AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226218636
249 pages
Albin Michel (03/11/2010)
4.05/5   19 notes
Résumé :

La découverte des grandes oeuvres de Tolstoï en France entre 1885 et 1887 a été une révélation pour la jeune génération des intellectuels français. Parrni eux, Romain Rolland, futur prix Nobel de littérature, qui fut, avec Gandhi, un des disciples de l'écrivain russe. D'un même mouvement, Romain Rolland raconte, dans ce portrait publié en 1928, la vie mouvementée et les grandes fresques... >Voir plus
Que lire après Vie de Tolstoï Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La biographie de Tolstoï par le prix Nobel de littérature Romain Rolland est un très beau moment de littérature. On sent bien sûr qu'il admirait beaucoup le grand écrivain russe.

J'ai particulièrement apprécié de suivre l'élaboration de ses pensées en liaison avec les grandes étapes de sa vie, la conception de ses grandes oeuvres universelles, très intimement autobiographiques.
Romain Rolland s'efface très souvent devant les écrits de Tolstoï, émaillant sa biographie de très nombreux extraits de lettres ou de citations.

La plus pertinente critique me semble être la lettre que Tatiana Soukhotine-Tolstoy, sa fille aîné, adressa à Romain Rolland et qui figure au début du livre :


20 octobre 1911
Cher Monsieur,

Je viens de lire votre livre : Vie de Tolstoy, et je tiens à vous dire combien je l'apprécie. La plus grande louange que je puisse lui faire, c'est de dire que je suis sûre que mon père aurait été profondément ému par la large conception et la claire compréhension, non seulement de son oeuvre, mais aussi de son être. J'ai souvent pleuré en lisant votre livre. Qu'un homme d'âge, de race, d'éducation, d'entourage, si différents de ce qu'a été mon père ( et parlant une langue étrangère ), ait pu si bien le comprendre, me transporte de joie, de reconnaissance et d'émotion. Vos citations sont admirablement choisies. Je regrette de m'exprimer si mal en français et de ne pouvoir vous dire tout ce que j'aurais voulu...
Recevez, Monsieur, encore une fois l'expression de ma profonde reconnaissance...
Tatiana Soukhotine
Commenter  J’apprécie          285
Je ne vais pas dire que je suis content de mon coup, je m'en désole bien au contraire, pour voir que dans son Vie de Tolstoï en 212 pages publié en 1911, Romain Rolland ne consacre guère qu'une page à Sophie Tolstoï comme si Léon Nicolaievitch fut un vieux moine toute sa vie ; c'est peut-être une vue qu'il aurait aimé avoir mais en tout cas c'est largement insuffisant, et ça l'est suffisamment pour être signalé.

Là aussi, je ne sais pas comment il a fait son compte, il publie son Vie de Tolstoï en 1911, soit un an après la mort de ce dernier. Dommage qu'il ne l'ait pas lu de son vivant, il aurait pu lui proposer la correction de quelques inexactitudes;

Il est indiscutable qu'ils furent bons amis et qu'une confiance indéfectible nourrissait la relation entre les deux hommes, mais ils se connaissaient surtout à distance ; comme il est indiscutable que Rolland a des fulgurances géniales qui sonnent comme des évidences quand sous la plume d'autres elles passent pour de fastidieux commentaires . Je ne sais pas ce qui lui aura manqué à cet homme là, les femmes peut-être !

Alors voici ce que raconte Rolland sur le couple Tolstoï, ce n'est même pas discutable, c'est carrément bidon !

"Il résista 3 ans ..
Mais depuis 3 ans déjà, ce mariage était fait dans la pensée du poète, écrivant Bonheur conjugal ..
Sauf que Bonheur conjugal n'a rien à voir avec son mariage qui a d'ailleurs été écrit 3 ans plus tôt inspiré d'une aventure avec Valéria A. où il se prêtait aux jeux de l'amour

Est-ce bien la peine d'écrire et de remonter de si jolies choses comme : "..depuis 3 ans, il avait déjà vécu par avance les ineffables jours de l'amour qui s'ignore, et les jours enivrés de l'amour qui se murmurent, les larmes "d'un bonheur qui s'envole pour toujours et ne reviendra jamais" ; et la réalité triomphante des premiers temps du mariage, l'égoïsme amoureux, "la joie incessante et sans cause" .. ou encore : " l'analyse de Tolstoï a renoncé, pour cette fois à sa lumière un peu crue ; elle ne s'acharne pas, avec fièvre, à mettre à nu la vérité. Les secrets de la vie intérieure se laissent deviner, plutôt qu'ils ne sont livrés.." Oui est-ce la peine, si c'est pour déformer à ce point la réalité d'un fragment de la vie intime de son célèbre ami.

