AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253145875
220 pages
Le Livre de Poche (01/02/1999)
3.82/5   33 notes
Résumé :

A quoi bon apprendre tant de choses qu'on s'empressera d'oublier sitôt les examens passés ? A cette critique si souvent entendue contre l'enseignement scolaire, Jacqueline de Romilly oppose ici quelques arguments simples, et dont chacun de nous a pu faire l'expérience. Entre un savoir précis et l'oubli total, il y a bien des degrés. Nos souvenirs peuvent être partiels, flous, incertains : pourtant nous sentons bien qu'ils son... >Voir plus
Que lire après Le trésor des savoirs oubliésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je suis tombée sur ce petit ouvrage dans ma bibliothèque locale où il était rangé dans un petit recoin dédiée aux livres qui ne sont quasiment jamais empruntés, et lorsque je l'ai aperçu je dois dire que la belle couverture mais surtout le titre original m'ont tapé dans l'oeil ! Alors je l'ai pris simplement pour le feuilleter...puis je ne l'ai plus lâché avant de l'avoir terminé le lendemain !

Ce petit essai écrit par Jacqueline de Romilly, célèbre femme de lettres et professeur que je ne connaissais jusqu'ici que de nom, est en soi un trésor à l'instar du titre.
Dans son introduction elle nous explique que depuis qu'elle a perdu la vue il y a quelques années, ses autres sens et surtout sa "vie intérieure" ont pris le pas sur ses yeux. C'est après ce constat qu'elle a décidé d'écrire un livre où elle tenterai d'expliquer et de démontrer, à ceux qui ont encore la vue, combien les souvenirs et la mémoire des choses oubliés jouent un rôle essentiel dans notre vie de tous les jours.
Agrémenté de nombreux exemples très concrets tirés de son expérience dans l'enseignement ainsi qu'auprès de son entourage, et avec un style fluide et limpide, Jacqueline de Romilly nous expose les mécanismes liés à l'apprentissage scolaire, à la littérature et à la culture de façon générale. Elle nous montre que même lorsqu'on les croit oubliés ils sommeillent toujours quelque part en nous et jalonnent notre vie, façonnent notre jugement et nous aide dans la perception d'autrui et du monde autour.
Je n'aurais jamais pensé que l'oubli en tant que sujet puisse être si intéressant et surtout qu'il y aurait tant de chose à en dire ! C'est une approche certes originale mais qui lorsqu'on a lu le livre, fait vraiment sens.
L'autrice à divisé son ouvrage en chapitres et sous chapitres qui rendent la compréhension et la navigation claire et précise, le tout sans jamais tomber dans la démagogie et avec beaucoup de recul et de bienveillance. Et les multiples exemples qu'elle utilise apportent une dimension très concrète et "pratique" au livre qui nous permettent de visualiser aisément les mécanismes auxquels elle fait référence.

J'ai trouvé cet essai absolument formidable, c'est une véritable pépite, un plaidoyer pour l'apprentissage de quelque sorte qu'il soit et un éloge des bienfaits de la culture à tous qui qu'on soit et quel que soit notre niveau.

