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EAN : 9782268029429
300 pages
Les Editions du Rocher (15/05/1998)
3/5   1 notes
Résumé :


Fin décembre 1989. En même temps qu'il assiste en direct à la chute du tyran Ceaucescu, le monde découvre la détresse d'un peuple et d'un pays dévasté par vingt-cinq années de dictature.

Un convoi improvisé par des Corses venus de tous les points de l'île atteint une des régions les plus désolées de la Roumanie, loin des pistes toutes tracées de l'humanitaire. Toni le trafiquant d'armes, Cignalone le combattant clandestin, Lucien le va... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'attendais beaucoup de ce roman, car j'apprécie Jean-Claude Rogliano et me suis délectée à la lecture et la relecture de "Mal Concilio"... de plus, cette oeuvre "Visa pour un miroir" est très recherchée sur le marché du livree d'occasion et se négocie à des prix faramineux. Alors, je dois avouer ma déception et mon sentiment très mitigé en le parcourant. Jean-Claude Rogliano établit une comparaison entre la Corse qu'il a connue pendant son enfance et tout de suite après guerre et la Roumanie exsangue après les années Ceaucescu. le convoi humanitaire parti de Corse après la révolution roumaine découvre un pays où les habitants sont dans le plus grand dénuement rappelant à l'auteur certains quartiers miséreux de Bastia dans les années 1930-1940. Je conçois cette comparaison et cette trame du roman. Mais je reprocherai cependant à l'auteur de trop déborder sur l'histoire plus contemporaine de la Corse, avec des longueurs, des redites, des pages en trop. Il y a trop de politique à mon goût dans cet ouvrage. Et je ne crois pas que l'évocation des événements d'Aléria, du plastiquage du relais de télévision du Pigno, au-dessus de Bastia, ou l'évocation du dynamitage d'une villa occupée par des enseignants continentaux avaient leur place dans ce roman et apportent un plus à cette oeuvre... où la misère dépeinte en Roumanie est assez criante de vérité et où celle qui sévissait à Bastia parle aussi... Mais dans les années 30 et de l'après-guerre cette misère sévissait aussi sur le continent et était récurrente dans les faubourgs populaires des grandes villes françaises. Elle se manifestait le plus souvent par des logements insalubres et sans confort et cela a largement perduré jusqu'au milieu voire la fin des années 1960. Tant les villes avaient eu à souffrir de la guerre et des bombardements, rendant cruciale la crise du logement. J'ai connu ces quartiers en banlieue parisienne, lorsque j'étais enfant, et y ai même vu des bidonvilles. Donc il ne me semble pas que la Corse était plus miséreuse que le reste du pays. Mais l'on pourrait débattre très longtemps sur ce sujet; en évoquant aussi par exemple les corons ou les cités ouvrières du bassin lorrain... où les habitants n'étaient pas des nantis mais des travailleurs besogneux... Note moyenne donc pour ce livre, je le regrette et me sens aussi un peu frustrée par ce rendez-vous manqué avec l'oeuvre de Jean-Claude Rogliano.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une nuit boulimique a tout effacé. Nos phares talonnent l'ombre, s'épuisent à entamer le brouillard. La route est déserte, prête à disparaître elle aussi.
Soudain se met à poindre une constellation frileuse.
Je pousse Toni du coude.
- La frontière!
Mon compagnon de route émerge d'un sommeil chaotique. Il s'étire en jetant des regards interrogatifs, autour de lui. Après un dernier bâillement, il se redresse d'un coup.
C'était non sans surprise que, sur le quai, au moment où se formaient les équipes de chauffeurs, je l'avais entendu hurler mon nom de ce camion vert olive que l'on finissait de charger. Pour prendre part à une action de ce genre, quelle grâce pouvait l'avoir piqué? Après de tonitruantes effusions, il était allé vers Paul-Antoine, le chef de mission, pour me désigner d'autorité comme son coéquipier.
Avec son nez de travers et ses yeux en pointe de stylet, il n'a pas beaucoup changé, depuis notre dernière rencontre. Ses joues se sont seulement un peu creusées et, de sa tempe gauche à la base du cou, sa cicatrice en forme d'apostrophe s'est à peine estompée.
La dernière fois que je l'avais vu, c'était sept ans plus tôt, avant qu'il entre en prison.
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Nous ne pouvions détacher nos regards de ces hommes qui s'engouffraient dans le tunnel.
