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EAN : 9782330014445
112 pages
Actes Sud (09/01/2013)
3.89/5   49 notes
Résumé :
Juliette est une gamine un peu particulière, ballottée entre le foyer des Bleuets et sa famille d'accueil. Elle vit dans son monde intérieur, où les mots sont réinventés, réappropriés.
Etienne est un simple d'esprit qui trouve refuge dans la niche de la vieille chienne Calamine, mère de fortune qui peu à peu lui fait prendre goût à la vie.
"Je suis plein d'autres aussi" et "La théorie du chien perché" sont deux histoires d'être rêveurs, aussi fous qu'a... >Voir plus
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Moi-Juliette-Tromoche-Mabikette-Poussin-Juju-Princesse-Toi-La pauvre quel dommage-Mon bébé-Petites-Z-Oreilles... C'est comme ça qu'elle s'appelle. Un peu long, certes... Juliette (c'est le prénom sur sa gourmette) est autiste. Loin de chez Papa-Maman, elle partage ses journées entre sa famille d'accueil, chez Lucile et Mathieu, et le foyer des Bleuets. Poings en boule-pouces dessus, Juliette fait clic-clac-clic-clac-clic-clac avec les interrupteurs, taptaptaptap sur le mur, se balançoire dix fois et compte tout. Et un et deux et trois et quatre et cinq et...
Étienne, enfermé dans sa bulle, ne parle pas. Il vit avec sa maman et son grand frère, Jean. Mais, Maman Lilette, dans son lit, devenait de plus en plus petite. Si petite qu'il avait du mal à la voir. Et, puis, d'un coup, elle a arrêté de bouger. Étienne s'est senti bien seul, surtout que Jean, lui, est parti...

Marie-Sabine Roger, tout en finesse et bienveillance, dresse le portrait de deux jeunes pas comme les autres. Juliette est autiste. Étienne, lui, simple d'esprit. Dans ces deux nouvelles, écrites à la première personne, l'auteure se met dans la peau de chacun d'eux et dépeint leurs émotions et sentiments. Des sentiments si forts, si réels pourtant alors qu'autour d'eux, l'on peine à les discerner, les comprendre, allant jusqu'à les dénuer d'émotions. Il ressort de ces deux nouvelles beaucoup de tendresse, d'émoi, d'humanité et d'amour. Deux portraits lumineux, terriblement attachants et émouvants que Marie-Sabine Roger dessine intelligemment et avec justesse. À la fois légère et profonde, inventive, sa plume sublime ces deux êtres si singuliers.
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La petite Juliette vit chez Lucile et Mathieu, une famille d'accueil et ce n'est pas toujours facile pour elle, elle interprète tout, compte toutes les choses qui l'entourent, ressent avec démesure tous les sentiments des personnes qu'elle côtoie, car la petite Juliette est autiste. Pas facile de communiquer le trop plein de ses sentiments quand les mots restent coincés dans sa bouche et qu'elle se sent enfermée...
Quant à Etienne, qui habite chez sa maman, il ne comprend pas pourquoi elle ne bouge plus, elle est toute mince sous les couvertures et c'est Jean son frère qui s'occupe de lui, mais Jean n'est pas très gentil et patient, et puis lui aussi a disparu, alors Etienne doit se débrouiller tout seul...

Deux textes courts et très forts dans lesquels Marie-Sabine Roger, avec le premier texte 'je suis plein d'autres" et avec tout son talent, arrive à décrire l'enfermement de l'autisme et les perceptions déformées que perçoivent probablement les personnes atteintes de ce handicap. Une plongée dans un monde de peur, de craintes, de rituels, exprimés avec des mots d'enfant qui font mouche.
Avec le deuxième récit La théorie du chien perché, c'est la voix d'Etienne que l'on entend, Etienne est attardé mental, et, à la mort de sa mère, est pris en charge par son frère, peu enclin à accepter cette charge de famille... de nouveau le grand talent de Marie-Sabine Roger nous fait pénétrer dans les mondes de Juliette et Étienne, deux enfants différents qu'elle arrive à faire parler avec leurs mots et leurs gestes d'enfant, dont elle endosse complètement l'état d'esprit, les réactions et les attitudes de personne pas tout à fait comme les autres.
Deux très beaux récits, sensibles et intelligents.
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La première des deux nouvelles, la plus longue, " Je suis plein d'autres aussi",est bouleversante. L'auteure, avec toute l'empathie qu'on lui connaît, fait entrer le lecteur directement, par un récit à la première personne,dans les pensées d'une petite fille très attachante, pas comme les autres,qui vit dans une famille d'accueil et voit ses parents de temps en temps : Juliette.

