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EAN : 9782021145885
635 pages
Seuil (14/01/2016)
4.29/5   17 notes
Résumé :
Ville nouvelle, banlieue parisienne : L'enfer est encore en travaux. Mais un jour, ici, il y aura le meilleur parc d'attractions du monde !Avec ses trois cent vingt-deux appartements, la Cité des Pigeonniers est un quartier bourré d'histoires de famille, d'amitiés et d'amours, de djobeurs exploités, de réussites qui font chaud au c?ur, de colères ravageuses, de mômes qui dansent dans la lumière néon, de barbecues sur les toits des immeubles, de drames érotiques, de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est un roman noir, âpre, d'une violence crue, parfois insupportable. C'est le roman des cités où sont parqués ceux que la société ne veut pas voir. The Wire (sur Ecoute) à la sauce bleu, blanc, rouge. La Cité des Pigeonniers se dresse depuis plus de trente ans en banlieue parisienne, loin du centre ville, comme une tumeur externalisée par un corps qui veut continuer à vivre tranquille, sans histoire. Trafic de drogue, gangs, violences de toute sorte, solitudes mais aussi histoires de familles, d'amitiés, d'amours et de réussites, forment la trame narrative. On y suit le parcours de quelques jeunes, chacun suivant sa trajectoire, sans boussole, ou mode d'emploi, pour vivre dans un espace fermé, sans connexion avec l'extérieur en dehors de la « Très Grande Surface ». Au début du roman, qui fait suite à Dans les Cités, paru en 2011, le projet de rénovation des immeubles entre dans sa phase active. La question se pose alors de faire partir les habitants en évitant les conflits. Mais tout ne se passe pas comme prévu, les expulsions traînent, la tension monte, d'abord imperceptible, puis palpable, jusqu'à l'explosion finale.

Il y a une énergie folle dans ce roman, un langage visuel étonnant et des phrases qui claquent et résonnent. Une littérature de fin de civilisation où les trajectoires se croisent et s'entrecroisent, se heurtent et se disloquent, à l'image de ces jeunes dont l'univers se réduit à la taille des murs de la cité. Pas de jugement, juste un constat : les cités, laissées en déshérence, sont devenues des lieux de non-droit. Mais, grâce à un tour de force étonnant, l'auteur arrive à nous rendre presque sympathiques ces personnages qui mettent toute leur intelligence au service de trafics en tout genre. Derrière eux se cache une humanité en souffrance. Un livre qui ne laisse pas indemne.
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Dans ce roman qui flirte avec l'étude sociologique, Charles Robinson déconstruit le mécanisme de fabrication de la guerre civile par le prisme de ses acteurs. La cité des Pigeonniers, déjà sujet du précédent opus, est aujourd'hui au coeur d'un ambitieux projet de rénovation urbaine, qui passera par la destruction de ses grandes tours.
Les habitants, qui doivent être relogés, s'inquiètent de leur avenir. Certains prennent les devants, d'autres espèrent être pris en charge. Certains, enfin, résistent aux pouvoirs publics qui tentent de les déloger. Charles est chargé d'enquêter dans le quartier qui l'a vu naître et grandir. Il s'embarque dans une sorte de retour au pays natal qui va le confronter au passé comme à l'avenir. Il retrouve ceux qu'il côtoyait à l'époque et fait la connaissance de la jeune génération.
Loin d'être un simple reportage, ce texte se lit comme un polar politique, le suspens est de mise et le scénario n'a rien à envier aux meilleurs films d'action. En marge du projet, c'est tout une société qui se dévoile. La faune des cités est variée, elle se compose en particulier de prédateurs, de caïds, d'habitants et d'officiels, mais aussi de quelques rares éveillés. Mais les apparences sont souvent trompeuses...
On découvre ainsi la variété des destins qui se dissimulent dans ces bâtiments fatigués et les drames qui frappent sans distinction les uns et les autres. Dans ce monde où la liberté se réduit à la clandestinité l'avenir se dérobe sans cesse sous les pieds. Un roman aussi édifiant qu'envoutant, au style percutant, dans lequel l'auteur s'amuse à faire sens avec le corps du texte dans une inventivité graphique rafraîchissante. Charles Robinson fait oeuvre d'utilité publique en éclairant les cités de ses lumières
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Ville nouvelle, banlieue parisienne : L'enfer est encore en travaux. Mais un jour, ici, il y aura le meilleur parc d'attractions du monde !