Bref, un must à lire. Je le conseille vraiment très vivement à tous les amoureux de la culture et de la littérature, qui j'en suis sure le trouveront, comme moi, fascinant et fort de vérité !
Commenter  J’apprécie          120
Je suis vraiment désolée pour Jacqueline de Romilly car ce livre m'a tellement ennuyée que je l'ai abandonné. Autant Jacqueline de Romilly est brillante quant elle exploite son terrain de prédilection, la Grèce, et particulièrement Thucydide, sujet de sa thèse, autant quand elle se réfère aux sciences dures elle est désolante et fâcheuse. Je pensais trouver dans ce livre une somme de "savoirs oubliés" qui aurait satisfait ma curiosité et je n'ai lu finalement que de pénibles poncifs sur la perte de la mémoire liée à la vieillesse brodés d'autosatisfaction.
Commenter  J’apprécie          50
Prendre conscience de tout ce que recèle notre esprit, savoirs, souvenirs, vécus, mais aussi transmission de connaissances, de valeurs, d'une culture, est une expérience intéressante à laquelle vous convie Jacqueline de Romilly.
Commenter  J’apprécie          60
Voici un petit livre extraordinaire qui fera réfléchir ses lecteurs jusqu'au jour de leur mort, puisque son contenu est d'une justesse essentielle et éternelle. C'est un texte qui traite de la mémoire, ce trésor d'une importance absolue. L'ouvrage n'est pas facile à lire puisqu'il est très enrichissant et nécessite une grande attention de la part du lecteur.
Je le recommande à tous.
Commenter  J’apprécie          30
Essai très bien écrit et encourageant pour ceux qui ont l'impression d'avoir oublié tout ce qu'ils ont appris.
Jacqueline de Romilly montre qu'aucun savoir n'est véritablement perdu mais qu'il nous construit à notre insu depuis les limbes de la mémoire comme toute lecture façonne notre personnalité sans que nous en ayons véritablement conscience.
J'ai beaucoup apprécié l'approche positive du phénomène de l'oubli qui est la sienne mais j'ai trouvé le panégyrique de la littérature un peu trop développé.
Ouvrage court à faire lire à ceux qui pensent que ce qu'on apprend à l'école ne sert à rien puisqu'on l'oublie.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
" La connaissance laisse toujours une trace, une marque; et, même sans revenir à la conscience, elle constitue comme un repère et une référence, qui nous aident à penser et à vivre." (p. 23-24 Le Livre de poche)
"Montaigne, déjà, connaissait bien le risque d'une recherche trop intense; et, se plaignant de sa mémoire, il écrivait (dans De la Présomption) : 'Plus je m'en défie, plus elle se trouble; elle me sert mieux par rencontre. Il faut que je la sollicite nonchalamment ; car, si je la presse, elle s'étonne; et depuis qu'elle a commencé à chanceler, plus je la sonde, plus elle s'empêtre et embarrasse : elle me sert à son heure, non pas à la mienne." (p. 66)
" De cet amas de connaissances que l'on croyait d'abord inutiles et qui peu à peu se sont effacées, disparaissant de notre conscience les unes après les autres, résulte donc pour finir la possibilité d'avoir une pensée personnelle, une vie indépendante et une personnalité autonome. La liberté toujours doit se conquérir : elle se conquiert aussi en classe par des exercices dont le sens n'est pas toujours reconnu ni compris." (p. 99)
"On vit, on perçoit, on voit, on entend par la littérature ou du moins on le fait mieux grâce à la littérature. Et même s'il ne s'agit pas de détails mieux perçus, l'évocation littéraire- soit sur le moment, quand nous sommes confrontés à elle, soit après coup, quand il s'agit de souvenirs oubliés- ajoute une présence et une richesse plus grandes à tout ce que nous voyons, même aux objets les plus familiers, aux circonstances, aux mots connus. " (p. 212)
Commenter  J’apprécie          70
Ce n’est plus le jugement proprement dit qui se forme ici : c’est la compréhension.
Compréhension des êtres et des sentiments, compréhension des situations et des passions. Or, le meilleur moyen de réagir sainement dans la vie, est de percevoir les idées et les problèmes avec une profondeur humaine qui seul leur donne leur vrai sens. La compréhension qui naît ainsi chez l’élève est la forme la plus haute de l’intelligence.
(...)
Cela peut paraître peu de choses, mais l’avantage que nous découvrons ici n’est pas mince : on peut le définir d’un mot. Ce mot est liberté. Se former une opinion à soi, c’est faire preuve de liberté d’esprit, c’est par suite choisir soi-même sa voix, ses orientations, ses engagements. C’est éviter de se laisser guider par autrui, d’être prisonnier d’un milieu, de tomber dans tous les pièges de la propagande et de la malhonnêteté.
(...)
De cet amas de connaissances que l’on croyait d’abord inutiles et qui peu à peu se sont effacés, disparaissant de notre conscience les unes après les autres, résulte donc pour finir la possibilité d’avoir une pensée personnelle, une vie indépendante et une personnalité autonome.
La liberté toujours doit se conquérir : elle se conquiert aussi en classe par des exercices dans le sens ce n’est pas toujours reconnu ni compris.
Commenter  J’apprécie          10
Et, s’il est ainsi possible d’en relever la présence dans tous les souvenirs qui restent bien vivant nous, comment douter qu’il en soit de même pour les souvenirs oubliés ? Tous ces romans que nous avons lus, en avons-nous le souvenir ? Et même ces tragédies ? Et même ses poèmes ? Tout cela est passé, passé à travers nous. Mais d’avoir éprouvé, fut-ce d’une façon fugitive, de la pitié pour des êtres très différents, de la compréhension pour des situations inconnues, des espoirs et de désespoirs qui n’étaient pas les nôtres, comment une telle accumulation d’expériences même rapide ne laisserait-elle pas ouverte en nous la voie pour de tels sentiments, l’habitude et la connaissance de leurs possibilités ?

