La guerre qui a changé Rondo

Non, La guerre qui a changé Rondo ne vient pas de paraître, il n'est pas une conséquence directe du conflit qui a éclaté entre la Russie et l'Ukraine en février 2022. En effet, il est paru en Ukraine et en France en 2015. Qu'est-ce à dire alors ? Etait-il prémonitoire ? Eh bien non, cet album a été publié dans le contexte d'une guerre précédente, celle qui a déjà opposé Russie et Ukraine à propos du Donbass en 2014.
Rondo est, à ma connaissance, une ville imaginaire, qui pourrait, si on ignore qu'auteure et illustrateur sont ukrainiens, se situer dans n'importe quel pays frappé par la guerre. Y vivent trois amis étranges mais inséparables : Danko, qui ressemble à une ampoule, Fabian, un chien fait de ballon de baudruche et Zorka, un oiseau de papier.
Dans cet album, les couleurs sont quasiment un quatrième personnage ; elles jouent un rôle important car elles évoquent l'atmosphère et les émotions. Comme tout va bien au début du livre et que les habitants de Rondo sont un peuple doux et poétique vivant en harmonie avec la nature, les couleurs employées sont essentiellement le vert et le jaune. Sur la place centrale de la ville, se trouve la fierté de ses habitants : une immense serre aux fleurs extraordinaires. Non seulement elles sont belles et rares, mais elles ont aussi le pouvoir de chanter ! La vie, quoi !
Mais un jour, la guerre éclate et le tableau s'assombrit, ensevelissant les couleurs gaies et les remplaçant par du noir et un camaïeu de gris. Elle prend les habitants par surprise, semant destruction et panique. Même les fleurs qui jaillissent du sol sont noires, desséchées et piquantes. le soleil a été englouti par la machine de guerre, alors les belles fleurs de la serre cessent de chanter voire meurent pour la plupart.
Les trois amis essaient d'arrêter l'avance de l'ennemi, mais en vain. Ils sont blessés. Danko ne baisse cependant pas les bras : il utilise son vélo pour produire dans la serre un peu de la lumière dont les fleurs ont un besoin vital. Et miracle ! Certaines fleurs se redressent et recommencent à chanter. Alors, alliant ingéniosité, travail, solidarité et courage, les trois compères et les habitants de Rondo eux aussi relèvent la tête et, tous ensemble, construisent une énorme machine à lumière pour anéantir la guerre. Ils y parviendront mais chacun gardera dans son coeur et son corps les traces de cette effroyable guerre.
Une jolie fable, symbolique, émouvante, pour aborder le sujet de la guerre avec des enfants (pas trop jeunes quand même) : les causes incertaines, la destruction, la mort, la peur, mais aussi le courage, la révolte, les traces ineffaçables malgré la victoire. Je ne serais pas surprise qu'un film d'animation en soit un jour tiré car les illustrations sont très évocatrices.
J'ai découvert cet album étonnant en faisant des recherches sur le moyen d'aborder le sujet de la guerre avec des enfants, étant moi-même auteure de jeunesse et également parce que l'illustratrice de mes livres est ukrainienne et que sa famille vit à Kiev. Ce fut une belle découverte, même si elle a été faite dans des moments douloureux. Je vous en conseille vivement la lecture. Je vous communique d'ailleurs cette information entendue sur les ondes : une part de l'argent des ventes de ce livre sera reversée au Secours Populaire en faveur de l'Ukraine, alors n'hésitez pas.

Difficile de commenter un tel album en restant objective...

Il s'agit d'un album pour enfant relatant ce que peut être une guerre qui surgit dans un pays apparemment paisible. Les illustrations sont originales, mélange de dessins géométriques et poétiques. Les textes sont tantôt percutants et tantôt délicats. L'histoire est brève mais chargée de sens.

Cet album a déjà quelques années, mais est on ne peut plus actuel. Comme , malheureusement, tous les albums qui parlent de la guerre. Mais celui-ci résonne encore plus fort puisque les auteurs sont ukrainiens. Par ces illustrations, par son texte simple mais fort, cet album nous plonge dans l'horreur, tout en gardant la poésie et la pudeur de l'enfance.
Les phrases sont justes . Les alternances de couleur et de noir sont piles ajustés. J'en ai lu beaucoup des albums dans mon travail , et sur toute sorte de sujets. Mais celui ci m'a fait versé des larmes. Peut-on parler de merveille pour un album qui parle de la Guerre ? Je ne sais pas. Je dirais donc que c'est une merveille que l'on n'aurait jamais dû avoir besoin d'écrire.

Cet album évoque la guerre et la résistance. La situation initiale expose une ville fictive harmonieuse où vivent des personnages heureux. Differents, avec chacun leur talent, leur fonction.
Puis survient la guerre, traitée comme un personnage sans visage, une entité sombre et destructrice, dépersonnifiée.
L'harmonie est atteinte, la beauté est saccagée, mais la resistance s'organise et repousse la guerre.
Après quoi la ville et ses habitants se reconstruisent et la vie reprend, mais une vie qui n'est plus celle d'avant : elle porte les stigmates de la guerre.
Cet album est une très belle évocation, la poésie permet de lui faire embrasser toutes les situations de conflit. On n'y traite pas précisément d'un conflit Russo-Ukrainien.
Il a la qualité de ne pas être trop traumatisant, choquant pour un enfant, mais sans être naïf.