Charles Robinson relate ce qui aurait dû être « un projet de rénovation urbaine », avec « concertation et diagnostic social » dans la cité des Pigeonniers. Il écrit ainsi le roman le plus féroce, le plus drôle et le plus sombre, le plus poétique et le plus politique que l'on ait lu depuis longtemps. MR
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Poudre et crise, feu et esprit d'entreprise. L'étincelle.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/01/11/note-de-lecture-fabrication-de-la-guerre-civile-charles-robinson/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le droit, c'est l'assurance pour l'Etat démocratique que plus personne ne peut lui échapper. Tant que l'Etat ne possède que le pouvoir politique, des nuées de citoyens lui glissent entre les doigts : trop insignifiants pour être alpagués, trop rapides et trop pauvres pour être parqués dans les registres. Alors l'Etat fabule le droit, qui s'applique à tous et pour tous, le droit qui te protège si on veut, mais qui surtout te lie à la société, une chaîne. Tu ne peux plus vivre dans les bois, tu ne peux plus vivre en dehors, tu es pris dans la nasse d'un contrat que tu n'as jamais signé et qui te cloue sur le parquet de la société comme une chouette à une porte de grange. Le droit. Qui ne surveille pas chaque rame de métro, chaque trottoir, qui ne fait pas le pied de grue devant ton immeuble, qui arrive toujours après les douleurs dans ton visage fragile, qui te donnera raison, mais qui ne te rendra pas ta figure lacérée, tes tympans crevés. Alors, à ta place, M ne la ramènerait pas trop sur le droit, tout le monde sait qu'il est de ton côté.
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En trois heures l’appartement passe du statut « à rafraîchir » à « insalubre ».
Les ouvriers reprennent la camionnette et disparaissent dans le petit matin brumeux, le véhicule cahotant dans l’allée du Chardonneret-élégant. Mission « Finir avant midi » réussie.
La première fois que M s’est rendu sur place, après avoir récupéré les clés auprès de Bastille Joey, il a été effaré.
– Les sauvages… Pas croyable… Faut être un grand malade pour faire ça.
Craps soulevait délicatement, comme l’atroce cadavre d’un gosse algérien à Sétif 1945 (© L’Histoire est un éternel recommencement), deux morceaux d’évier brisé par le milieu.
Il vous prend comme ça parfois des envies de pleurer.
– Viens, M. Viens. On les trouve, on leur défonce les dents ! Viens, on leur apprend le respect. M ! Franchement ! Tu trouves que c’est écologique, ce qu’ils ont fait ? M… Les baleines, et tout… T’as vu ce qu’ils ont fait !
Bastille Joey expliquait qu’il ne pouvait rien contre ça. La décision avait été prise en haut lieu. Même s’il retardait d’un après-midi pour appeler les ouvriers, ça n’aurait pas d’impact. À un moment ou un autre, l’appartement serait saccagé.
– Tu comprends : la caravane passe, et le vieux chien, il sait qu’aboyer c’est perdre des forces.
Bâtards de putains de bâtards, avait dit M.
Bastille Joey avait repris son véhicule de service et sur tout le trajet écouté son album préféré de Michael Jackson en chantant à tue-tête : BITE TIT ! BIIITE TIIT ! BIIIITE TIIT !
OK, avait dit M.
Vous voulez la jouer goret.
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Tout le monde le sait : s’originer du Zoo et entrer comme ça, tout de go, dans la Cité des 123, c’est un peu comme doigter un chihuahua au palais de l’Élysée et s’essuyer sur une tapisserie murale en sifflotant Frère… Entends-tu ?… Essayez un jour, pour tester les vigiles.
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La crevasse horizontale dans le béton est profonde de vingt centimètres. Tu peux glisser la main, comme dans la gueule d’un caïman, et jouer avec la peur instinctive de ses mâchoires.
Coulures de rouille, sous l’acier à nu corrodé.
Tu peux enfoncer tes doigts dans l’humidité et la mousse, fermer les yeux, sentir les étages qui pèsent, le sous-sol meuble, sentir les craquements dans les conduits, les pas des générations. Tu peux laisser ta main, tu peux ressentir l’affaissement.
Le sol calcaire s’est enfoncé dès le début de la construction et les défauts de portance se sont multipliés sous la charge des dix bâtiments. Une demi-douzaine de poteaux de béton glissent d’un centimètre ou deux par an. Stries des marques de repère au marqueur.
Déplacements des contraintes, selon les ingénieurs.
C’est pour ça que le bailleur HLM a décidé de condamner les caves à nouveau, en avance de phase sur la démolition.
C’est la troisième fois que la décision est mise en œuvre.
Les accès ont chaque fois été rouverts après quelques mois.
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Le droit, c'est l'assurance pour l’État démocratique que plus personne ne peut lui échapper....Alors l’État fabule le droit, qui s'applique à tous et pour tous, le droit qui te protège si on veut, mais qui surtout te lie à la société, une chaîne. Tu ne peux plus vivre dans les bois, tu ne peux plus vivre en dehors, tu es pris dans la nasse d'un contrat que tu n'as jamais signé et qui te cloue sur le parquet de la société comme une chouette à une porte de grange.
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