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EAN : 9782818036587
144 pages
P.O.L. (04/05/2015)
2.95/5   30 notes
Résumé :
«Lorsque, venant du quai par Abercorn Street, à l'angle de celle-ci et d'Oglethorpe j'ai franchi l'entrée principale du Colonial Park Cemetery, le jeudi 28 août 2014, j'ai aussitôt reconnu, parmi d'autres arbres plus communs, ceux qui portaient de petites fleurs roses, en grappes, en même temps que des barbes de mousse particulièrement foisonnantes, et à propos desquels, en me désignant l'un d'entre eux – "Regarde comme c'est joli, ça, tu as vu cet arbre?" –, Kate a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Kate Barry qui a été la compagne de Jean Rolin est décédée en décembre 2013. Jean Rolin repart dans « Savannah » sur les traces de Kate en refaisant un voyage qu'ils avaient effectué ensemble en 2007.
Il a avec lui le volume de correspondance de Flannery O'Connor dont Kate a corné des pages et dans lequel elle a souligné de nombreux passages.
« je ne suis parvenu à déterminer exactement pourquoi elle s'était prise d'un tel amour pour cet auteur, au point d'envisager de réaliser un film sur elle, et auparavant de m'entraîner en 2007 dans un voyage à Savannah, où Flannery était née, et de là à Milledgeville, dans le fin fond de la Géorgie, où elle avait vécu la plus grande partie de sa vie, brève, et composé la quasi-totalité de son oeuvre. » nous dit-il
Lui-même partage ce goût pour cet écrivain dont il lui a lu « la nouvelle intitulée « Les boiteux entreront les premiers », tirée du recueil Mon mal vient de plus loin.
« De tous ses textes, il me semble que c'est l'un des plus beaux, et aussi l'un des plus sombres, des plus désespérants, l'un de ceux qui amènent ses lecteurs athées ou agnostiques – dont la perplexité lui inspire dans sa correspondance maint sarcasme – à s'interroger sur la nature exacte de sa foi, ou sur le reflet de celle-ci dans son oeuvre…  »

Sur les traces de Kate, de Flannery O'Connor et également du père de Kate John Barry dont elle recherchait les ancêtres irlandais.
Ce livre d'une grande pudeur tente d'évoquer cette compagne disparue. Si Kate a filmé tout au long de leur voyage elle n'apparait que furtivement le plus souvent à travers des reflets dans des flaques d'eau, ou en compagnie de l'auteur dans un vitrine.
Ce n'est qu'à la fin que Jean Rolin l'évoque directement comme si cette recherche à travers des souvenirs évanescents dans des lieux qui ont disparu ou ne sont plus les mêmes après les 7 années qui se sont écoulées depuis leur voyage trouvait quand même un aboutissement lui permettant de la revoir en creux :

« Que Kate m'ait toujours donné l'impression d'être petite, ce qu'elle n'était pas, qu'elle ait été frêle, en revanche, avec une silhouette presque enfantine, et douée cependant, par moments, d'une force incroyable, que son visage – yeux marron-vert, nez imperceptiblement busqué, oreilles dont l'une présente une curieuse irrégularité, comme si une souris en avait grignoté un petit bout –, que son visage ait été le plus expressif de tous ceux que j'ai connus, parce qu'elle éprouvait joie ou peine plus vivement que quiconque, voilà, parmi beaucoup d'autres choses, ce dont tout ce qui précède ne donne à peu près aucune idée. Et de même ai-je échoué, pour l'essentiel, à démêler ce qui l'attachait si particulièrement à la figure de Flannery O'Connor, écrivaine catholique affligée d'une maladie incurable et éleveuse de paons. »

