envahit à lui tout seul la petite nation de Dherain, destituant l'actuel dirigeant dans un bain de sang. En fait, non, il bénéficie de l'aide très efficace de Fury, sa fille dont la mère n'est autre qu'une princesse amazone depuis décédée.
Après une introduction servant de transition avec l'histoire du tome précédent,
James Robinson poursuit sa tâche titanesque de développer cette version alternative de la Terre. Après les épisodes zéro, le lecteur a l'impression de subir un nouveau contretemps avant de pouvoir retrouver les personnages de la première histoire. L'introduction n'apporte pas grand-chose aux relations déjà établies entre Hawkgirl et Green Lantern. La suite fournit l'occasion d'introduire une nouvelle version de Wesley Dodds (une équipe de Sandmen), de voir Terry Sloan prendre de l'envergure aux dépends d'Amar Khan et de découvrir une amazone pas commode. Mais prises pour elles seules, ces intrigues restent assez maigres et pas très accrocheuses. Les dessins de Yildiray Cinar sont agréables à regarder de type réalistes simplifiés, mais un peu superficiels, un peu juvéniles, avec des arrières plans raréfiés et une transcription trop littérale des costumes de superhéros et des combats qui évoquent plus le bac à sable que l'arène de combat.
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*** Épisodes 9 à 12 (dessins de
Nicola Scott, encrage de
Trevor Scott) - Retour à l'intrigue principale : les forces de l'Armée Mondiale ont décidé de capturer Flash (Jay Garrick) alors qu'il rend visite à sa mère. Leur intervention musclée se produit alors que Khalid Ben-Hassid est à proximité de leur maison car il souhaitait rencontrer Flash. Après un combat serré, Khalid, Flash et sa mère sont transportés dans une autre dimension où ils se retrouvent face à Karel Wotan qui va contraindre Khalid à lui confier le casque de Nabu (Doctor Fate). Pendant ce temps, Alan Scott et Hawkgirl enquêtent sur les commanditaires de l'exécution de Sam Zhao.
Après quelques épisodes passés à apporter de la substance à ce monde en devenir (world-building),
James Robinson revient à une aventure plus traditionnelle dans laquelle il introduit un nouveau superhéros : Doctor Fate (l'équivalent de Doctor Strange pour l'univers partagé Marvel). Dans ce format plus classique, ses talents de scénariste apparaissent mieux : des personnages attachants, altruistes comme les superhéros d'antan, avec des doutes réalistes, des inquiétudes, et un méchant très méchant. L'habilité de Robinson réside dans sa capacité à donner une personnalité à ses héros, sans les rendre naïfs ou mièvres. Si (comme moi) le lecteur éprouve une faiblesse coupable envers Doctor Fate, il sera ravi de découvrir que Robinson embrasse respectueusement les caractéristiques les abracadabrantesques du personnage, sans le tourner en ridicule, en en faisant une entité mystérieuse et captivante.
C'est également avec grand plaisir que le lecteur retrouve les dessins minutieux et appliqués de
Nicola Scott, dessinatrice australienne, qui évoquent parfois la minutie de George Perez, en un peu moins gentil.
Trevor Scott réalise également un encrage minutieux qui transcrit bien chaque trait tracé par
Nicola Scott, ainsi que ses variations. S'il est visible que certaines pages ont été réalisées un peu plus vite (arrières plans réduits à des effets pyrotechniques ou des nuages de poussière), l'ensemble fournit un spectacle d'une grande richesse dans son approche très classique. Un comics de superhéros bien écrit et bien dessiné, au premier degré.
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*** L'appréciation du lecteur de ce tome dépendra fortement de ce qu'il est venu chercher. S'il souhaite une histoire relativement indépendante, satisfaisante pour elle-même, il risque de s'agacer du temps investi pour développer et étoffer ce nouvel environnement en vu de futures aventures (2 étoiles). S'il est venu pour savourer une portion narrative s'inscrivant dans une tapisserie beaucoup plus vaste, envisagée sur encore de nombreux épisodes, il pourra apprécier une histoire de superhéros très classique dans sa forme, avec un soin réel apporté aux personnages et aux visuels (4 étoiles).
James Robinson continue d'inventer et de peupler la Terre 2 dans War.