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EAN : 9782710367475
232 pages
La Table ronde (21/04/2011)
3.56/5   8 notes
Résumé :
4ème de couverture
«Venant de Slavonie, ayant franchi la Save à hauteur de Bosanski Samac, la première difficulté que nous ayons rencontrée ce fut à la sortie de Kakanj, au pied de la centrale thermique qui se dresse sur le côté gauche de la route, un barrage de miliciens dont il n'était pas facile de déterminer l'obédience. Après avoir fouillé la voiture, ils nous taxèrent d'un peu d'argent et de quelques paquets de cigarettes. Ils avaient l'air heureux, sin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est dans un style sobre et plein de tact que Jean Rolin aborde les événements graves tels ceux qui se sont déroulés lors de la guerre civile en ex-Yougoslavie où il s'est rendu à plusieurs reprises entre 1992 et 1997.
Il relate, à travers ses notes, des rencontres et des anecdotes sans juger, avec un ton parfois plein d'humour, sarcastique, tout en laissant affleurer malgré sa façon de sembler rester à l'écart, détaché, une grande sensibilité.
Il remarque avec un regard aigu des petits faits à la marge qui permettent finalement de saisir indirectement le drame vécu par les populations durant cette période tout en restant à une distance respectueuse.
«... le colonel prenait l'air, debout dans l'écoutille de son VBL, lorsqu'il aperçut un lapin sur lequel il tira, sans l'atteindre, une courte rafale de mitrailleuse (par la suite, dans cette même «poche de Bihac», les militaires français inventèrent un jeu encore plus amusant qui consistait à massacrer les chiens errants, tout d'abord, puis les chiens tout court, dans la mesure où ces derniers, pour peu qu'ils ne soient pas tenus en laisse, peuvent toujours être envisagés comme errants)». p 64

Il souligne aussi l'espèce d'irréalité qui tient éloigné de la tragédie car il règne à certain moment «Un climat de plage ou de terrain vague, d'adolescence tardive et de fin de saison»
alors que se déroulent, parfois à très peu de distance, des massacres.

Toujours très discrètement il fait part de gestes de solidarité, d'attention qui l'ont touché «Pendant que nous lanternions dans les couloirs du bâtiment, encombrés de gilets pare-balles que l'ONU imposait à tous les visiteurs accrédités, et dont on ne savait jamais que faire, une fois en ville, un officier égyptien m'offrit une petite pomme à peine mûre, dans un geste assez semblable à celui d'un chauffeur de taxi du caire qui plusieurs années auparavant, alors que nous étions englués dans un embouteillage, m'avait donné pour tuer le temps une carotte crue.» p 101

Le retour à une certaine innocence qui ramène vers l'enfance :
«La porte de communication avec la chambre où dorment les deux filles est restée ouverte, peut-être parce que dans un climat de tension, sous la menace, par exemple, d'une reprise nocturne des bombardements, resurgissent des habitudes enfantines, comme celle de laisser les portes ouvertes dans le noir. Lejla 2, qui est brune, est vêtue d'un pyjama rouge à rayures noires, et Marijana, qui est blonde, d'un pyjama blanc lamé. Ainsi vêtues, leurs deux têtes reposant l'une à côté de l'autre sur deux oreillers, elles ressemblent à une illustration de conte pour enfants, à mi-chemin de Boucle d'or et du Petit Poucet.... p 118

Mais brutalement au lever on découvre en fourrageant dans l'évier une balle assez longue, projectile d'un type spécial utilisé par les snipers qui a été tirée dans la nuit.
Sans oublier non plus l'existence de personnage tel Todor Dutina qui a enseigné avant la guerre la littérature comparée à l'université de Poitiers, devenu un de ces fous de guerre qui rappelle Brando dans Apocalypse Now.

Un petit livre qui atteint sa cible en touchant et permettant de comprendre la réalité quotidienne de cette guerre sans faire de mélo.
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"Ils avaient l'air heureux, sinon vraiment de bonne humeur : c'était le début de la guerre, il faisait beau, les pertes étaient encore limitées de part et d'autre, et tout neuf le plaisir de porter des armes et de s'en servir pour imposer sa loi, terroriser les civils, abuser des filles, enfin jouir gratuitement de toutes ces choses si longues et si coûteuses à se procurer en temps de paix, quand il faut travailler, et encore, pour les obtenir."

Je n'ai jamais rien compris à ces guerres en ex-Yougoslavie. Eh bien, ce n'est pas ce livre qui va m'aider. Ce n'est pas le genre de Rolin de perdre son temps en explications et autres choses rationnelles. Ce sont, comme toujours, des choses vues.
Des déambulations et des considérations. Les déambulations sont un peu plus musclées : jeep, obus, miliciens. Les rencontres ont toujours aussi éphémères, chaleureuses, dérisoires ou terrorisantes, souvent alcoolisées, sous l'oeil acerbe et tendre à la fois de Jean Rolin. On ne sait jamais très bien ce qu'il fait là (et l'épilogue semble vouloir dire que lui non plus).

Ca fait un peu fatras, il y a quand même de belles pages, et des traits d'humour désabusés
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comme chaque soir, Miro est sorti promener son chien noir, Lourie, une vieille chose toute pétante et baveuse que les explosions font couiner de frayeur. Exclusivement nourri, à cette époque, de maquereau portugais périmé que Miro reçoit au titre de l’aide humanitaire, Lourie a le souffle d’une hyène, et la nuit, quand il traque ses puces, il imprime un tel branle à son corps flasque, surchargé de peau et de plis, qu’il en tire des sonorités aquatiques, comme si, en train de se noyer, il se débattait furieusement dans l’eau d’une mare. Au demeurant, Lourie est une créature attachante, et sans lui, sans le grattement de ses griffes sur le plancher, sans les poils qu’il laisse en abondance sur tous les sièges, l’appartement perdrait une partie de son charme. p 117
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Sitôt en ville nous nous sommes arrêtés pour boire un verre dans le premier café que nous ayons rencontré. Ce café n'avait pas de nom, ou du moins pas d'enseigne. Quelques tables étaient disposées en terrasse. A l'intérieur, des clients plutôt jeunes, aux allures d'étudiants, jouaient au billard sous un poster représentant Karl Marx à bicyclette (avec cette légende en français) : "Est-ce que l'avenir est déjà venu ?"
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... on nous a collé dans la voiture deux soldats particulièrement repoussants, complètement saouls, dont l'un transportait un jerrican de vingt-cinq litres, en plastique, rempli d'un liquide jaunâtre que je présumais être de l'essence. Au bout de quelques kilomètres, comme l'imbécile fumait cigarette sur cigarette -- des miennes, naturellement --, je lui fis comprendre par gestes qu'il risquait de foutre le feu à la voiture, et là-dessus, grommelant, il déboucha le jerrican et me le colla sous le nez afin que je puisse vérifier qu'il s'agissait d'alcool de prune. rien ne prouve, d'ailleurs, que cet alcool de prune fût beaucoup moins inflammable que de l'essence.
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