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EAN : SIE158830_283
Seuil (30/11/-1)
4.11/5   9 notes
Résumé :
Si Georges Maurer participe à cette longue croisière en Méditer-ranée à bord d'un yacht de luxe, c'est occasionnellement (il se trouvait sans travail) et en qualité de guide-interprète pour une agence de voyages.

Avec certains passagers, tout de suite ses rapports s'altèrent, mais en définitive ce qui compte à ses yeux, ce sont les liens qui l'unissent à ses camarades de l'équipage. Or, la force et la profondeur de ces liens se vérifieront à l'heure o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un livre, « offert à celui qui se laisserait tenter », dans sa première édition de mars 1968 ! Je l'ai choisi ! Un vrai trésor pour moi !
Le dédicataire du roman : sa fille Jacqueline , née en 1947.
J'ai aimé retrouver, à travers la lecture de cette histoire romanesque, quelques clins d'oeil, quelques éléments autobiographiques concernant l'auteur : « La guerre a perturbé mes études et mes projets » déclare Georges Maurer le héros de ce roman , pour Roblès, la guerre coupe court à ses études (licence d'espagnol) , Georges trouve un travail d'interprète comme le fut Roblès dans l'armée, pendant la Seconde guerre mondiale, … Des allusions aussi à l'Algérie, à Oran, sa ville natale, à une épidémie meurtrière qui sévit sur un paquebot, anecdote relatée par un des personnages, Manuel, le père d'Emmanuel, mourut du typhus avant sa naissance, son épouse, Paulette fut, atteinte par cette même infection, en 1941, ces tristes souvenirs seront confiés à Camus, son « frère de soleil » qui s'en servit, très vraisemblablement pour enrichir La Peste, et puis ces rats qui pullulent à la fin du récit…
C'est puissant en fraternité, en amitié virile…

Georges Maurer sans travail , accepte la proposition d'une agence de voyage pour servir d'interprète à bord d'un yacht de luxe le Saint-Florent dans lequel ont embarqué deux riches couples , Marie-Louise et Michel Jonnard et Gerda et Erich Hartmann , une croisière en Méditerranée , à la fois voyage d'affaire et d'agrément . Cannes Monaco, San Remo, Gênes, Rome…
Au fur et à mesure des jours, le climat se tend… Bientôt le bateau accostera à Palerme , mais encore faut-il arriver jusqu'à la capitale de la Sicile...
Une vieille dame entrevue, attablée à la roulette du casino de San Remo, viendra hanter l'esprit de Georges, comme une vision métaphorique de la mort...


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Quand l'absurde se met en travers du chemin de l'amitié, le drame est toujours au bout.