J'ai pensé, en vain, 100 pages plus loin, quand il aborde la Sonate à Kreutzer, que Sophie surgirait enfin, se dresserait comme une lionne, même pas, elle n'est pas citée ; et pour une fois curieusement je le rejoins sur la génèse de l'oeuvre qui est loin d'être évidente pour tout le monde et qui est rarement abordée. Toute référence à sa vie propre ne fut que matériau pour faire sa Sonate explosive. "Comme il arrive chez les grands créateurs, l'oeuvre a entraîné l'auteur ; l'artiste a devancé le penseur, - L'art n'y a rien perdu. Pour la puissance de l'effet, pour la concentration passionnée, pour le relief brutal des visions, pour la plénitude et la maturité de la forme, nulle oeuvre de Tolstoy n'égale la Sonate à Kreutzer" ..
Quelle joie de l'âme de lire cela !

C'est à se demander parfois si Romain Rolland n'a pas manqué d'être Tolstoï, un peu sur tous les plans d'ailleurs !
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Vie de Tolstoï (1911)

Il faut commencer par dire que l'écrivain Romain Rolland est brillant, c'est un esprit supérieur, son amitié est indéfectible, il est le personnage (littéraire) en vue en France et même au delà au tournant du 20e siècle. Il est honni des milieux de la droite classique et alors réactionnaire, avant grande guerre et surtout après. C'est un pur produit de la République (normalien, agrégé ..), issu de famille de notaires et de paysans (pas pauvres), Son Jean-Christophe, roman fleuve lui assure la célébrité. Son socialisme est généreux ..

Dans la France de 2020, patatras, qui se reconnaît en lui ? Parfois "Qui c'est celui-là ?". Non ce n'est pas patatras, sa lente érosion ne date pas d'hier, pourquoi ses nombreux livres lui survivent à peine, à part sa correspondance avec Stefan Zweig, à part ce Vie de Tolstoî qui est une référence quand on étudie Tolstoï ..
La droite l'a vite enterré. Il semblerait incarner une gauche béate, chimérique qui a fait flop, qui promet la lune et la paix des races et qui se retrouve avec la mine enfarinée devant un champ de ruines.
A un séminaire sur Tolstoï en 2017 animé par Jean-Marie Rouart, à une question (presque'immanquable) sur l'idée d'associer les amicales de Roman Romain et de Tolstoï à la faveur de tel événement, l'académicien répondit avec le délicieux humour et le discernement qui le caractérisent : "Oh ! Grand dieu, ne faites pas ça ..et de rappeler la "félonie" du français sur les choses de Staline ..Ce serait une honte et trahir la mémoire du géant Tolstoï" ..
Dans son livre anthologique (de JM Rouart) Ces amis qui enchantent la vie, Romain Rolland n'y figure pas.
Dans son livre Histoire de la Littérature de langue française de 1985, Pierre de Boisdeffre ne fut pas tendre avec notre auteur en question : " Etoiles éteintes qui ne nous envoient plus qu'une froide lumière"
Peut-être que Romain Rolland est mort incompris avec sa foi révolutionnaire par dessus, perso je n'ai pas envie d'en rajouter à ce chapitre, je préfère regarder du côté de cette amitié qui liait Romain Rolland à Tolstoï qui fut couronnée par ce livre Vie de Tolstoï. Pas de chance, ce livre fut publié en 1911, c'est Tatiana la fille de Tolstoï qui va répondre pour son père mort un an plus tôt à Romain Rolland..

Tolstoï au tournant du siècle est alors le romancier le plus célèbre au monde, il a déjà conquis les Etats-Unis, il est vieillissant, il écrit, écrit à Iasnaïa Poliana, à Moscou, défend des causes humanistes .. est bien entouré, de biographes et de secrétaires très dignes et exceptionnels, de médecins, se dépètre de ses disciples tolstoïens parfois bien envahissants, il connaît des problèmes de santé, il renonce à des voyages à cause de cette santé parfois déficiente, il est demandé de partout, visité comme une pièce rare de gens du monde entier, parfois rasoirs. Il fait du tennis, monte à cheval, l'extravagance de sa vie est au maximum. Lui qu'on dit abusivement avoir renoncé à la littérature, à la fiction qu'il dénonce - mais est-ce bien raisonnable de l'entendre - conserve caché son Diable, trouve le moyen d'écrire à 75 ans son roman exalté le plus pur, le plus maîtrisé où la femme toujours la femme obsédante est toujours présente : Hadji Mourat ! .. Quand il est séparé de Sophie au bout de quelques jours , il lui envoie des lettres d'amour (au bout de 40 ans de mariage), ça change un peu des versions de couple impossible, de couple qui s'entre-déchire comme Taylor Burton qu'on retrouve dans les journaux..
Ca change surtout de l'ami transi qui se joint parfois à la fête, l'ami français qui dans Vie de Tolstoï regarde le point de vue de Sophie avec distanciation !..

