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Simon Baril (Traducteur)
EAN : 9782742771431
330 pages
Actes Sud (07/11/2007)
3.61/5   74 notes
Résumé :
En 1956, sentant sa fin prochaine, le révérend John Ames rédige à l'attention de son très jeune fils une longue lettre en forme de méditation. seul héritage que sa pauvreté matérielle l'autorise à transmettre. Ames a lui-même pour père un prêcheur de l'Iowa et pour grand-père un pasteur engagé, durant la guerre civile, dans la lutte pour l'abolition de l'esclavage. En rapportant les tensions dont il fut le témoin entre l'ardent pacifisme de l'un et l'activisme parfo... >Voir plus
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Gilead, Iowa, 1956

John Ames est un Pasteur écouté et aimé.
Devinant que le temps lui est compté, il tient à rédiger une conversation - ou plutôt est-ce un monologue ?- une réflexion à l'intention de son fils alors âgé de sept ans. Sa pathologie cardiaque, récemment diagnostiquée fait de lui un homme très fragile, habitant l'éphémère, qui avance d'un pas ou d'un jour comme si la vie allait s'achever l'instant d'après.

C'est un homme avant d'être un pasteur, un homme qui doute et se questionne. C'est cet aspect de sa personnalité qui le rend attachant, la religion est présente dans les mots, les phrases mais à seules fins d'expliquer sa vie, ses souvenirs, les événements, pas pour contraindre, convaincre, sermonner... Et, même si sermon il y avait, il serait d'abord dirigé à sa propre intention tant l'humilité l'habite.
C'est un être pétri d'humanité qui sait regarder les petites choses dont la vie lui fait don comme s'il s'agissait de trésors de la nature, des petits gestes, il en tire une certitude de la part lumineuse de chacun, de chaque parcelle du monde.
Il ne cesse de se questionner mais reste persuadé que la rédemption est, que ce n'est pas une vague considération, et c'est ce qui importe dans le monde des hommes.

Son récit épistolaire prend la forme de petits épisodes de son existence destinés à raconter à son petit garçon la solitude qu'il a côtoyée avant de rencontrer sa seconde épouse, la mère de celui-ci ou quelques faits marquants qu'il interprète comme des signes, comme des révélations. C'est le regard sur le temps qui s'écoule, la vieillesse qui éreinté les corps et laisse les esprits vifs.
C'est l'histoire raciale de cette Amérique rurale, l'histoire de l'Abolition de l'esclavage, celle de la Grande Dépression, et en ombre qui finit par se matérialiser celle des Droits Civiques et du racisme qui continue de brûler comme les flammes de l'enfer.
"Qu'as-tu fait de ton talent ?"

Il s'inquiète de laisser une jeune femme et un fils encore dans l'enfance seuls quand il ne sera plus. D'autant qu'il observe, d'un oeil moins clément qu'il ne le voudrait, le retour - dont il ne comprend pas les raisons - du fils de son plus vieil ami, un fils qui est l'incarnation du "fils prodigue", et qui rode souvent chez lui pour tenir compagnie à son propre fils, tenir conversation avec sa jeune épouse, quand ce n'est pas pour le questionner, lui le pasteur, le guide des âmes, sur sa doctrine et en particulier sur le poids et l'irréversibilité de l'engagement mauvais d'une vie. Mais les apparences peuvent être trompeuses et l'écoute et la patience de John Ames ne seront pas vaines...
"Tu ne jugeras point" l'autre de crainte de n'avoir à juger chez lui les défauts que tu sais être tiens, également.


C'est un récit lumineux que ce texte, un questionnement incessant, une prise de conscience de l'essence d'une existence et, pour John Ames,d'un engagement. C'est contempler ce qui fait le legs d'une vie, entre générations, entre regards parfois différents sur les prises de position entre un grand-père, un père et son fils. Certains choisissent l'action pour dire leurs certitudes quand d'autres préfèrent l'éloignement et le recueillement face à l'agitation du monde qui ne peut pas ne pas être.
Habilement, dans un style brillant et cependant facile à lire, l'écrivaine ouvre la porte vers les deux livres suivants rendant le lecteur avide de retrouver ces êtres tourmentés, toujours en quête de pardon ou de compréhension, ces êtres qui ne cessent de remettre en cause choix et paroles, attitude et silences.
Le thème de la religion ne sert ni à persuader, ni à moraliser, il est traité en utilisant toujours la balance entre ce qui est et ce qui semble être, n'obligeant jamais le lecteur à se rallier à un courant de pensées.
Ce qui en fait une lecture pour tous.
Je n'ai que très peu raconté, vous laissant le bonheur de cheminer auprès de John Ames et de sa bienveillance.
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Entreprendre cette lecture requiert un état d'esprit propice car le thème de l'ouvrage n'est pas d'un accès facile, ni spécialement distrayant. Voici une lecture introspective, immersive, bref une expérience bien plus qu'une lecture récréative. Une agréable découverte qui est donc pleinement inscrite dans la perspective du Challenge ABC Critiques 2014-2015.