La littérature ne passe jamais en nous sans laisser après elle une petite marque qui peut être légère et à peine perceptible et pourtant capable de durer. Cette marque appartient au domaine du sentiment ; et chaque connaissance ce double d’élans affectifs qui, peu à peu, dessinent et nos goûts et nos aspirations.
Commenter  J’apprécie          10
Entre l’ignorance absolue et le souvenir flou, il existe un abîme.
C’est pourquoi il faut apprendre le plus de choses possibles en classe ; car ce sont là des repères qui serviront plus tard à l’homme fait, pour alimenter et fonder son jugement. Il aura des points de comparaison d’abord isolés et vagues, mais se reliant les uns aux autres par une sorte de filet ou de trame générale dans laquelle viendront s’insérer ensuite toutes les connaissances qu’il amassera au cours de sa vie, tous les moyens de répondre aux problèmes qui surgiront. Plus ces repères seront nombreux, plus son jugement sera mûr et lucide, mais de toute façon, même le plus mauvais élèves, après les études les plus courtes et les plus maladroitement menées, possédera ces repères et ces fiches sans lesquelles aucune pensée n’est possible.
Commenter  J’apprécie          10
On a parlé du souvenir dont il n'a pas encore été question ici. On a parlé du souvenir en tant que connaissance, de son classement ou de son érosion: visiblement,on ne peut s'en tenir là. Dans tout souvenir il y a une force, il y a un élan dans un sens ou dans l'autre, comme une charge éléctrique positive ou négative prête à déclencher une réaction dans un sens ou dans l'autre.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Jacqueline de Romilly (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline de Romilly
Affinités électives. Par Francesca Isidori - Avec Jacqueline de Romilly. Le 10 mai 2007, Francesca Isidori recevait la femme de lettres Jacqueline de Romilly pour l’émission “Affinités électives”, diffusée sur France Culture. Photographie : Jacqueline de Romilly © AFP Alexandre Fernandes. Née à Chartres, en 1913 (fille de Maxime David, professeur de philosophie, mort pour la France, et de Jeanne Malvoisin), elle a épousé en 1940 Michel Worms de Romilly. Elle a effectué sa scolarité à Paris : au lycée Molière (lauréate du Concours général, la première année où les filles pouvaient concourir), à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (1933), à la Sorbonne. Agrégée de lettres, docteur ès lettres, elle enseigne quelques années dans des lycées, puis devient professeur de langue et littérature grecques à l'université de Lille (1949-1957) et à la Sorbonne (1957-1973), avant d'être nommée professeur au Collège de France en 1973 (chaire : La Grèce et la formation de la pensée morale et politique). Du début à la fin, elle s'est consacrée à la littérature grecque ancienne, écrivant et enseignant soit sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) soit sur l'histoire des idées et leur analyse progressive dans la pensée grecque (ainsi la loi, la démocratie, la douceur, etc.). Elle a également écrit sur l'enseignement. Deux livres sortent de ce cadre professionnel ou humaniste : un livre sur la Provence, paru en 1987, et un roman, paru en 1990. Après avoir été la première femme professeur au Collège de France, Jacqueline de Romilly a été la première femme membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1975) et a présidé cette Académie pour l'année 1987. Elle est membre correspondant, ou étranger, de diverses académies : Académie du Danemark, British Academy, Académies de Vienne, d'Athènes, de Bavière, des Pays-Bas, de Naples, de Turin, de Gênes, American Academy of Arts and Sciences, ainsi que de plusieurs académies de province ; et docteur honoris causa des universités d'Oxford, d'Athènes, de Dublin, de Heidelberg, de Montréal et de Yale University ; elle appartient à l'ordre autrichien “Ehrenzeichen für Wissenschaft und Kunst” et a reçu, en 1995, la nationalité grecque et est nommée, en 2001, ambassadeur de l'Hellénisme. Elle a aussi reçu de nombreux prix : Prix Ambatiélos de l'Académie des inscriptions et belles-lettres(1948), prix Croiset de l'Institut de France (1969), prix Langlois de l'Académie française (1974), Grand prix d'Académie de l'Académie française (1984), prix Onassis (Athènes, 1995). Ella est élue à l'Académie française, le 24 novembre 1988, au fauteuil d'André Roussin (7e fauteuil). Son dernier ouvrage : “Tragédies Grecques au fil des ans” paraîtra en juin 2007 aux éditions des Belles Lettres. Il s'agit d'un recueil d'études sur la tragédie grecque du dernier tiers du Ve siècle av. J.-C. et ses rapports avec les mouvements intellectuels athéniens. Jacqueline Worms de Romilly, née Jacqueline David le 26 mars 1913 à Chartres et morte le 18 décembre 2010. Invitée : Jacqueline de Romilly Source : France Culture
+ Lire la suite
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (99) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
848 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..