La lecture de ce livre a été motivée par l'implication de l'auteur dans l'intrigue de "Neige" de
Colombe Boncenne, dont certains ressorts pseudo-biographiques ne sont pas sans rappeler ceux, passablement amollis, de "
Suite à l'hôtel Crystal", mais l'hommage a nettement dépassé l'hommagé, très endommagé.
J'ai trouvé "
Suite à l'hôtel Crystal" paresseux, prétentieux et pas intéressant. Déception beaucoup plus grande que la présentation laissait augurer du décapant.
Argument de "
Suite à l'hôtel Crystal" : l'auteur, qui a été grand reporter et à ce titre a dû se faire payer moult séjours dans divers pays, a la gentillesse de nous faire profiter de son expérience en matière d'hôtels. Il nous décrit donc par le menu les chambres qu'il a occupées dans des hôtels pas spécialement issus de la catégorie "moins cher" du Guide du Routard, non : plutôt du genre pour hommes d'affaires.
Probablement pour tenter de rendre plus digeste cet inventaire fastidieux, il nous livre quelques anecdotes très cliché, dont l'accumulation forme un portrait du narrateur (qui n'est autre que l'auteur, ou plus exactement "
Olivier Rolin", écrivain baroudeur avec quelques éléments biographiques compatibles avec sa page Wikipedia).
On assiste ainsi aux transactions diverses d'une caricature de James Bond, pas plus subtil que le modèle en ce qui concerne ses rapports avec les femmes, armé d'un "Glock" (ça fait bien) pour descendre un Russe qui le gêne au détour d'une page, ou répondant au téléphone pour conseiller
Jean-Claude Trichet sur les taux d'intérêt de la BCE.
Aucune subtilité, aucune psychologie, aucune considération géopolitique digne de ce nom, bien que les chambres décrites soient disséminées tout autour du globe. N'espérez même pas y trouver un minimum d'exotisme, ou au moins un ou deux renseignements d'ordre touristique : au Japon, l'auteur préfère aller dans un banal hôtel continental plutôt que dans un ryo-kan.
Le niveau des récits : dans un hôtel suisse, le narrateur saillit sans lui demander son avis une femme de chambre mutique. Cette scène désagréablement Strauss-Kahnienne (par anticipation) donne l'aune des rapports entre le personnage et "ses" femmes - et plus généralement le ton de ses interactions sociales.
Afin, probablement, de donner un cachet littéraire à l'ensemble, le texte est parsemé de notes exégétiques, soit de l'auteur lui-même (encore lui !), soit de son éditeur.
Certes, tout ceci est à prendre au second degré, mais l'ironie a bon dos. Elle est tellemlent ostensible que le résultat est très lourd, convenu... et pas drôle.
Un bon roman élève, celui-ci terrasse.