Marilynne Robinson se cache derrière un pasteur, John Ames, qui, sur la fin de sa vie rédige une très longue lettre à son très jeune fils. le thème peut paraître pour le moins morbide, il est pourtant investi d'une vitalité rare tant le propos est diversifié. Il ne s'agit pas d'une autobiographie mais d'une collection de souvenirs et de réflexions. Leur désordre apparent et une fâcheuse tendance à la digression écornent toutefois l'effet attendu.

Les anecdotes permettent d'évoquer de nombreux épisodes historiques vécus au sein d'une petite communauté : celle de Gilead. le témoignage est sensé avoir été rédigé au milieu des années 1950 et l'intéressé évoque son passé. La figure du père y est relativement peu importante contrairement à ce qui annoncé sur la quatrième de couverture. Une quête entreprise dans l'enfance permet de mettre en avant une figure qui va hanter tout l'ouvrage : celui du grand-père paternel, un pasteur ayant atteint un rare degré d'illumination après avoir été une sorte de prêtre-soldat pendant la Guerre de Sécession. D'autres épisodes sont également évoqués mais ils tiennent moins de place : la Grande Guerre, la grippe espagnole, la Grande dépression.

En elle-même la destinée de John Ames ne peut que susciter l'attention. Il est impossible de quitter ce personnage. le caractère religieux de l'ensemble n'est à aucun moment une gêne, malgré son omniprésence. Encore faut-il reconnaître la grande diversité qui est utilisée ici (citations bibliques, arguments d'autorité, événements quotidiens, réflexions personnelles, citations d'ouvrages divers et variés et notamment antireligieux…). Il s'agit là d'un propos de tolérance, d'une volonté d'écrire sans chercher à convaincre.

Les efforts ne peuvent qu'atteindre à un heureux résultat : une remise en question fructueuse. le destin de John Ames Boughton, l'un des personnages, est également une motivation supplémentaire pour aller au terme de cette lecture.

Le style de l'auteure nous tient également en haleine. Il rend plus facile la méditation qui suit nécessairement la lecture de ce livre. Il est d'ailleurs bien difficile de le rattacher à un genre quelconque tant celui-ci est particulier. Assurément il s'agit d'une belle découverte.
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Très beau rythme, profond dans son questionnement, complexe dans ses réponses, un chemin spirituel d'une grande intensité, texte écrit sous forme d'une lettre à son fils dans ce qui est le plus âpre à partager son inébranlable foi, son amour, son hymne à la vie. A peine terminé, j'ai repris ma lecture, j'y ai trouvé une structure très forte, une approche philosophique et métaphysique, il faut se donner le temps, se noter des passages, se livre est une belle référence, l'idée qu'il suggère est bien belle quelque soit son point de vue sur le Livre. A conserver dans sa bibliothèque.
Lire la critique de MIOP, intéressante.
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Marylinne Robinson n'écrit pas de page turner, pas de crimes, pas de violence, et tout se déroule à Gilead, petite ville de l'Iowa, dans les années 50 pour le présent. le révérend John Ames sent que sa santé et son énergie déclinent, et il écrit une longue lettre à son fils âgé de sept ans, qu'il lira après sa mort, lorsqu'il le désirera. Il lui parle de son histoire d'amour avec son épouse, mère du petit, de ses propres parents et grands parents. Un père et un grand père révérends eux-aussi, ainsi que Broughton son ami d'enfance, toujours à Gilead, dont le fils Jack lui a causé bien des soucis.

On l'aura compris, vu le nombre de révérends là-dedans (j'ignore d'ailleurs de quelle dénomination, on baptise les nouveaux-nés, ça j'en suis sûre), le spirituel occupe une grande place. Mais John Ames médite plus qu'il ne prêche le lecteur, remise en cause et introspection sont toujours présents. le personnage le plus intéressant est Jack, et sa relation avec John, celle d'un fils et d'un père finalement. Les maîtres mots sont grâce et pardon, ce qui ne peut faire de mal dans une lecture.

