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Bernard Lesfargues (Traducteur)
EAN : 9782070779567
238 pages
Gallimard (30/03/2006)
3.83/5   56 notes
Résumé :
Traduit du catalan par Bernard Lesfargues
Avec la collaboration de Pierre Verdaguer

« Sans travail, sans rien en vue, j'ai fini de vendre ce qui me restait mon lit de jeune fille, le matelas du lit aux colonnes, la montre de Quimet que je voulais donner à Antoni lorsqu'il serait grand. Tout le linge. Les coupes, les tasses, le buffet... Et quand il ne me restait rien en dehors de ces monnaies qui me semblaient sacrées, j'ai fait taire ma fier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Natàlia est une femme simple, elle nous relate sa vie avec ses mots à elle, avec sa naïveté, avec parfois des expressions ou des associations surprenantes.
La trame du récit est simple également mais malgré une telle économie de moyens, Mercè Rodoreda arrive à lui donner une réelle force.

En toile de fond, la Catalogne, Barcelone, La Place du diamant avec laquelle Natàlia débute son récit et sa rencontre avec Quimet.
C'est elle qui nous conte son histoire, un peu à la manière d'un petit enfant, s'attachant à quantité de détails inutiles, sans vraiment comprendre le monde qui l'entoure, elle est dominée par son mari, n'a pas à le contredire même quand leur maison se transforme en gigantesque pigeonnier.
La guerre civile espagnole intervient mais dans la relation de Natàlia, elle est à peine évoquée, ce sont ses conséquences qui le sont.
le destin de cette femme n'a rien de réjouissant, même le Happy end final n'en est pas un.
Son destin m'a touché, il ne faut pas nécessairement des actions héroïques pour mériter le respect.
Il y a des pages d'une naïveté désarmante, une tournure de phrase qui l'est tout autant - je ne suis jamais arrivé par exemple à me représenter la maison qu'elle décrit méticuleusement à travers plusieurs pages.
Si ajoutent des pages emplies de ses angoisses, de ses hallucinations, c'est une femme oppressée par le monde hostile qui l'entoure.

Si la guerre n'est évoquée qu'à demi-mots, Mercè Rodoreda réussit à en souligner toute l'absurdité et tout le dommage qu'elle cause.
Il en va de même pour la paix, elle est revenue mais n'apporte pas d'amélioration.
Tragique destin de la Catalogne durant cette guerre et après la victoire de Franco.


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La vie quotidienne dans un quartier populaire de Barcelone, dans les années 30, à travers les yeux de Natalià, une jeune fille naïve. Les soirées dansantes sur la place du diamant, les marchés débordants de victuailles, l'odeur de la mer et puis la guerre civile, le chômage, la famine, les enfants adorés – ces deux petites fleurs - qu'il faut nourrir coûte que coûte.

L'amour pour Quimet, le menuisier aux yeux de singe, jaloux, colérique, méchant aussi, qui fera de Natalià une reine, une esclave, sa Colométa qui signifie en catalan une pigeonne … Justement, les pigeons, toujours plus nombreux, toujours plus envahissants, crottant, puants, bruyants, jusqu'à ce que Natalià décide de s'en débarrasser pour s'en libérer, à défaut de se libérer de son amour pour Quimet.

Très beau roman, aux décors regorgeant de détails peints avec les mots de Natalià, pleins de candeur, de simplicité et de réalisme. Ainsi, à son amie qui a passé une nuit très romantique avec son amant, elle dira : « J'aurais beaucoup aimé avoir une vie comme celle-là, si amoureuse , mais j'avais du boulot à nettoyer les bureaux et à ôter la poussière et à soigner les enfants et toutes les jolies choses de la vie, comme le vent et le lierre et les cyprès qui trouent l'air et les feuilles d'un jardin qui vont à droite et à gauche, c'était pas pour moi. »

Un roman important dans la littérature catalane, traduit dans une cinquantaine de langues, étudié à l'université, et encensé par les plus grands écrivains, dont Garcia Marquez…. Belle reconnaissance.

Des lectures qui se suivent et qui ne se ressemblent pas, quel bonheur que cette profusion de livres ! Une belle aventure aux côtés d‘une jeune femme du peuple.

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Ce texte de Mercé Rodoreda est une perle rare, connu pour être un chef-d'oeuvre de la littérature catalane, et c'est amplement mérité.

