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Luc Carissimo (Traducteur)
EAN : 9782070313044
432 pages
Gallimard (09/12/2003)
3.59/5   46 notes
Résumé :
Les progrès de la médecine ont donné à l'humanité une espérance de vie moyenne de six cents ans, qui sera sans doute bientôt prolongée jusqu'à mille. Mais la mémoire n'a pas suivi : n'y subsistent que les souvenirs les plus récents, ceux qui couvrent l'étendue d'une durée de vie jadis "normale".

Dans ces conditions, que devient l'histoire, lorsqu'elle est écrite par des gens qui l'ont à la fois vécue et oubliée ? C'est l'énigme que pose la découverte,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un recueil de nouvelles .

Il y a trois longues nouvelles dans ce recueil et le lien entre elles est assez tenu . C'est principalement un monument situé dans les confins du système solaire ( cf. la couverture ) .
Pour apprécier il faut donc avoir un faible pour les nouvelles , car malgré un fil conducteur évident : ce n'est pas un roman que ces textes assemblés .
Elles ont étés écrites il y a un peu plus de 15 ans et sont donc un peu ( beaucoup même ) la genèse de la trilogie martienne .
De ce point de vue elles ont pour moi un grand intérêt .
Le style est très correct et les personnages sont très convaincants et chaque récit est globalement agréable indépendamment des autres . Ces texte ne sont pas trop courts par ailleurs .

Le thème de la mémoire ( la durée de vie et son incidence sur les individus ou sur la société ) qui est également développé dans la trilogie martienne est également présent dans ce recueil .
L'originalité des "menhirs de glace" tient dans le fait que l'histoire ( avec un grand H ) y est un sujet prédominant .
Les dynamiques autours de la connaissance historique et celles autours de la métahistoire , y sont abordées comme des thématiques « en soit « . C'est ce qui m'a subjugué .
Les différentes approches à différentes époques ( par différents personnages ) de ce même monument illustrent en profondeur cette thématique de la connaissance historique.

Par ailleurs , il y a un ton un peu mélancolique que j'ai aimé aussi . Ce ton est une autre différence avec le plus gros de la trilogie martienne .
Enfin disons qu'il n'y a pas vraiment de fin dans un sens, car les protagonistes manquent de sources historiques (ou bien ils ont du mal à en tirer parti ) pour écrire l'histoire de ce monument et résoudre ce mystère .
Cependant il leur reste leur intime conviction ( et au lecteur la sienne ).

Un bon recueil où l'auteur démontre qu'il maîtrise avec brio le fonctionnement de la méthodologie historique .
Il maitrise également le principe de la connaissance historique , ainsi que les limites posées à la recherche historique par l'historiographie et la métahistoire , de manières aussi structurelles que désagréables .