Hé oui, ça peut rebuter les lecteurs, un léger trop plein de religieux, mais c'est écrit avec tellement de finesse et de délicatesse, tellement intelligent et bien exprimé, que je place cet auteur très-haut.

"Si tu fais face à l'insulte ou à l'hostilité, ta première envie sera de répliquer sur le même terrain. Mais si tu te dis quelque chose comme: Me voici en présence d'un émissaire envoyé par le Seigneur, et il y a pour moi un profit à retirer, en premier lieu l'occasion de faire preuve de ma foi, la chance de montrer que je participe, ne serait-ce qu'à un faible degré, à la grâce qui m'a sauvé, alors tu es libre d'agir différemment de ce que les circonstances semblent dicter. "

"Il est rare, assurément, de subir une offense qui ne soit pas l'écho d'offenses que l'on a soi-même commises. Cela dit, je ne sais dans quelle mesure en avoir conscience peut nous aider quand il s'agit de faire face à la difficulté concrète de contrôler sa colère. Je n'ai pas non plus trouvé le moyen d'appliquer le raisonnement en question aux circonstances actuelles, bien que je n'aie pas abandonné tout effort pour y parvenir."

"Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines de couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales de fleurs, et sur la peau des enfants."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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En 1956, sentant sa fin prochaine, le révérend John Ames rédige à l'attention de son très jeune fils une longue lettre en forme de méditation.
seul héritage que sa pauvreté matérielle l'autorise à transmettre. Ames a lui-même pour père un prêcheur de l'Iowa et pour grand-père un pasteur engagé, durant la guerre civile. clans la lutte pour l'abolition de l'esclavage. En rapportant les tensions dont il fut le témoin entre l'ardent pacifisme de l'un et l'activisme parfois pour le moins belliqueux de l'autre, le révérend Ames tisse, au fil des pages, le motif du lien sacré qui, entre tendresse et inévitables conflits, unit les pères aux fils.
De l'exercice du souvenir aux illuminations qu'une pratique intègre de la foi peut dérober à la contingence, des défaites de l'esprit à ses incertaines victoires, des enivrements de la chair ou des errements du c?ur aux vertiges du mysticisme. c'est dans une langue aussi émouvante qu'elle est admirablement soutenue et inspirée, que Marilynne Robinson, à travers l'ultime sermon du révérend Aines, élève à l'étrange et merveilleuse grâce de vivre un hymne superbe, ample comme le pays dont il narre, à sa façon, l'histoire, exigeant comme toute quête spirituelle véritable, bouleversant comme une prière.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines des couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales des fleurs, et sur la peau des enfants.
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Parfois, j'ai adoré la paix d'un dimanche ordinaire. C'est comme se tenir au milieu d'un jardin nouvellement planté après une pluie chaude. On sent la vie silencieuse et invisible. Tout ce qu'elle requiert de vous, c'est de ne pas la piétiner.
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Je t'ai dit hier soir que je partirais peut-être un jour. Tu m'as demandé : Où ? Je t'ai répondu : Rejoindre le Seigneur. Alors, tu m'as demandé : Pourquoi ? Et je t'ai répondu : Parce que je suis vieux. Tu m'as dit : Je ne te trouve pas vieux. Tu as mis ta main dans la mienne et tu m'as dit : Tu n'es pas très vieux - comme si le problème était réglé.
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Je remercie Dieu pour tous ces livres, bien sûr, et pour cet étrange intervalle, qui a duré la plus grande partie de ma vie, où je lisais pour combler ma solitude, et où une compagnie médiocre valait mieux que pas de compagnie du tout. On peut aimer un mauvais livre parce qu'il est naïf, pompeux, voire pétri de rancœur, si l'on possède cet appétit de crève-la-faim pour les choses humaines - j'espère que tu ne l'auras jamais. "L'âme rassasiée méprise le rayon de miel ; l'âme affamée trouve douce tout amertume." On peut découvrir des plaisirs là où l'on se songerait jamais à les chercher.
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Quand les gens viennent me parler, peu importe ce qu'ils me disent, je suis frappé par une sorte d'incandescence en eux, ce "je" dont le prédicat peut être "aime", "crains" ou "veux" et dont l'objet peut être "quelqu'un" ou "rien" sans que cela ait vraiment d'importance, car la beauté réside dans cette simple présence, qui prend forme autour du "je" comme une flamme autour d'une mèche et qui se diffuse sous forme de souffrance ou de culpabilité ou de joie ou de n'importe quoi d'autre. Mais toujours vive, et pleine de désir et de ressources. Contempler cet aspect de la vie est un privilège du saint ministère que l'on mentionne rarement.
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