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EAN : 9782844206336
143 pages
Editions Thierry Magnier (17/03/2008)
3.69/5   61 notes
Résumé :
Tu es mon père et je te crains. "Il faut". "On doit". "On ne peut pas"... Ta religion ne sait se décliner qu'en interdits. Tu ne nous éduques pas, tu nous dresses. Tu ne nous élèves pas. Tu nous rabaisses. Je suis petite et Dieu est grand. Maman parle de moins en moins. Elle a des silences de douleur, qui nouent le ventre à peine on la regarde. Mais moi je grandis, et mes questions grandissent avec moi. Quel est ce Dieu de foudre et de colère, qui aime aussi peu ses... >Voir plus
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Quand on est une fillette de dix ans qui voudrait rire mais doit se taire, trouver des réponses mais doit attendre, recevoir de l'amour mais doit s'en passer, c'est une triste réalité. le père de cette fillette, curé ne prêche que la parole du seigneur, parole de l'évangile poussé à l'extrême et souvent révisé à sa sauce. Il contraint sa femme et sa fille à prier et à s'en remettre à Dieu pour avancer dans la vie. Nulle place pour ce qui fait le charme d'une famille aimante. Prie ma fille et tu gagneras ton salut.

Dans un monologue glaçant, la fillette observe ce petit monde de bons chrétiens qui prient dans le vent en piétinant leurs prochains. Puis, elle commence à douter. Et enfin elle cesse de croire. Car le Dieu de son père est méchant, cruel et dénué d'amour et de bienveillance.

Et tu te soumettras à la loi de ton père est le réquisitoire désabusé contre le fanatisme religieux. Qui monte crescendo dans les yeux d'une innocente qui s'insurge d'un Dieu qui tue, blesse et offre une haleine de chacal à son propre père.

Un très bon livre percutant, incisif, intelligent.
Croyants ou athées, il ne devrait y avoir qu'une seule voie, celle du coeur. On gagnerait tous à s'occuper de plus malheureux que soi. Si chacun pouvait comprendre cela, il y aurait sûrement moins de drames dans la société.
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« Dieu est Amour, Dieu est Lumière. » ♪♫
Pas pour tout le monde.

Dans l'album 'Paroles d'honneur' (Leila Slimani & Laetitia Coryn), il apparaît que la religion au Maroc est associée à la peur - au moins pour les femmes.
Et dans ce roman de Marie-Sabine Roger, Dieu est rigueur, austérité, punition, ténèbres, mystère.

Comme sa mère et le reste de la fratrie, la jeune narratrice, petite Française des années 50-60, est écrasée par la tyrannie d'un père catholique intégriste :
« Tu ne nous éduques pas, tu nous dresses.
Tu ne nous élèves pas. Tu nous rabaisses. »

Quand le père est là, on ne joue pas, ça fait du bruit ; on ne parle pas, les propos d'un enfant sont 'oiseux' ; on ne pose pas de questions, 'tout est mystère', Dieu l'a voulu ainsi, Amen !
Et on prie.
La mère rase les murs, ne s'autorise à chanter et rire que lorsque le père s'absente quelques jours.
La vie change, le soleil entre, enfin.

Intelligente et curieuse, la fillette interprète à sa façon, décortique les paradoxes, se rebiffe en douce, sait qu'elle se démarquera de cette voie.
Avec ce 'tu' accusateur, lourd d'incompréhension et de déception, elle s'adresse à son père. Et indirectement à ce Dieu qui fait barrage à l'amour, à la vie. On reconnaît le Dieu de l'Ancien Testament, sadique, sans pitié, vengeur, qui distribue des 'épreuves' - tel que l'Eglise l'a présenté à de nombreuses générations avant nous (et à tous les fidèles, pas seulement aux intégristes… et 'fidèles', on l'était tous, d'une génération à l'autre, pas le choix).
« Pendant qu'un Abraham, ivre de sacrifices
Offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils. » ♪♫
(Hubert-Félix Thiéfaine, 'Demain les Kids', 1990).*

Superbe texte, percutant, avec des paroles et questionnements d'enfant auxquels on croit (c'est rare).

J'ai plus ou moins apprécié les comédies de Marie-Sabine Roger.
En revanche, cette auteur me touche lorsqu'elle s'empare de sujets graves et les traite avec sérieux.
Pour la découvrir dans ce registre, lire : 'Les encombrants', 'Attention fragiles', 'Un simple viol', et bien sûr ce 'Et tu te soumettras...'.
_____

■ Quelques extraits :

« La foi, entre les mains d'un homme comme toi, c'est une arme de poing.
Une arme blanche.
Elle fait infiniment plus de mal que de bien. »

« Je déteste ton Dieu rigide, s'Il ne t'a pas donné la force d'être faible, ni de prendre un instant ma mère dans tes bras. »

« La charité chrétienne, c'est répondre 'courage !' à quelqu'un qui vient chercher secours.
Et puis fermer sa porte, à double tour. »

« Je sais déjà que dureté ne veut pas dire force. J'aurais besoin d'un autre père, plus sensible, qui n'ait pas honte de ses larmes et soit capable d'en verser. Un père qui me montre ce que c'est qu'être humain, et me fasse grandir, de le savoir faillible. »
____

* https://www.youtube.com/watch?v=n5G6hUxEEro
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Et tu te soumettras à la loi de ton père...
Et tu écouteras religieusement les paroles de ton père...
Et tu te plieras aux ordres qu'il te donne...
Et tu te tairas quand il te dira de la fermer...
Et tu aimeras ton petit frère qu'il n'arrive pas, lui, à prendre dans ses bras...
Et tu marcheras droit..
Et tu courberas l'échine...
Et tu prieras son Dieu tous les soirs...
Et tu regarderas, impuissante, les larmes de ta maman...
Et tu ne comprendras pas pourquoi ce père est si injuste...
Et tu iras à l'école...
Et tu découvriras le monde...
Et tu ne te soumettras plus à la loi de ton père...