C'est un texte assez dense où le temps s'étire , c'est agréable et c'est déroutant .
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L'histoireCe roman(roman-mosaïque/fix-up) raconte les histoires de trois personnages dans un système solaire situé du XXIIIème au XXVIème siècle, donc assez dans le futur. A cette époque, le système est conquis jusqu'à Saturne, et les planètes plus lointaines sont inexploitées. le récit commence avec les aventures d'Emma Weil, spécialiste en système de survie, membre de l'équipage d'un vaisseau minéralier, et qui va assister au départ d'un groupe vers l'espace profond. Pour anodin qu'il soit, cet élément, décrit comme une anecdote d'une histoire plus grande, est la base de ce récit. En effet, quelques centaines d'années plus tard, son récit sera découvert par un historien lors de fouilles, et donnera lieu à des recherches très poussées. A partir de là, il commence à être difficile d'en parler sans dévoiler l'intrigue, je vais donc m'y arrêter. Sachez toutefois que le titre du roman fait référence à une version futuriste de Stonehenge, et que la réalité de l'Histoire est le sujet central de ce roman. Mon avisJ'ai été assez emballé par cette histoire, racontée avec la précision toute clinique d'historiens. En effet, quelquesoit le narrateur (il n'y en a que trois, mais ils sont très différents), le récit reste à mes yeux très peu passionné, même lorsque Nederland s'enfonce doucement dans la folie ou la dépression (même si cet état amène en général assez peu de passion), ou lorsque le dernier personnage pose enfin le pied devant Icehenge. C'est là un premier point qui m'a un peu douché, ou plutôt qui m'a permis d'entrer dans cette histoire à mon rythme. L'autre point est assez étrange, c'est plutôt une pirouette de l'auteur pour nous plonger dans des affres de questionnement. il s'agit bien sûr de la très grande longévité (plus de six cent ans) accordée par les progrès de la gérontologie aux humains du futur. A première vue, ça parait enthousiasmant. Sauf que l'auteur, pour ne pas trop allonger son récit, ajoute à celle-ci une mémoire assez défaillante, qui fait que les individus gardent une mémoire sur à peu près cent ans. Alors, cette pseudo-immortalité n'est-elle de fait qu'une illusion, ou reste-t-elle utile ? Aucune idée, mais apparement, les personnages n'y attachent pas des tonnes d'importance. Peut-être est-ce là une diversion, comme a pu l'être la Bulle dans Isolation, de Greg Egan. Si c'en est une, elle est sacrément habile, puisque j'ai bien eu l'impression que, dans toute la seconde partie du récit, Robinson jouait avec cette idée de longévité pour me faire croire que Nederland et Weil ne formaient qu'une seule et même personne. Mais ces points de détails sont balayés devant la puissance de ce récit, où on reste sans voix devant les contorsions que font subir les protagonistes à l'histoire (dont nous ne connaissons d'ailleurs rien) de ce monument. En effet, si pour le second narrateur l'histoire du monument est évidente, toutes ces évidences sont balayées par le troisième, en ne nous laissant même pas le droit à une conclusion révélant la véritable histoire, ce qui est d'ailleurs à mon avis le coup de maître de cette histoire : nous faire mariner un nombre suffisant de pages à propos de ce monument, pour ne finallement rien nous en dire ! Là n'est même pas le point fondamental. Celui-ci est assez clair : loin d'être un faisceau de faits ou de preuves, comme veulent le faire croire les narrateurs, l'auteur nous dit qu'elle n'est qu'un matériau utilisé comme l'époque le demande : pour Nederland, fortement attaché à l'histoire de Mars et de la rebellion, ce monument y est forcément rattaché, alors que Doya, le troisième, y voit tout autre chose, lié sans aucun doute à son histoire propre, comme il l'écrit lui-même très bien. Donc pour moi, la seule conclusion évidente de cette histoire est que l'Histoire n'existe pas, tout n'est qu'interprétation.Il est d'ailleurs amusant de voir l'utilisation, sans doute très technique chez les historiens, que fait Robinson du terme révisionisme, si chargé chez nous de connotations spécieuses. Sans doute est-ce là encore un jeu de sa part, auquel il a su me convier sans problème. Pour terminer, un point amusant : comme tous les livres de sf pré-89, il est fait explicitement mention des soviétiques, et à moult reprises. bien sûr, ça ne suffit pas à en faire un roman passéiste, toutefois, on a là une datation largement suffisante de la période d'écriture. Enfin, comme vous pouvez le voir, il s'agit là d'un livre remue-méninges, qui vous fera longuement réfléchir à ce que peut être l'Histoire, ce qui est pour moi une raison largement suffisante pour s'y plonger sans attendre.
9782266174138"