Un livre d'Emmanuel Roblès est toujours un appel pour réconcilier l'homme et ses semblables. La Croisière (*), un roman tout récent, illustre cette préoccupation de l'auteur. le personnage principal, dans une situation intensément dramatique parce qu'il la vit dans sa propre chair pour l'avoir épargnée à des camarades déshérités, pris d'hallucination et de délire lance «des paroles chargées d'un invincible espoir, d'une conviction passionnée!... «Dieu que j'ai soif!» dans une ivresse de fraternité, une ardeur de vivre, radieuse, flamboyante comme un soleil!»
Par ces propos et par d'autres que l'on rencontre dans «La Croisière» qui est tout un symbole, on se rappelle alors «Les Hauteurs de la ville», «Cela s'appelle l'aurore» et le très attachant Valério, «Montserrat» et sa forte volonté de surmonter les contingences pour les dépasser et atteindre un idéal à la portée de tous les hommes. Et c'est ce qu'on retrouve avec plus de clarté et moins d'artificialisme romanesque chez Georges Maurer, le héros de «La Croisière».
«La Croisière», c'est l'histoire précisément d'un destin, de ce Georges Maurer qui se définit comme ceci dans une lettre à son ami Serge personnage d'un précédent roman «Le Vésuve»: «J'ai déjà abandonné plusieurs places. J'ai passé beaucoup de temps à cultiver en moi l'individu jusqu'à ce point extrême de ma jeunesse où la guerre m'a pris pendant trois ans. Je suis non à la recherche d'une autre guerre, mais d'une chaleur qui me manque... Comme toi je suis sorti de la guerre pour retourner à un monde où l'argent domine... Sache que j'ai rencontré une jeune personne du nom de Madeleine... Nous avons fait ensemble plusieurs sorties et juste avant de partir j'ai découvert que près d'elle tout semblait simple et beau comme une feuille d'arbre ou comme une plume d'oiseau». Voici un thème que Roblès aurait pu continuer avec cette poésie de tendresse et de vérité que nous avons aimée, par exemple, dans «La Vérité est morte» et dans «Montserrat». Ici, dans «La Croisière», il y a un humanisme viril à la limite des séquelles de la guerre contre les nazis.
Dans une série de P.S. de la même lettre, Georges Maurer se précise: «Tu crois que je souffre plus que bien d'autres de voir tourner le monde sans qu'il soit possible enfin de l'arrêter. Ce n'est pas ça, vieux. Je crois que je ne souffre même pas de mon incapacité à comprendre pourquoi il tourne. Je souffre en vérité de ne pas savoir du tout ce que j'y fais, moi. Georges Maurer, ancien étudiant, ancien manoeuvre d'usine, ancien pompiste, ancien veilleur de nuit, ancien secrétaire d'un agent théâtral merveilleusement filou et déjà ancien guide-interprète avant même d'avoir commencé, tant j'ai peu de vocation depuis la guerre pour garder prise sur l'avenir.» Dans le dernier P.S., il souligne: «Nous avons tué Dieu et nous voilà tous orphelins.»
Georges Maurer est engagé par une agence touristique pour servir d'interprète, à bord d'un yacht de luxe «Le Saint-Florent», à deux couples d'industriels, l'un français, Michel Jonnard et Marie-Louise et l'autre allemand, Érich Hartmann et Gerda, liés «par l'amitié mais surtout par de communes affaires dans les huiles et graisses industrielles». Mais tout comme chez Georges, et de manière opposée parce qu'ils sont des affairistes, la guerre et ses horreurs sont inoubliables; elles revenaient dans leur conversation ou à l'évocation d'un souvenir suscité par un paysage, une ville, une escale («Bien sûr! ne pas oublier de visiter les champs de bataille de Cassino»), tout le long de cette croisière particulière en Méditerranée qui doit les mener suivant un itinéraire et un horaire précis de Cannes à Palerme où l'Allemand et le Français ont un rendez-vous d'affaires des plus importants. Entre parenthèses, puisque Maurer se rappelle le «jeune garçon de Mascara dont on voyait les intestins à nu, tout bleus», il aurait pu réfléchir audacieusement sur ce que fut l'Algérie «en ce temps-là». Mais sans doute, l'itinéraire était tracé par les deux couples...
La grisaille oppressante
Très peu avant l'embarquement sur «Le Saint-Florent», Georges commence à se rendre à l'évidence que ce qu'il cherchait, il n'était pas près de le trouver: «Je tourne désespérément à l'extérieur, écrit-il à sa «très chère» Madeleine, et cherche à rentrer enfin en moi pour y retrouver ce que j'ai perdu: les sources de mes ambitions, les chemins de mes désirs.»
Or il va se heurter au maniaque et hargneux Jonnard qui le traite de «danseur mondain», à l'énigmatique Hartmann, à l'équipage qui d'abord le traite de «larbin», tandis qu'il est très encouragé par Marie-Louise et très sympathique pour Gerda. L'une et l'autre sont-elles capables de lui faire oublier Madeleine? D'escale en escale, la situation inconfortable de Georges devient insupportable. Mais lui fera l'impossible pour se rapprocher de l'équipage.
Et, tout à coup, dans la brume ce que «personne n'aurait su décrire»: «barrant la route un autre bateau se trouvait dans les parages, ne semblait pas se soucier des appels du yacht, refusait d'y répondre»: on constate qu'une explosion l'avait endommagé et qu'il est déserté.
Le commandant du «Saint-Florent» estime qu'«avec sa cargaison de machines agricoles et d'engrais, cette épave vaut près de cinquante millions». Il décide «aux termes mêmes du droit maritime» de partager cette fortune avec ses hommes. Jonnard, en homme pressé d'être à Palerme, s'oppose parce qu'il faudrait remorquer «ce cadavre». Une vive discussion s'engage à la limite du drame.
Le commandant trouve une autre solution: «Il suffit donc d'un homme à bord qui assure les dispositions de veille.» Georges Maurer se porte volontaire. Il a toute l'amitié et la confiance de l'équipage, toute la haine de Jonnard et surtout toute la rancoeur de Marie-Louise qui avait espéré un rendez-vous avec lui à Palerme.
Le drame ne fait que commencer. Construit minutieusement, détail par détail, le récit est une mosaïque de patience, d'observation intelligente et profonde; c'est le récit fait par un passionné de la nature humaine dans ses contradictions, ses aspirations et ses futiles exigences. Nous voici parvenus à la page 129, pourtant... Résumer la suite et la fin, ce serait priver le lecteur d'un droit légitime de connaître par lui-même cette «grisaille oppressante» qui souligne les hallucinations de Georges. La fin très émouvante est d'une beauté sublime.
D'une écriture claire et parfaitement en accord avec le drame, «La Croisière» d'Emmanuel Roblès, retrace la vie d'un homme pour qui l'humanité ne vaut pas un dollar mais vaut l'humanité entière.