Si Romain Rolland brille dans les années 1900 de toute son aisance et de sa générosité humaniste, pacifiste sur l'intelligentsia française, qui va lui valoir le Nobel de 1915, au plan personnel, il divorce d'avec sa femme, il écrit énormément, il y trouve une forme de sacerdoce, il voyage beaucoup, cultive sa différence et comme signe distinctif qu'il fait valoir à tout le monde il est l'ami de Tolstoï et correspond avec lui, c'est un honneur immense pour Rolland qui voue une admiration sans bornes à ce prophète à la barbe blanche issu des frimas, c'est-à-dire pas comme lui, qui tient des discours singuliers auxquels il semble s'accrocher comme contre mauvaise fortune bon coeur. De la dénonciation du socialisme par la Maître de Iasnaïa Poliana, de son rejet de l'Eglise orthodoxe mais pas du message originel du Christ, de l'oeuvre littéraire de Tolstoï qui a tant glorifié la femme, la femme obsédante, Rolland semble traduire tout ça en amitié aveugle dans une forme d'allégresse proche du mysticisme
Commenter  J’apprécie          40
Tolstoi étudie les divers systèmes pédagogiques.
L’école spontanée, par opposition à l’école obligatoire, qu’il regarde comme néfaste et niaise, voilà ce qu’il veut fonder, ce qu’il essaye, à son retour à Iasnaia Poliana. Son principe est la liberté. Il n’admet point qu’une élite, « la société privilégiée libérale », impose sa science et ses erreurs au peuple, qui lui est étranger. Elle n’y a aucun droit. Cette méthode d’éducation forcée n’a jamais pu produire, dans l’Université, « des hommes dont a besoin la société dépravée : des fonctionnaires, des professeurs fonctionnaires, des littérateurs fonctionnaires, ou des hommes arrachés sans aucun but à leur ancien milieu, dont la jeunesse a été gâtée, et qui ne trouvent pas de place dans la vie : des libéraux irritables, maladifs ». Au peuple de dire ce qu’il veut ! S’il ne tient pas « à l’art de lire et d’écrire que lui imposent les intellectuels », il a ses raisons pour cela : il a d’autres besoins d’esprit plus pressants et plus légitimes. Tachez de les comprendre et aidez-le à les satisfaire ! (Page 49)
Commenter  J’apprécie          61
L'influence personnelle de la comtesse Tolstoï fut précieuse pour l'art. Bien douée littéralement, elle était, ainsi qu'elle dit, "une vraie femme d'écrivain", tant elle prenait à coeur l'oeuvre de son mari. Elle travaillait avec lui, écrivait sous sa dictée, recopiait des brouillons". Elle tâchait de le défendre contre son démon religieux, ce redoutable esprit qui soufflait déjà, par moments, la mort de l'art. Elle tâchait que sa porte fût close aux utopies sociales. Elle fit plus : elle apporta à ce génie la richesse nouvelle de son âme féminine. A part de joiles silhouettes dans Enfance et Adolescence, la femme est à peu près absente des premières oeuvres de Tolstoï, ou elle reste au second plan. Elle apparaît dans Bonheur Conjugal, écrit sous l'influence de Sophie Bers.
Commenter  J’apprécie          10
Il passait par ce qu’il nomme « le désert de l’adolescence ». Désert de sable, où souffle par rafales un vent brûlant de folie. Sur cette période, les récits d’Adolescence et surtout de Jeunesse sont riches en confessions intimes. Il est seul. Son cerveau est dans un état de fièvre perpétuelle. Pendant un an, il retrouve pour son compte et essaie tous les systèmes. Stoïcien, il s’inflige des tortures physiques. Épicurien, il se débauche. Puis, il croit à la métempsycose. Il finit par tomber dans un nihilisme dément : il lui semble que s’il se retournait assez vite, il pourrait voir face à face le néant. Il s’analyse, il s’analyse....
Je ne pensais plus à une chose, je pensais que je pensais à une chose....
Commenter  J’apprécie          10
Je suis preneur les yeux fermés de cette citation de Romain Rolland :
Ivan Iliitch est le représentant de cette bourgeoisie européenne de 1880, qui lit Zola, va entendre Sarah Bernhardt, et, sans avoir aucune foi, n'est même pas irréligieuse : car elle ne se donne la peine ni de croire ni de ne pas croire, - elle n'y pense jamais.
Aoùt 1928
Commenter  J’apprécie          30

Lire un extrait
Videos de Romain Rolland (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Romain Rolland
Philippe Baudorre vous présente l'ouvrage "L'esprit et le feu : correspondance (1917-1935)" aux éditions Classiques Garnier. Correspondances d'Henri Barbusse et Romain Rolland.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2848013/henri-barbusse-l-esprit-et-le-feu-correspondance-1917-1935
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1686 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}