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Agréable à lire, on comprend assez vite qu'il y a une histoire unique à suivre à travers 3 époques, et qui en est le personnage central car tout est basé sur la durée d'allongement de la vie humaine, le faible degré de fiabilité de la mémoire quand on dispose d'une vie d'au moins 5 ou 6 siècles, dans une société où l'archipellisation des individus suit l'éclatement des familles dont le concept ne peut perdurer sur de telles durées de vie.
On retrouve dans ce monde postérieur à la Trilogie de Mars, les profils de la rebelle experte en survie, du scientifique irréductible qui nous font souvenir de certains personnages de cette trilogie. Une certaine mélancolie baigne les pages, due à la vision matérialiste de l'auteur qui ne peut s'empêcher au final de vouloir brouiller les pistes de l'histoire, comme s'il désirait s'excuser auprès du lecteur de s'égarer dans la poésie voire la spiritualité .Timidité de septique par idéologie et d'auteur voulant garder une coloration de scientifique sans taches. Car en fait l'explication est limpide, il n'y a qu'une seule histoire possible, et le dernier personnage mis en scène, celui qui a tous les éléments pour comprendre la vérité n'arrive pas à y croire, aveuglé est-il par sa mentalité trop "terre-à-terre". Un autoportrait de l'auteur il me semble pour avoir lu un bonne part de ses romans.
Mais très bon moment de lecture.
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le titre, ainsi que la quatrième de couverture sont trompeurs, qui laissent entendre que ces menhirs tiennent une place véritablement considérable dans l'histoire, alors qu'ils ne sont que prétextes à aborder un certains nombre de sujets. Parmi ces derniers, on pourra noter : la mémoire (individuelle et collective), le mensonge, la manipulation, la privation de liberté, ...
Jacques Prévert a écrit : Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie. Et comme il est vrai que le premier souci d'un dictateur c'est de contrôler l'information. Et c'est beaucoup de ça qu'il est question dans ce roman.
L'ouvrage est divisé en trois récits, trois nouvelles en quelque sorte, qui pourrait presque être lues indépendamment si ce n'est que chacune fait écho à la précédente et que l'ensemble forme un tout cohérent. Chaque partie est rédigée à la première personne par trois personnages différents, à trois époques différentes.
Le premier témoignage est, incontestablement, celui contenant le plus d'action. Encore que, tout étant relatif, on ne parlera pas de rythme échevelé. Il y est question, entre autres, d'une mutinerie dans un vaisseau spatial, orchestré par de "gentils" rebelles, de doux dingues, presque inoffensifs.
La seconde partie traite du travail, rendu assez peu facile par la dictature en place, d'un archéologue qui découvre, sur un site récemment ouvert à la fouille, des éléments susceptibles de mettre à mal la vérité officielle.
La dernière partie, enfin, est racontée par l'arrière petit-fils du précédent. C'est ici que les fameux menhirs de glace prennent leur plus grande place. Là encore, par souci de découvrir la vérité, et quitte à démolir les thèses de son aïeul, un jeune curieux (la soixantaine) va tenter de démontrer que les explications du mystère sont autres.
Même s'il ne s'agit pas du roman du siècle, ce livre est agréable à lire. Il m'a en tous cas donné envie de me replonger dans la trilogie martienne, du même auteur et couronnée de prix et à laquelle je n'avais pas accroché.
Lien : http://aruthablog.blogspot.fr
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les choux luisaient dans la pénombre comme des alignements de cerveaux penchés sur le problème avec moi . Le cycle représenté par le diagramme , complèté par des opérations pysico-chimiques favorisant les échanges gazeux et l'utilisation des déchets , était presque clos : une biogenose artificielle nette et fiable . Mais il y avait deux points de déperdition majeurs devant lesquels je séchais ...
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" Je ne suis pas d'accord pour dire que les humains quitterons inévitablement le système solaire, dit-il. Rien n'est inévitable, le déterminisme historique n'existe pas. Ce sont les gens qui agissent, pas l'Histoire, et les gens décident de leurs actes. Nous aurions pu construire un vaisseau interstellaire parfaitement fonctionnel depuis la fin du XXe siècle, par exemple. Mais cela ne s'est pas fait. Et il se pourrait, tu sais, que ces deux siècles soient une sorte de fenêtre de lancement. Une fenêtre qui pourrait se refermer bientôt "
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Mais l'archéologie est l'art de déchiffrer ce qui n'a pas été écrit. Et les objets ne mentent pas.
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La vie est l'histoire de nos oublis.
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