Marie-Sabine Roger nous livre un monologue très fort sur la relation entre cette petite de dix ans et ce semblant de père qui fait régner la loi à la maison. Ses silences si pesants, ses regards si perçants, ses lois qu'il impose, son désamour pour sa famille et son Dieu qu'il vénère par-dessus tout. Des mots crus, accrocheurs, parfois violents ou révoltants envers cet homme, autoritaire, froid et cynique. Des phrases incisives, des chapitres très courts, des sentiments très forts de soumission puis de révolte. Bien loin de ce que j'ai découvert de Marie-Sabine Roger, elle dépeint ici avec force et émotion le monde de cette petite fille qui voudra voir le monde et connaître l'amour.

Et tu te soumettras à la loi de ton père... et tu ne l'oublieras pas...
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Une petite fille de dix ans en proie à des tonnes de questions auxquelles personne ne répond.
Son père est un catholique intégriste, froid, rigide, un dictateur de la religion.
Rire, parler, s'amuser, faire du bruit, ce n'est pas permis.
Prier, se repentir, ça oui, seulement ça.
Sa mère, son frère, sa soeur courbent l'échine, mais en elle c'est le tumulte.
Plus elle grandit, plus elle comprend, plus elle a envie de fuir toute cette hypocrisie.
Fuir ce père oppresseur et tyrannique.
L'ignorance et le silence la mettent à l'écart de la vraie vie.
Un magnifique portrait de petite fille à qui on vole son enfance.
La religion extrême, catholique ou autre, peut-être une de ces formes d'entrave à l'enfance.
C'est à la limite du supportable cette enfance bafouée.
Il faut tout le talent de Marie-Sabine Roger pour si bien rendre les sentiments de cette petite fille.
Toujours avec cette écriture fluide mise au service des sentiments.
Ce roman, c'est le long monologue qu'une fillette révoltée adresse en silence à son père imbu de Dieu et privé de toute émotion et de toute compassion.
Malgré la soumission imposée, la révolte ouvrira la porte de la liberté.
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C'est un récit très sombre que nous propose ici Marie-Sabine Roger pour dénoncer la froideur et le "dénuement émotionnel" dans lequel vit cette fillette dont la famille est toute entière dominée par l'austérité d'un père catholique intégriste.

A travers le regard de la narratrice, on découvre le mauvais côté de la religion (de n'importe quelle religion), une forme d'autoritarisme faite d'injonctions, de peur, de menaces, d'intolérance, de fatalisme…

J'ai été émue par l'incompréhension totale dans laquelle baigne la fillette puisque personne ne répond à ses questions, ou alors par des extraits de la bible qui collent plus ou moins au contexte et qui la laissent seule avec ses interrogations.

En choisissant de rédiger son texte à la deuxième personne, l'enfant s'adressant directement à son père, l'auteur a employé un procédé que je n'aime pas tellement de manière général, ce qui fait que j'ai parfois eu un peu de mal avec ce court roman malgré la force de son message.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Quand tu dis que Fabien est idiot, ça fait pleurer maman.
Faire pleurer maman, est-ce que c'est un péché ? Est-ce que c'est un péché, quand tu lui dis :
- Ma pauvre Jeanne, tu sais bien que c'est un idiot, un dégénéré ! Quand vas-tu l'admettre, à la fin ? Un jour, nous serons obligés de le mettre dans un centre.
Le centre, c'est la même chose que le milieu.
M. Willerbach dit toujours que dans la vie, il faut savoir trouver le juste milieu.
Et quand la maîtresse parle de moi avec la directrice, elle répète, au-dessus de ma tête :
- Pauvre petite, c'est compliqué, quand on voit son milieu familial.
On va mettre Fabien dans un centre, c'est à dire au milieu, c'est à dire entre nous.
On fera une ronde, on le protégera de tout. C'est mon petit frère et je l'aime.
On va le mettre dans un juste milieu.
Familial.
(p. 58-59)
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Il faut aimer Dieu, Le servir en tous lieux. Il est amour, il faut être amour comme Lui.
Dieu est infiniment miséricordieux : on peut faire la guerre, envoyer la famine à tous les petits Nègres ou les petits Chinois - qui sont quand même les enfants du Seigneur, dans une moindre mesure -, on peut dire du mal de sa voisine, taper sur son épouse à coups de ceinturon comme M. Brachard (qui est un bon chrétien par ailleurs), Dieu comprend ça, et le pardonne.
Mais si je ne crois pas assez fort en Lui, Il le saura.
Il est bon : Il me punira.
Et ça, je ne le comprends pas.
(p. 37)
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J'apprends à garder le silence, à penser pour moi seule, à ne plus partager. Je fais semblant, aussi. Je comprends que grandir, c'est apprendre à mentir.
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La foi, entre les mains d'un homme comme toi, c'est une arme de poing. Une arme blanche. Elle fait infiniment plus de mal que de bien.
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Es-tu vraiment mon père ? Oh oui, tu l'es certainement. J'ai beau rêver parfois d'être une enfant trouvée, laissée là par un cirque, je ne peux pas me mystifier moi-même.
Nous avons en commun cette peau blanche, ces yeux pâles. Ces mains aux doigts très longs, bleutés, aux phalanges creusées qui se renflent aux jointures, et aux ongles carrés. Ce dos un peu voûté, ces épaules étrécies.
Nous partageons ces quelques ressemblances qui font de mon reflet mon premier ennemi.
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Videos de Marie-Sabine Roger (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Sabine Roger
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.
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