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Histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours", de
Sergio Romano, est un essai apparemment de référence puisqu'il s'agit d'une cinquième édition, la première ayant été publiée en 1977. Même si je ne peux qu'être admiratif devant l'érudition et la finesse des analyses proposées par
Sergio Romano, j'ai été gêné par sa tendance à occulter ou à glisser sur les tendances les moins glorieuses de l'histoire
italienne : les atrocités de l'époque coloniale, notamment en Ethiopie, ainsi que la collaboration du régime fasciste avec l'Allemagne hitlérienne, particulièrement dans la répression des Juifs.
Autre bémol, la société
italienne contemporaine présentée par l'auteur correspond à une société homogène : européenne et blanche. Mais l'absence des immigrants pose problème, car l'
Italie est devenue depuis une trentaine d'années, un foyer d'immigration important en Europe, en partie à cause de sa position géographique, au carrefour d'une Europe communautaire prospère, d'une Europe balkanique déchirée par des conflits ethniques et d'une Afrique engluée dans un sous-développement chronique désespérant pour la majorité de ses habitants. Cette immigration, à mon sens, a une influence notable sur les évolutions économique et politique de l'
Italie contemporaine, et en faire abstraction porte préjudice à un ensemble au demeurant d'une grande rigueur et riche d'enseignement quant aux constantes dans les pratiques politiques
italiennes : son ingouvernabilité et son instabilité institutionnelle récurrente.
L'une des leçons tirée de cette lecture est la confirmation que les personnalités historiques, bien loin de répondre à des volontés propres, ne sont que les porte-drapeau d'une caste ou d'un groupe d'intérêt particulier, qu'ils ne peuvent agir ni seul, ni à l'encontre de leur groupe, et que leurs actes, leurs décisions sont pris en fonction des circonstances et des possibilités du moment, correspondant aux aspirations et aux valeurs d'une époque et d'une société.