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J'ai été bluffée par ce livre. L'action prend du temps à se mettre en place, donc si vous êtes amateurs de sensations fortes passez votre chemin. L'écriture est fluide, j'ai pris plaisir à découvrir la plume de cet auteur. Apparemment, il serait un ami d'Albert Camus, dont malheureusement il n'a pas connu le même succès. Ce livre est très marqué par les convictions politiques de l'auteur (vous les découvrirez par vous-même, je ne vais pas vous gâcher le plaisir).
Pour vous résumer le livre, je dirais : Que le personnage principal (Georges) s'est engagé auprès d'une agence touristique à être le traducteur allemand/français (et vice versa) à bord d'un paquebot touristique loué par deux couples (issus des deux nationalités en question). Cette croisière sera l'occasion pour lui de découvertes et d'expériences diverses qui vont profondément bouleverser son existence.
A lire sans modération !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Croyez-vous au mauvais sort ,
Pas du tout... Les Napolitains m'ont appris à le repousser.
Et avec deux doigts, l'index et l'auriculaire, il fit le signe cornu de conjuration. Ensuite il raconta la mésaventure d'un de ses camarades, un Oranais d'origine espagnole, qui s'était introduit dans les sous-sols d'un couvent à la découverte de quelque butin.
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Video de Emmanuel Roblès (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Roblès
Émission complète : http://www.web-tv-culture.com/seules-les-montagnes-dessinent-des-nuages-de-marc-lepape-1277.html
C?est en 2008 que nous avions découvert Marc Lepape. Son roman « Vasilsca », alors salué par la critique, avait notamment remporté le prix Emmanuel Roblès du premier roman. Depuis, ce professeur de lettres avait quitté les écrans radar. Marc Lepape était parti vers d?autres univers. Tout en gardant un goût prononcé pour la littérature, il s?est réorienté vers le théâtre et la mise en scène, donnant lui-même des cours et s?est essayé à la peinture pour éprouver d?autres sensations de création. Mais l?envie de l?écriture était toujours là. C?est finalement une histoire sur laquelle il s?était déjà penché qu?il ressort d?un tiroir et retravaille. Et voilà ce nouvel opus « Seules les montagnes dessinent des nuages », formidable roman qui, sous couvert d?aventures, d?intrigues sur une île lointaine à la fin du XIXème siècle, cache en fait une véritable interrogation sur la place de l?homme sur la planète, sur notre vision du bien et du mal et notre relation à l?autre et à la nature. Sur une petite île d?un royaume imaginaire, Erraink Rurem débarque d?un voilier en provenance du continent européen. Sur ces terres lointaines de Sélébie, le jeune ingénieur hydrolicien doit amener l?eau dans les contrées reculées de l?île où vivent des communautés qui ne connaissent ni la violence, ni la jalousie. Mais un crime est commis et les habitants de la vallée de l?Onk apprennent la peur. Erraink, aidé de la jeune et jolie Ilnah, va devoir comprendre ce nouveau monde qu?il découvre, entre mythes et légendes, et lever la malédiction qui semble peser sur ces terres à la fois fascinantes et hostiles. Porté une écriture flamboyante mais maitrisée, un rythme soutenu en courts chapitres, et des personnages attachants dans leur complexité et leur fragilité, le nouveau roman de Marc Lepape, qui n?est pas sans rappeler le plaisir de lecture de Jules Verne, est un formidable voyage initiatique, une quête intemporelle sur l?accomplissement et une interrogation renouvelée sur le sens de la vie. « Seules les montagnes dessinent des nuages » de Marc Lepape est publié aux éditions Emmanuelle Collas.
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