C'est un livre touchant qui comme Kate se veut léger, ne pesant pas sur les êtres et les choses, elle qui savait si bien aborder des inconnus rencontrés dans les parages d'une gare de bus ou fouillant dans un terrain à l'abandon au bord de la rivière,
« avec cette extraordinaire facilité qu'elle avait pour ce genre de choses, et qui était payée en retour, généralement, par la confiance immédiate que lui témoignaient ses interlocuteurs de rencontre. »
Un livre qui me donne aussi l'envie de relire Flannery O'Connor
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Je crois que j'aurai acheté ce livre rien que pour le titre qui m'évoque bien sur "Savannah bay" de Marguerite Duras. En plus du titre, j'ai trouvé le sujet passionnant : en août 2014 Jean Rolin refait le voyage qu'il a fait 7 ans plus tôt avec sa compagne à Savannah en Géorgie aux Etats-Unis. Elle s'est suicidée depuis. Il s'agit donc du deuil d'un homme, de la mémoire d'une femme et pas n'importe laquelle : elle se nomme Kate Barry, elle est photographe et c'est la première fille de Jane Birkin.

Le programme que Jean Rolin se fixe et qu'il raconte consiste à retrouver tous les lieux, sans considération de leur intérêt ou de leur accessibilité, par lesquels ils sont passés et que Kate a filmé. Et elle a une façon très intéressante de filmer : elle privilégie les pieds et filme les reflets dans les flaques d'eau ou autres supports réfléchissants. Jean Rolin tente de donner une explication : « A la réflexion, il m'apparait que cette manière de filmer, la caméra orientée vers le sol, procédait aussi d'une volonté de ne pas agresser les gens, qui sans doute auraient accepté moins facilement d'être filmé de face ».

Et puis il y a la raison de ce voyage de 2007, c'est la volonté de Kate de suivre les traces de Flannery O'Connor qu'elle admire. Savannah est sa ville de naissance et "Andalusia", sa maison, se trouve à Milledgeville ou Flannery O'Connor est enterrée. Il y a aussi la recherche de ses racines irlandaises.

C'est donc une très belle histoire, une façon de rendre hommage à une femme morte prématurément. Mais, il y a un mais. Malgré ma motivation, j'ai vraiment du mal à lire Jean Rolin. Je ne sais pas pourquoi mais son style ne me convient pas. Il ouvre sans arrêt des parenthèses, il traduit les phrases en anglais une fois sur deux et le ton est d'une platitude qui ne convient pas à la situation. Il ne m'est pas sympathique mais je recommande toutefois ce récit très intéressant.


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Pour faire revivre des souvenirs, Jean Rolin décide de retourner à Savannah pour un séjour, le même que celui qu'il a fait, sept ans auparavant, en compagnie de sa compagne Kate Barry qui n'est plus.

Si l'évocation "d'un voyage pour se souvenir" pouvait donner naissance à un récit classiquement mené, la façon de traiter le sujet est en réalité très originale et empreinte d'une grande sensibilité : au lieu de parler des lieux visités directement ou d'évoquer sa compagne, Jean Rolin décrit des séquences filmées par Kate, sept ans auparavant, séquences courtes, filmant de façon inhabituelle les personnes ou les lieux.
Et il choisit de relire, sur ces terres de l'écrivain, la correspondance de Flannery O'Connor, dans l'exemplaire de Kate annoté pour parler de celle-ci davantage mais toujours de façon allusive.


C'est un livre d'une grande pudeur, et bouleversant, en cela : sans être jamais évoqué, le chagrin est présent à chaque page dans l'évocation de la solitude, de l'absence.
Et ne doit-on pas voir une analogie entre "l'homme au parapluie" qui pique papiers et objets dans les flaques de pluie et Jean Rolin qui pioche ses souvenirs au gré des séquences filmées ? Si la vision de cette homme trouble tant Jean Rolin, peut-être est-ce parce qu'ils se ressemblent ?