Ou Juju, ou Tromoche ou Mabikette, ou...c'est un vrai remue-ménage dans sa tête! Elle ne parle pas, n'arrive pas à communiquer avec son entourage ( et pourtant quelle vie intérieure, quelle imagination!) , elle a des TOC , se balance, crie quand elle n'arrive plus à contrôler ses émotions...

Je suis admirative de constater, une fois encore, combien l'auteure arrive avec finesse et intelligence à transcrire la parole de cette enfant, à nous faire entrer dans son monde si particulier, où les mots sont transformés, réinventés, ou elle n'aime pas, par exemple " petipas-fourmisser dans ce couloir du haut" ,où " elle trouille dans le noir"...

Certaines réflexions de Juliette sont poignantes:" Pourquoi c'est toujours difficile? Pourquoi c'est toujours des lapins enfermés dans des cages ou des livres, des Tania qui crient, des mots coincés qui peuvent pas sortir?"

Heureusement, l'humour est présent et allège un peu le propos. C'est plus le cas encore dans la deuxième nouvelle qui a donné son nom au livre.Etienne est tout aussi attachant, il est ce que l'on appelle " un simple d 'esprit " , je dirai plutôt un innocent, un pur. A la mort de sa mère, il se retrouve bien seul ...dans la niche de la chienne. Mais la fin est plus gaie et porteuse d'espoir...

Toute la générosité, l'humanité de l'auteure se retrouvent ici, on aime d'emblée Juliette et Etienne, éclopés de la vie peut-être mais si riches intérieurement , si beaux. Et qui nous apprennent a envisager les choses autrement.
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J'étais en vacances quand j'ai rencontré Juliette, une petite fille pas comme les autres. Juliette, c'est le prénom de sa gourmette, mais elle est plein d'autres aussi… Poussin, chez son papa et sa maman, Juju au foyer des bleuets, Mabikette pour Lucille qui est sa famille d'accueil, La Pauvre pour beaucoup … et Tromoche, dans le miroir de la salle de bains, les jours où elle est mal, toute enfermée dedans l'intérieur de sa tête comme elle dit. Ou plutôt comme elle ne dit pas, Juliette ne parle jamais même quand elle deviendra aussi Toi pour une mamie qui partage sa maison d'accueil… Juliette… elle a une voix dans sa tête, une voix pour se sentir mal… une voix qui la trouille…
Mon avis : Je le dis… Non, je le dis pas… Et pas et pas… Toucher ce clavier, faire ma critique… oui mais si ça a changé depuis la dernière fois… je me suis bien lavé les mains au savon, j'ai frotté tous ces doigts et encore et encore, le dessus des mains c'est très important le dessus, mais aussi le dedans parce que c'est très important le dedans aussi, le dedans des mains. Alors il faudrait recommencer si ce clavier était plein du sale qu'on voit pas, du sale des microbes… Si c'était une attrape… Ça me touille, ça me trouille tellement… J'ai fait mes tours de chaises : trois, deux et trois ; j'ai tapoté sur la table Tiptaptiptip Taptip ; maintenant je me balançoire dix fois, je tiens mes poings en boule – pouce dessus… il faut que je compte quelque chose de simple pour ne plus entendre plein de Bruits qui me trouillent et de Rien qui fait peur… les rangées du clavier par exemple… et si ça suffit pas toutes les touches qu'il contient… il faut petipas-fourmisser à reculons en tapotant le mur jusqu'à l'ordinateur, en tapotant le mur à chaque endroit permis pour éviter le sale qu'on voit pas et toutes les attrapes.
Je le dis… Non, je le dis pas… Et pas et pas… mais si je le dis pas, Juliette sera toute seule emprisonnée dans son livre, ça va lui faire nuit, ça va lui faire comme d'être écrasée dans les pages avec un dos et un ventre de livre en carton dur, qui la serrent, qui l'appuient de partout… Et cette fillette toute seule... qui crie... mais personne l'entend. Alors oui, je le dis très fort, ce nouveau coup de coeur pour l'écriture de Marie-Sabine Roger et cette immense tendresse qu'elle a fait naître en moi pour une petite fille pas comme les autres, pour une petite Juliette qui est plein d'autres aussi. Je crois bien, je suis sûre, que je ne suis pas prête de l'oublier !
Public : deux nouvelle pour adultes et jeunes adultes
Nota bene : à propos de la première nouvelle, intitulée " Je suis plein d'autres aussi "
Lien : http://noslivresnosemotions...
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Décidément, Marie-Sabine Roger est un auteur que j'affectionne particulièrement. Elle a le don de toujours faire remuer quelque chose en moi. Les deux nouvelles qui composent ce livre sont plus que touchantes. Bouleversantes. Mais sans jamais tomber dans le larmoyant, grâce à cet humour qui la caractérise.
Je trouve que cet écrivain, qui connaît bien la nature humaine, met toujours le doigt dessus. Avec des mots simples, une petite phrase. Paf ! On comprend tout de suite tous les sentiments qui entourent ses personnages. Qu'ils soient bons ou mauvais.