- Ils sont mûrs pour toutes les manipulations et tous les gros coups! me glissa Cignalone.
Nous avions abordé un singulier territoire, dont les créatures témoignaient de ce qu'avait fait d'elles un pouvoir frappé de folie. Dans l'accomplissement de leur besogne, l'apathie de leurs traits et leur allure machinale ne laissaient rien transparaître de l'influence que pouvaient avoir exercé sur eux les bouleversements des derniers jours. De ces hommes noirs et hagards, repliés sur eux-mêmes entre résignation et révolte, on découvrait seulement qu'ils étaient multitude. Qu'en serait-il de ce moment où, vivants revenant aux vivants, ils surgiraient tous ensemble de leur nuit?
Et sous la terre gelée de cette contrée où l'enfer lui même était froid, le gosier sans fond les absorbait sans cesse, les emportant vers des escales désolées, comme vers autant d'expiations de fautes à venir.
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L'étranger qui s'égarait dans les sinuosités soûles de grisaille et d'odeurs de friture à l'oignon de ces ruelles avares de ciel n'était pas peu surpris, entre deux vociférations de viragos s'interpellant d'une fenêtre à l'autre, d'entendre une voix splendide s'envoler d'un bistrot ou d'une mansarde pour y promener un air de la Tosca, ou de croiser quelque poissonnière ventripotente qui, sa corbeille de marée en équilibre sur la tête, entremêlait ses appels aux chalands de morceaux de Puccini ou de Verdi.
La cause de ce prodige était l'opéra où, jusqu'avant la guerre, les familles de la bourgeoisie comme les plus pauvres se rendaient pour voir se produire les plus prestigieuses troupes d'Italie.
Elles venaient passer l'épreuve de notre ville dont les exigences étaient redoutées. En cette cité, l'égalité était réalisée par le bel canto. Dans ce domaine, cela conférait à ses habitants une autorité peu ordinaire qui s'étendait jusque dans les quartiers les plus populaires, où l'on chantait Mazzeppa ou Nabucco avec la même aisance que l'on poussait la chansonnette.
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- C'est de la dynamite qu'on leur a apportée! murmurait Cignalone, entre ses dents.
L'émerveillement d'une fillette devant une poupée, la ruée des enfants sur une poignée de bonbons, cette cohue forcenée pour des bocaux de confiture témoignaient de l'état de dénuement dans lequel se trouvait la population et du parti que certains pourraient tirer de ce que nous entassions dans cette salle.
De cette détresse, le prix d'une tablette de chocolat vendue sous le manteau révélait soudain sa véritable dimension. A présent qu'était revenu le calme, elle nous apparaissait dans sa démesure et c'est elle qui faisait peur : dans une vallée démunie de tout au-delà de tout ce que nous avions pu imaginer, nous arrivions avec des tonnes et des tonnes d'une manne dont nous venions seulement de mesurer l'ampleur des tentations, des convoitises et des débordements qu'elle déchaînerait.
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La femme va et vient entre les uniformes et les kalachnikovs prêtent à se déchaîner à la moindre alerte. Elle passe sans les voir, comme à travers eux. Les manches retroussées, ignorant le froid, de sa démarche de paysanne, elle va d'un camion à l'autre, part se réapprovisionner, se hâte de revenir, sans se douter que ce pays dont nous n'avons pas encore foulé le sol, grâce à elle, nous sommes déjà en train de l'aimer.
A deux mille kilomètres de ma terre, à un poste frontière enserré dans la gangue d'un ciel sans étoiles, à deux pas d'un pays ensanglanté qui vient de triompher d'un tyran, je bois, offert par une vieille femme surgie de la nuit exprès pour nous, un gobelet de thé...
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Video de Jean-Claude Rogliano (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Rogliano
Jean-Claude Rogliano avait huit ans quand, au fond de son village, il découvrit, abandonné aux ronces et au lierre, un hameau fortifié du XIIIe siècle. Tombé amoureux de ses maisons tours, nourri des récits que son père, un merveilleux conteur lui faisait, il peuplait ce lieu à vertige de personnages réels ou de légende qui l'avaient habité autrefois. Après s'en être inspiré pour en faire le décor de son premier roman, il en a fait l'acquisition pour en relever les ruines afin de l'habiter et créer des gîtes afin de partager avec des hôtes venus du monde entier la magie de Tours de Tèvola. Son premier roman, Mal'Concilio, demeure le livre corse écrit en français le plus lu.
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