Tout commence sur la place du diamant du titre, quartier de Gràcia en plein coeur de Barcelone. Natàlia, jeune fille du peuple y fait la connaissance de Quimet, lors d'un bal. Elle devient, dès leurs premiers échanges, sa Colometa, sa petite colombe à lui.
La voix de la jeune Natàlia, sa spontanéité, sa candeur nous entraîne dans sa danse, celle d'une vie que l'on traverse sans jamais savoir où elle va nous mener.

L'autrice reconstitue devant nos yeux émerveillés le quotidien de Natàlia, ses noces, son appartement, puis les enfants, le pigeonnier que Quimet installe sur le toit, le travail de domestique dans une maison bourgeoise. Puis viennent la guerre civile, le
franquisme et toujours avec un réalisme troublant, Mercé Rodoreda retranscrit la souffrance, la misère, le désespoir qui s'empare de son personnage féminin, enfermée dans une vie qu'elle ne choisit pas.

L'autrice catalane réussit avec une force d'évocation bouleversante à dire les sentiments de Natàlia, sa solitude et son enfermement, alors que se déchaînent au-dehors le chaos des années d'après-guerre, et ce que ça lui fait, à elle, ces évènements qui se déchaînent, dans sa chair et dans son coeur.

J'ai été absolument envoutée par cette écriture brute, par cette voix singulière qui construit dans une succession de tableaux regorgeant de détails, le témoignage d'une femme simple, dans son humilité et sa beauté profonde. Un coup de coeur!
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L'histoire est simple, la vie de Natàlia, fille du peuple, habitant un quartier de barcelone. Nous apprenons qu'elle a perdu sa mère jeune, son père s'est remarié et elle travaille dans une pâtisserie.
Tout commence le soir où elle va, accompagnée de son amie Julieta, à la tombola des cafetiers, place du diamant. Un jeune homme, Quimet aux yeux de singe, danse avec elle, elle lui apprend qu'elle est fiancée, il répond en riant que dans un an elle sera sa femme, sa reine.
Ensuite nous les suivons, le mariage, les naissances, dans un décor de guerre civile, la dureté de la vie, les craintes, la faim, ….

Ce roman dans une écriture simple, poétique, nous plonge dans les années noires qui suivent la victoire du franquisme. J'ai eu l'impression de vivre auprès de Natàlia, un grand roman, un plaisir de lecture rare à ce niveau qui me donne envie de lire ces autres livres.


Mercè Rodoreda est née à Barcelone en 1909. Elle publie à l'âge de vingt-trois ans son premier roman, Aloma, qui obtient le prix Creixells en 1938. Après la guerre d'Espagne et la défaite de la République, elle quitte Barcelone, prenant le chemin de l'exil. Elle s'installe d'abord en France, puis à Genève. de retour en Catalogne dans les années soixante-dix, elle meurt à Gérone en 1983. Outre La place du Diamant qui lui assure une renommée internationale - le livre sera traduit dans plus de trente langues - elle a publié Vint-i-dos contes, prix Victor-Català 1957, Rue des Camélias, qui a reçu le prix San Jordi, la plus haute récompense littéraire catalane, et le prix Ramon Llull en 1969. Parmi ses autres oeuvres, figurent en 1974 Mirall trencat (Miroir brisé), non traduit en français à ce jour, et La muerte i la primavera (La mort et le printemps), paru à titre posthume en 1986
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Ce livre est considéré comme un chef d'oeuvre écrit par cette auteure catalane à Génève, pendant son exil (1962), c'est un texte très important de la narrative catalane de la période de la post guerre civile espagnole.
Je trouve qu'elle offre plusieurs niveaux de lecture et qu'elle est riche en symboles et métaphores.

Entre autres, c'est un roman de formation où nous suivrons pas à pas la vie de Natalia entre les années 1928 et les années 50. Ceci correspond historiquement à la Seconde République, en passant par la Guerre Civile et jusqu'à la post guerre. Mais c'est aussi un roman psychologique, un roman social et un roman de moeurs.