"Il faut aimer ce monde tout en luttant pour le supporter"

(-Citation d'une correspondance de Flannery O'Connor soulignée par Kate Barry.)
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C'est le récit d'un homme - Jean Rolin - qui ne sait dire autrement son chagrin après la mort de sa compagne ( Kate Barry), qu'en mettant scrupuleusement ses pas dans les traces qu'ils laissèrent 7 ans plus tôt lors d'un voyage à Savannah , à la recherche d'indices de la vie de Flannery O'Connor (écrivain que je n'ai jamais lue). Il n'est pas du genre à pleurer, Jean Rolin, il est du genre à marcher.
On l'imagine fort bien le soir dans son motel (leur motel), visionnant et revisionnant ces curieux films qu'elle faisait, où elle s'appesantissait sur les pas plus que sur les visages, sur les reflets dans les flaques, sur des paysages qu'ils partageaient « les terrains vagues et les friches portuaires » (lui), « les lieux indécis, mouvants » (elle). Les rencontres d'aujourd'hui interpénètrent celles d'hier : voyageurs, taxis, hommes errants.

Doucement dans ce portrait plein d' amour et d'admirative humilité, se dessine une ébauche de Kate, sa fragilité, sa mouvance, sa bienveillance, son humour. Mais n'ayez crainte, Jean Rolin ne va pas tomber dans le people, s'il veut laisser une trace à travers ce livre, et par lui peut-être tenter de se sauver de la tristesse, il préserve soigneusement leur intimité : « ça nous regarde ». Kate reste un mystère pour nous, pour Jean Rolin aussi sans doute.
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Le pèlerinage de Jean Rolin à Savannah en Géorgie, très belle ville historique du sud des Etats-Unis, se déroule dans les traces très précises de celles qu'il a empruntées avec sa compagne Kate, sept ans auparavant.
Son récit ne m'a pas enthousiasmé, les détails filmés par sa compagne m'ont paru peu compréhensibles pour un tiers et seule la personnalité de Kate m'a paru intéressante. Malheureusement, s'il commente ce qu'elle a fait lors de ce voyage, il ne parle que très peu d'elle, seulement quelques lignes vers la fin du livre.
J'ai cependant apprécié la démarche du couple sur les traces de Flannery O'Connor et leur recherche d'une tombe familiale dans les différents cimetières.
Pas ou peu de commentaires de l'auteur sur la ville de Savannah, pourtant très belle. Un récit, parfois ennuyeux, qui laisse le lecteur sur sa faim.
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critiques presse (2)
Lexpress
22 juin 2015
Une balade poétique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
13 mai 2015
En pèlerinage sur les lieux qu'elle avait filmés, l'écrivain esquisse avec pudeur le portrait de Kate Barry, sa compagne disparue en 2013.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Willy était noir, incidemment, mais ce qui ressortait de sa conversation, ou de sa manière d’être, c’était à quel point le sentiment d’appartenir pleinement et sans restriction à l’espèce humaine – ce sentiment assez rare, finalement – l’emportait chez lui sur toute considération de race ou de genre.
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Le jour même de mon retour à Savannah, dans les heures qui suivirent je revis le petit homme au parapluie roulé : il était en train de fumer, assis sur un muret faisant face à la grille cadenassée du motel en friche, et dans une position telle qu’il se serait trouvé dans le champ des images faites par Kate le soir de notre installation dans ce motel. Auparavant, sitôt débarqué du bus en provenance de Macon, je m’étais rendu au musée d’histoire locale, lequel est situé non loin de la gare routière. Je m’y étais rendu pour la raison que lors de notre séjour précédent, Kate en avait filmé les collections de manière apparemment exhaustive, sans opérer de choix parmi les objets exposés – une locomotive, une pirogue, un buste de Toussaint-Louverture, un cabinet dentaire reconstitué, des costumes, le portrait d’un petit garçon noir ayant fui l’esclavage et devenu tambour dans l’armée nordiste… -,un peu, me semble-t-il, comme elle avait filmé dans l’avion les consignes de sécurité, ou dans la cathédrale le DVD retraçant l’histoire de celle-ci.
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A la réflexion, il m’apparait que cette manière de filmer, la caméra orientée vers le sol, procédait aussi d’une volonté de ne pas agresser les gens, qui sans doute auraient accepté moins facilement d’être filmé de face.
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Les enfants savent, par instinct, que l'enfer c'est l'absence d'amour et l'identifient infailliblement.
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