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EAN : 9782882534446
160 pages
Luce Wilquin (09/03/2012)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Charline, jeune peintre, perd le goût de créer et de vivre. Elle trouve la force d'affronter ses démons en s'immisçant dans la vie de Viviane, une ancienne camarade de classe qui vient de mourir, jusqu'à perdre sa propre identité.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quand survient cet accident de personne qui fait office de titre, Charline est en route vers son destin, mais ne le sait pas encore. Une jeune femme s'est jetée sur les rails. Quelques minutes seulement avant que le train n'arrive à destination, la petite ville où Charline a passé une grande partie de sa vie et qu'elle n'a pas revue depuis plus de dix ans.

C'est à la suite du décès de sa soeur jumelle qui s'est jetée par la fenêtre, croyant qu'elle serait en mesure de voler si elle y croyait très fort, que le quotidien de Charline est devenu invivable et que la famille a fini par quitter cette petite ville où trop de souvenirs les poursuivaient.

Pourquoi la préférée était-elle morte et non pas elle, croyait-elle lire dans le regard de ses parents avec qui elle a fini par couper les ponts pour se résoudre à vivre, loin des reproches. Mais l'heure est venue, parce qu'elle n'arrive plus à peindre, de cesser de tourner en rond et de s'occuper. Autrement. À n'importe quoi. C'est la raison pour laquelle elle se trouve dans ce train qui la ramène à sa ville natale. Charline a en effet accepté de s'occuper du chat d'une vieille dame pendant son absence pour éviter de demeurer prostrée, en attendant que revienne l'inspiration qui l'a quittée il y a des mois.

La ville a beaucoup changé. Elle la reconnaît à peine quand elle décide de se rendre aux funérailles de celle qui est devenue un fait divers. Parce qu'elles étaient dans la même classe lorsqu'elles étaient enfants. Parce qu'elle aurait si souvent voulu prendre sa place, Viviane ayant des parents si aimants, si attentionnés.

Parce que Charline n'a jamais été en mesure de se lier, qu'elle n'a jamais cessé de parler à sa soeur disparue, et qu'elle a décidé de rapporter aux parents de Viviane le mouchoir qu'ils ont oublié sur un banc, la jeune femme va voir le cours de sa vie complètement changé alors que ceux-ci vont littéralement l'adopter. Basculant constamment entre la réalité qui n'est pas sans rappeler ses rêves d'autrefois et des cauchemars troublants qui nous sont relatés, Charline finit par perdre pied.

À la fois comédienne et dramaturge, la Suissesse Anne-Frédérique Rochart a le sens du drame et de la mise en scène. Elle propose d'ailleurs avec Accident de personne une structure narrative qui n'est pas sans rappeler l'usage des voix off au théâtre, procédé intéressant. Si la tension qui grandit à mesure que se noue une relation parents/enfant entre les Dubois et Charline est palpable et bien exploitée, on pourrait par contre reprocher à l'auteure les quelques personnages-accessoires qu'elle laisse tomber sitôt qu'elle les a utilisés ainsi que les morts passées qui s'additionnent à la fin du roman pour expliquer le geste de Viviane, lesquels ne convainquent pas.

Accident de personne demeure tout de même un premier roman réussi, grâce à sa construction solide et à l'attachement que le lecteur éprouve d'emblée pour cette Charline un peu paumée qui mange la peau de ses doigts jusqu'à ce que cela saigne pour se punir de n'avoir pas su, avec ces mêmes mains, retenir sa soeur quand elle a sauté dans le vide.

Accident de personne lui rappelle qu'il est l'heure pour elle de cesser de marcher sur un fil.
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Lecture dense, lecture de l'intime, de la gémellité, de la culpabilité et de la quête identitaire après le deuil. Dans ce roman, se confrontent les réactions face au deuil. Et écrire cette phrase est le réduire. Car par bien des aspects, cette lecture m'a rappelé celle, troublante, du roman Lucia Antonia, funambule de Daniel Morvan, par son atmosphère, sa quête d'équilibre, la dangerosité du miroir. Comment, pourquoi exercer son art, orpheline, au dessus du vide ? Ce récit interroge sur ce vide, en cherche une définition pour pouvoir le combler. Et sur le trop aussi.

La narratrice, « oppressée, fuyante », en « extinction de voix, extinction de moi « , est de retour dans son village natal qu'elle ne reconnait pas, bien-sûr, trop de temps est passé. Ce sentiment d'étrangeté, d'absence au lieu, à elle-même, ne la dérange pas, c'est ce hors-temps qu'elle recherchait, ou plutôt ne sachant pas ce qu'elle cherchait, consciente que ce lieu, ce temps, fut celui du déracinement. Mais, dans son ailleurs, dans son après, elle est parvenue au bout d'un chemin ayant perdu la capacité d'exercer son art.

» L'angoisse. Pure, pleine, à son apogée. J'étais aspirée par tout ce noir, tout ce rien. Dissoute au milieu du vide. »

.

» Et je repense à ma peinture, cette senteur enivrante, le bruit du pinceau sur la toile, l'excitation de commencer, le soulagement de terminer, la peur, l'envie, la joie, le bonheur, la déception, l'agacement, la révolte… Je voudrais tout retrouver. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de moi, sinon, où est-ce que je mettre tout ça ? Je risque l'implosion. [... ]

.

Charline traverse une période hors d'elle même, de sa vie. Mais le passé familial s'impose par l'annonce du suicide d'une jeune femme de son âge, Viviane, à peine une camarade de classe dont le souvenir l'avait marquée. Non pas cette camarade réellement mais ce qu'elle imaginait d'elle, fantasme enfantin de l'enfance rêvée face à la sienne, douloureuse, face à sa famille brisée. Dans sa solitude tourmentée, « à force de détours et de balades, à force de penser au passé et d'observer le présent « , se mêlent rêveries et cauchemars. Elle revient à ce » coup de foudre parental » qu'elle avait ressenti, se liant avec les parents en deuil, flottante entre le bien que lui font les attentions du couple meurtri et le mal en creux des interrogations que suscite le suicide de celle qui, selon les critères de la narratrice, avait tout pour se construire une vie heureuse, une artiste aussi. En regard, quelques lignes enchâssées, relatent, abruptes, le deuil également – réactions en chronologie parallèle – que vit le conducteur du train sous lequel le désespoir a jeté Viviane.

Accident de personne est le premier roman de Anne-Frédérique Rochat. On pourrait seulement lui reprocher les quelques révélations finales en échos qui chargent inutilement ce récit prometteur.
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Ce que véhicule l'histoire est intéressant, mais aucun personnage ne m'a touchée, sauf peut-être Frieda. de ce fait, j'ai eu du mal à apprécier le roman dans sa globalité.

J'ai compris Charline. Elle est perdue, se débat avec des chimères et un passé douloureux. Elle fait d'ailleurs une bonne analyse d'elle-même. Elle comprend très bien pourquoi elle agit de telle manière. Elle cherche sa place, voudrait être aimée pour elle-même, mais accepte quand même de se conformer à certaines attentes. Au final, elle devra choisir entre ces deux options. Elle est très franche, et malgré sa timidité, elle ose dire ce qui lui importe. Elle ne peut réellement compter que sur elle-même.
[...]
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il y a pire que de perdre le goût de créer, dit-il, il y a pire. Perdre le goût de vivre.

- Peut-être que les deux sont liés…
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