Natalia vit avec son père, remarié et travaille dans une confiserie. Un jour de la Fête de St Jean elle fera la connaissance, Place du Diamant de Quimet, un ébéniste qui décidera sur le champ de la courtiser puis de l'épouser. En ce faisant, il s'approprie de la vie de Natalia et décidera de tout y compris de changer son prénom par celui de Colometa ce qui veut dire en catalan petite colombe.
Colometa donc, vivra enfermée entre quatre murs avec son mari et bientôt deux enfants. Quimet décidera d'élever des pigeons sur leur terrasse envahissant ainsi le seul espace libre de Colometa. Ces pigeons sont tellement envahissants que Colometa/Natalia va bientôt les détester et faire tout son possible pour entraver leur élevage.
Ce sera le premier acte de rébellion de Colometa vers une reprise en main d'une certaine personnalité.
Quimet partira dans le camp républicain pendant la Guerre Civil et ne reviendra pas. Colometa va connaître la misère et la faim pendant cette période, à tel point qu'elle pense sérieusement se tuer avec ses enfants. le destin fait qu'un épicier du quartier verra à quel point elle est acculée à la misère et lui proposera du travail.
Natalia épousera cet homme qui est seul et estropié et ne pourra jamais avoir une famille. Ils formeront ainsi avec lui une famille "toute faite" et connaitront des jours meilleurs.

Au début du roman Natalia vit dans des espaces fermés et à la fin, l'éclosion de sa personnalité nécessite en revanche des espaces ouverts si possible avec des fleurs et de la verdure (passion de Rodoreda).
Beaucoup de symboles dans ce roman. La Place du Diamant pour commencer est le symbole de la liberté pour Natalia, elle qui vit recluse entre l'appartement de son père et la confiserie où elle travaille, puis dans l'appartement du mari, la maison où elle est servante et l'appartement du deuxième mari.
Les pigeons ne sont pas symbole de liberté mais ils sont ici symbole d'assujettissement et fragilité puisqu'ils sont captifs comme elle.
La construction du pigeonnier avec les diverses variétés de pigeons sont un symbole du microcosme social dans lequel évolue Colometa.
Les espaces domestiques de Colometa sont totalement fermés contrastant avec les espaces ouverts des personnages masculins.
Les rues dans le récit représentent une force sociale à laquelle Colometa a peur de se frotter d'où sa réclusion.

Un livre de lecture complexe écrit en grande partie avec un monologue intérieur dans un style assez simplet mais seulement en apparence.

Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il ne restait plus qu’à acheter l’acide chlorhydrique. Quand ils dormiraient, l’un après l’autre, je leur mettrais l’entonnoir dans la bouche et je verserais l’acide dedans. Après je ferais pareil pour moi et comme ça on en finirait, tout le monde serait content, on ne faisait de mal à personne et personne ne nous aimait.
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Par dessus les voix qui venaient de loin et qu’on ne comprenait pas s’est élevé le chant des anges, mais un chant d’anges en colère se fâchant après les gens et leur expliquant qu’ils étaient en présence des âmes de tous les soldats morts à la guerre et le chant leur disait de regarder le mal sue Dieu faisait verser de l’autel, que Dieu leur montrait le mal commis afin que tout le monde se mette à prier pour en finir avec le mal.
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C’est alors, je m’en suis toujours souvenue et je m’en souviendrai toujours, qu’il m’a embrassée et quand il a commencé à m’embrasser j’ai vu Notre-Seigneur tout en haut dans sa maison, dans un nuage enflé avec une bordure couleur mandarine qui se décolorait peu à peu d’un côté , et Notre-Seigneur a ouvert tout grand les bras, il les avait très longs, et il a attrapé les bords du nuage et les a refermés comme s’il s’enfermait dans une armoire.
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Je me souviens encore de cet air frais, un air frais que, j’ai beau y songer, je n’ai plus jamais senti. Jamais plus. Mêle à l’odeur des feuilles tendres et des boutons de rose, un air qui s’est enfui ; et tous ceux qui sont venus après n’ont jamais été comme l’air de ce jour qui a fait une telle coupure dans ma vie, parce que c’est en avril et dans le parfum des fleurs non écloses que mes petits malheurs sont devenus grands
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J'ai senti très fortement le passage du temps. Pas le temps des nuages et du soleil et de la pluie, ni celui des étoiles qui ornent le firmament, pas le temps des printemps à la saison printanière ni le temps des automnes à la saison automnale, pas celui qui met des feuilles sur les branches et puis les arrache, ni celui qui frise et défrise et colore les fleurs, mais le temps en moi, le temps qu'on ne voit pas et qui nous pétrit. Le temps qui tourne et tourne dans le cœur et le fait tourner et qui nous change de l'intérieur et de l'extérieur, patiemment, et nous rend tels que nous serons au dernier jour.
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Vidéo de Mercè Rodoreda
Introduction à la vie catalane Vidéo sur la vie et oeuvre de l'écrivaine catalane par excellence du XXe siècle.
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