Ici, je trouve qu'elle a fait très fort, car dans la première nouvelle, elle arrive à faire parler une petite fille atteinte d'un handicap mental très lourd. Je ne sais pas le nommer, c'est une enfant qui ne parle pas (mais beaucoup dans sa tête!), qui ne regarde pas les gens dans les yeux (mais qui voit tout et tout le monde), qui pousse des cris (mais c'est normal; elle a peur des poussins sur le papier-peint de sa chambre, mais personne ne s'en rend compte!).
Dans cette nouvelle, on sent également l'impuissance des parents et leur désir de faire plaisir à leur enfant malgré l'absence totale de réaction. On la sent, leur douleur.

Pour la seconde nouvelle, le fond de l'histoire est d'une tristesse ! Et en même temps, toute emplie de gaieté ! Difficile à exprimer cette contradiction.
Etienne est un grand gaillard qu'on appellerait un simplet. En fait, c'est un petit garçon dans un corps d'homme. Il aime tout, Etienne ! La bonne soupe de maman Lisette, le chien du jardin, ses petits cousins qu'il porte sur son dos. Par contre, il n'aime pas les gifles de son grand frère, Jean. Et quand maman Lisette devenue vieille, disparaît, qu'il se retrouve seul suite au départ de son frère, qu'est-ce qu'il fait Etienne ?
Je n'en dirais pas plus parce que La théorie du chien perché vaut vraiment la peine d'être lue !
Mais si, allez, il n'y a que 35 pages; ça ne vous prendra pas longtemps.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi c'est toujours difficile ? Pourquoi c'est toujours des lapins enfermés dans des cages ou des livres, des Tania qui crient avec leur grande bouche, des mots coincés qui peuvent pas sortir, des mamies qui restent pas avec moi qui s'en vont [.......].
Pourquoi c'est toujours toujours toujours si difficile ? [le troisième toujours est en italiques dans le texte]
Pourquoi ça peut jamais aller un peu seulement bien ? [bien est en italiques dans le texte]
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]
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Maman, elle était gentille, mais toujours à s'inquiéter de rien. Elle pensait de ces choses, on savait pas pourquoi. Que j'étais malheureux, par exemple. Elle disait 'Pauvre gosse, dire qu'il va jamais connaître le bonheur !'
A ce moment de ma vie, moi je m'en tapais un peu de pas connaître le bonheur. Vu que je connaissais la soupe, les chansons de maman, et que des choses intéressantes comme dormir dans la meule de foin, ou dénicher les oeufs des poules, ou monter derrière sur le camion de Jean pour aller au village et crier bien fort tout du long.
Alors qu'est-ce que j'en aurais eu à foutre du bonheur, si je peux dire ?
(p. 83)
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Quand je faisais des bêtises, avant, maman, elle se fâchait après lui :
- Arrête de taper ton frère, il le fait pas exprès, tu le sais bien ! c'est pas en lui tapant dessus que tu lui feras comprendre les choses ! il faut bien lui laisser faire un peu son expérience...
C'est sûr. Moi, il m'a souvent tapé, mais j'ai jamais compris pourquoi.
En tout cas, quand j'ai plus vu Lilette, quand j'étais tout seul avec Jean, la vie était pas pareille, du tout. C'était nouveau, comme expérience.
(La théorie du chien perché).
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Moi, des fois, j'aime les bisous. Ou alors pas. Quand c'est des bisous d'arrivée je les aime. Quand c'est des bisous de partir, j'aime pas. Et pas. Et pas. [Et pas. Et pas. en italiques dans le texte]
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]
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On a fini le « mais soudain ». Cette mamie tourne la page.
« C’est alors que… »
Elle lit bien cette mamie elle s’arrête quand ça tape dedans le cœur – je suis pas mal juste ça tape – c’est du tape qui fait du bien – cette histoire de cette mamie c’est troooop bien.
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]
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Vidéo de Marie-Sabine Roger
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.
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