Il était une fois
Noé, patriarche biblique, héros de la Genèse, qui, avec une confiance immense en Dieu, construisit une arche pour sauver ses hommes et ses bêtes de la furie des éléments.
Il était une fois une famille de bobos parisiens - oh, mais non, on disait "une famille de la bonne bourgeoisie parisienne" au début du XXème siècle - qui, surprise par une montée inexplicable des mers, dût prendre la route des Alpes pour garder la vie sauve.
Des siècles séparent ces deux récits qui ont en commun la tragédie et la détermination des hommes pour survivre face aux catastrophes naturelles.
Il était une fois Un nouveau déluge écrit par
Noëlle Roger, auteur suisse prolifique dont je n'avais pourtant jamais entendu parler. Bien établie dans un début de XXème siècle d'après-guerre, elle a laissé sa plume retranscrire les peurs d'une époque, les espérances d'un futur proche, les bienfaits de la solidarité humaine et les questionnements des hommes face à Dame Nature.
Cent ans plus tard, ce texte est d'une actualité rare.
Avec le recul, je peux même presque dire que ce roman d'anticipation est une prophétie de ce qui va advenir si nous ne décidons pas de changer radicalement de vie et de mode de consommation.
Le Nouveau déluge est également une invitation à réfléchir à la question du bonheur. Sommes-nous plus libres et vivants lorsque nous devons rassembler nos forces et retrouver les instincts de nos ancêtres des tout premiers temps ou lorsque nous lézardons sur une plage paradisiaque ou que nos habitons les hôtels de luxe les plus prisés de la planète ?
J'ai hésité de nombreuses années à me plonger dans la lecture de ce roman. La science-fiction et les romans d'anticipation ne sont vraiment pas ma tasse de thé. Mais la perspective d'accompagner les personnages à travers mes Alpes valaisannes tant aimées qui font office de décor et d'héroïnes aux pouvoirs infinis, a fini par faire taire mes peurs les plus farouches. Heureusement !!!
Car j'ai été séduite par cette lecture.
Noëlle Roger a une plume descriptive précise, décapante qui laisse transparaître un certain sens de l'humour entre les lignes sérieuses voire dramatiques. Elle connaît les Alpes, les a fréquentées, a certainement entrepris randonnées, bivouacs, estives et stages de survie. Derrière ses mots, on sent une femme de caractère, une féministe avant l'heure, une passionnée de nature et de littérature.
Rien de tel pour que je succombe au charme de cette oeuvre qui m'a fait rêver au coeur de ce Vallon de Susanfe qui mérite que je lui accorde une petite visite l'été prochain.