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EAN : 9782020220330
284 pages
Seuil (03/05/1994)
3.94/5   18 notes
Résumé :
En proie au déchirement interne et à la menace de ses puissants voisins, l'Arabie se cherche.
C'est en 571, si l'on en croit la tradition, que naît l'homme qui va incarner l'avenir de ce monde en gestation. La vie et le destin de Mahomet sont marqués par la rencontre entre la force des choses et la complexité psychologique de son personnage.

Il fallait à l'Arabie une religion monothéiste qui ne soit ni le judaïsme ni le christianisme, un État c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans cet essai, Rodinson nous présente une approche matérialiste de la vie du prophète Mahomet, depuis le contexte politique de la région à sa naissance jusqu'à sa mort. Difficile de juger précisément l'ouvrage, qui présente à mon sens un point négatif majeur.

Dans l'introduction, Rodinson nous dit que les sources vraiment fiables sont maigres, problème qui donne d'ailleurs des maux de tête aux théologiens. Pourtant, toute l'histoire qu'il nous raconte se lit comme un roman, et comporte une foule de détails, allant de l'état d'esprit des protagonistes (« pleins d'entrain », ...) à leurs pensées les plus secrètes (visions politiques, stratégie, ...). Mais à aucun moment l'auteur ne fait vraiment la différence entre son interprétation personnelle et les faits authentiques.

Je pensais me retrouver face à un travail d'historien, je tombe plutôt sur une biographie romancée. Petite déception.
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Publié de nos jours ce livre et son auteur auraient été exposés à la vindicte des égorgeurs tant la réalité leur est insupportable (encore plus que les caricatures) . Faire du prophète de l'Islam un objet d'histoire , montrer en quoi il fut certes un homme exceptionnel mais ,un homme , un politique , un stratège avec tout ce que cela comporte de grandeur mais aussi de failles et d'erreurs voilà qui est sacrilège (comme le fut Renan avec Jésus) ! Tant les fanatiques moutonniers et les rusés qui les manipulent ont besoin de légende et de mensonges pour justifier leurs appétits de pouvoir et de violence.
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Une bonne introduction, pour autant que je puisse en juger.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les versets haletants du début, hachés, concis au point d’en être extrêmement obscurs, pleins d’images syncopées d’une poésie saisissante, étaient déjà devenus, à Mekka, dans le récit de l’histoire des prophètes de l’ancien temps, plus longs, plus plats, plus précis. La narration ne peut conserver le style du lyrisme. Mais à Médine, à côté de morceaux qui rappellent encore heureusement les envolées mekkoises, on trouve surtout de filandreux et interminables articles de code, exhortations, protestations, proclamations d’un prosaïsme souvent pénible, encombrés de répétitions et de fautes de style. Il faut la foi des Musulmans pour y voir encore un chef-d’œuvre inégalable de la rhétorique universelle dont la perfection suffit à démontrer l’origine divine.

Que les Musulmans croyants qui peuvent lire ces lignes pardonnent ma franchise. Pour eux il s’agit du livre d’Allah et je respecte leur foi. Mais je ne la partage pas et je ne veux pas recourir, comme l’ont fait bien des orientalistes, à des formules équivoques dissimulant ma pensée. Cela permet de conserver plus facilement peut-être de bonnes relations avec les individus et les gouvernements qui professent l’Islam. Mais je ne veux tromper personne. Les Musulmans peuvent légitimement refuser de lire le livre, de prendre connaissance de la pensée d’un non-Musulman ; mais s’ils le font, il faut qu’ils s’attendent à y trouver des propositions qui, pour eux, sont blasphématoires. Je ne crois pas, évidemment, que le Coran est le livre d’Allah, sans quoi je serais Musulman. Mais le Coran existe et, m’étant intéressé à son étude comme bien d’autres non-Musulmans, il faut naturellement que je me l’explique.
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Faut-il donc abandonner une tâche désespérée, renoncer à écrire cette biographie, voire comme certain auteur soviétique parler d’un mythe de Mohammad ? Je ne le crois pas. Il nous reste le texte du Coran, très difficile à utiliser, le plus souvent énigmatique, demandant un long et incertain travail pour être ordonné chronologiquement. Mais c’est une base ferme, certainement authentique. Il nous reste les faits sur lesquels toutes les traditions s’accordent. Les premiers compilateurs arabes diffèrent (en partie) quant aux noms de ceux qui participèrent à la bataille de Badr, quant aux circonstances de la bataille et à ses préliminaires, à ses conséquences. Ils discutent entre eux sur ces points, reflétant les luttes des partis de leur temps. Mais de telles discussions ne purent avoir lieu que parce que tout le monde était d’accord sur le fait de la bataille de Badr, sur sa date (approximative au moins), sur son issue.
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Tandis que la Chrétienté voyait en lui l’archi-ennemi, malfaisant et lubrique, tandis que l’Islam célébrait en lui « la meilleure des créatures », des hommes venaient qui, concevant mal la foi religieuse et surtout cette foi-là, cherchaient à retrouver en lui un homme pensant et agissant sur le même plan qu’eux. Le comte de Boulainvilliers, au début du XVIII e siècle, célébrait en lui un libre-penseur qui créa une religion raisonnable. Voltaire, pour attaquer le christianisme, en fait un cynique imposteur, menant pourtant à l’aide de fables son peuple à la conquête de la gloire. Tout le siècle voit en lui le prédicateur de la religion naturelle et rationnelle, bien éloignée de la Folie de la Croix. Les Académies le célèbrent. Gœthe lui consacre un magnifique poème où, type même de l’homme de génie, il est comparé à un fleuve puissant. Les fleuves et les ruisseaux, ses frères, crient vers lui, demandent son aide pour les amener vers l’Océan qui les attend. Irrésistible, triomphant, majestueux, il les entraîne.

Und so tragt er seine Brüder,
Seine Schätze, seine Kinder
Dem erwartenden Erzeuger
Freudebrausend an das Herz.

Carlyle place parmi les héros de l’humanité cette grande âme en laquelle il reconnaît quelque chose de divin. Puis les savants viennent, vont aux sources, reconstruisent sa biographie d’après les historiens arabes de plus en plus profondément scrutés. A la fin du XIX e siècle, l’arabisant Hubert Grimme voit en lui un socialiste qui a imposé une réforme fiscale et sociale à l’aide d’une « mythologie », très réduite d’ailleurs, délibérément inventée pour effrayer les riches et emporter leur adhésion. Tandis que la plupart des orientalistes essayent de nuancer leur jugement et mettent au premier plan sa ferveur religieuse, haineusement le jésuite belge Henri Lammens, grand connaisseur des sources, nie encore sa sincérité. Les savants soviétiques discutent s’il fut réactionnaire ou progressiste. Les nationalistes, les socialistes, les communistes même des pays musulmans s’en réclament comme d’un précurseur.

Ainsi chacun a cherché en lui le reflet de ses inquiétudes et de ses problèmes ou de ceux de son siècle, chacun l’a amputé de ce qu’il ne comprenait pas, chacun l’a modelé selon ses passions, ses idées ou ses fantasmes. Je ne prétends pas avoir échappé à cette loi. Mais, si l’objectivité pure est impossible à atteindre, c’est un sophisme que de poser qu’il faut, en conséquence, être délibérément partial. Cet homme dont la pensée et l’action ont ébranlé le monde, nous savons bien peu de choses certaines sur lui. Mais, comme pour Jésus, à travers récits suspects et traditions boiteuses, on peut percevoir quelque chose qui est le reflet d’une personnalité singulière, étonnante pour les hommes ordinaires qui se réunirent autour d’elle. C’est ce reflet tel que j’ai cru l’apercevoir que j’ai essayé de fixer dans ce livre.
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Les descriptions de l’état des morts après le Jugement sont assez tardives dans le Coran. Les damnés seront dans la Géhenne (jahannam), autrement dit le Feu. Des anges seront affectés à la fonction de tortionnaires. On dirigera sur les malheureux, chargés de chaînes et de carcans, des jets de feu et d’airain fondu. Quand leur peau sera brûlée, une autre, toute neuve, la remplacera. Parfois régnera un froid terrible. Ils boiront une eau fétide, une boisson bouillante, mangeront du fruit de l’arbre zaqqoum, un fruit particulièrement amer. Tout cela dévorera leurs entrailles. En vain demanderont-ils aux Bienheureux de répandre sur eux un peu d’eau du haut de leur demeure céleste. Ceux-ci répondront négativement et railleusement avec la satisfaction sadique habituelle au privilégié qui se croit juste et estime, comme c’est le cas général, que ses privilèges sont mérités.
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Pendant ce temps, dans la maison de Mohammad, s'étaient réunis les gens de la famille. 'Ali le gendre, 'Abbâs l'oncle, Ossâma le fils du fils adoptif, Shoqrân un client. Ils méditaient de recueillir l'héritage du mort au bénéfice de leur clan, les 'Abd Manâf de Qoraysh. Mais ils n'avaient guère de partisans, quelques Qorayshites de bonne réputation : Talha, Zobayr, plus peut-être le compromettant Abou Sofyân. Des informateurs bien intentionnés leur rapportaient les échos de la réunion du hangar des Banou Sâ'ida. Ils étaient furieux et impuissants. Peut-être comptaient-ils prendre leur revanche un peu plus tard. Pendant des mois ils refusèrent de reconnaître Abu Bekr. Cette nuit-là, ils firent quelque chose d'anormal et d'inattendu. On pouvait s'attendre à ce que l'auguste cadavre fût enterré solennellement comme on l'avait fait maintes fois pour des morts moins importants, dans le cimetière de Baqî, à côté de son fils Ibrâhîm, de sa fille Roqayya, de tant d'autres Compagnons. Il semble bien que 'Ali, 'Abbâs et leurs amis voulurent éviter une telle cérémonie où Abou Bekr, dirigeant la procession funéraire, serait apparu comme le successeur désigné du prophète. On songe à Antoine aux obsèques de César, à Staline utilisant ainsi les funérailles de Lénine. Quoi qu'il en soit, ils décidèrent d'enterrer le prophète cette nuit-là même, dans la cabane où il était mort. On n'avertit même pas 'Aïsha (la fille d'Abou Bekr !) qui, dormant sans doute chez une co-épouse, entendit tout à coup le pic des fossoyeurs. On lava sommairement le cadavre, on l'entoura de trois manteaux, on le plaça au fond du trou et on lui jeta de la terre sur la tête. Ç'en était finit pour toujours de Mohammad ibn 'Abdallah le Qorayshite.
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