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EAN : 9782234061811
130 pages
Stock (03/11/2008)
4.01/5   35 notes
Résumé :
Durant des siècles, on a parlé grec autour de la Méditerranée. Après avoir rapidement retracé les étapes de la diffusion de cette langue que les conquêtes d'Alexandre menèrent jusqu'aux confins de l'Inde et qui est restée vivante dans tout l'empire romain, ce petit livre, qui s'adresse à tous les publics et en particulier aux non-spécialistes, en multipliant les comparaisons avec le français, s'attache à analyser les traits propres à une langue alliant rigueur et so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Pourquoi le grec? Une question qui est loin d'être innocente dès qu'il s'agit de Jacqueline de Romilly, helléniste distinguée et membre de l'Académie française, qui signa il y a quelques années "Pourquoi la Grèce". En 2008, elle collabore avec Monique Trédé afin de faire paraître, chez Stock, le petit ouvrage indispensable "Petites leçons sur le grec ancien" - dont le titre aurait aussi bien pu être, justement, "Pourquoi le grec?".

Pourquoi le grec, justement, alors? En collaboration avec Monique Trédé, Jacqueline de Romilly répond ici à une question d'emblée présentée comme essentielle, que ce soit par une exergue d'André Chénier ("Un langage sonore aux douceurs souveraines. le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines.") ou par les premières phrases du chapitre 1: "Ceux qui s'emploient à écarter de l'enseignement, en France ou ailleurs, l'étude de la langue grecque, s'imaginent volontiers qu'il s'agit simplement de la langue employée dans un tout petit pays qui avait perdu son indépendance dès avant l'ère chrétienne et que cette langue n'eut d'existence que dans un passé lointain." le petit ouvrage "Petites leçons sur le grec ancien", vous l'avez deviné, s'attachera avec talent à démontrer qu'évincer le grec ancien est une grave erreur...

... et les auteurs vont convaincre leur lectorat. Leur langue est accessible et loin de toute technicité aride; elle se met au service d'une excellente vulgarisation, ce qui est la marque de ceux (et celles!) qui maîtrisent réellement leur sujet. le style est à la fois limpi de, accessible et vivant. Pour Jacqueline de Romilly et Monique Trédé, le grec ancien est une langue universelle et intemporelle dans laquelle l'Europe actuelle puise ses racines culturelles et littéraires.

Tout cela, les auteurs l'exposent en abordant plusieurs aspects au fil de chapitres clairement structurés. Il y a d'abord l'histoire et l'expansion de la langue, puis les mécanismes de son enrichissement et de la constitution de son vocabulaire, sans oublier ses beautés intrinsèques - ce qui, au fond, constitue le génie propre de la langue - à travers ses constituants: noms, verbes, particules. La démonstration frappe grâce à de nombreux exemples tirés de ce que le grec nous a légué de mieux: sa littérature. Celle-ci, justement, est aussi évoquée dans ses spécificités; ses mécanismes pourraient inspirer certains auteurs d'aujourd'hui.

Un bon moment de lecture et de réflexion, donc! Toute personne intéressée par les langues anciennes lira cet ouvrage avec profit; et en particulier, sa langue particulièrement accessible (sans toutefois tomber dans l'infantilisme) le rendra sans doute pertinent et motivant pour des lycéens désireux d'approfondir leurs connaissances des langues anciennes.

Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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Que l'on soit académicien, homme politique, écrivain ou simple lecteur, nous ne ratons pas une occasion de vanter les mérites de notre langue française. Elle a fait rayonner notre littérature dans le monde entier. Voilà un bon motif de cocorico pour tous les Français un peu chauvin. À l'heure où certains souhaitent fermer les frontières au prétexte d'éviter le déclin de la France, il est peut-être opportun de mesurer ce que notre langue doit aux « étrangers ». Je ne sais pas si les mots se sont « intégré » ou si nous les avons « assimilé », mais le résultat est là, notre langue est la somme d'un brassage avec les langues de plusieurs pays. Les mots d'origine latine représentent près de 80 % de notre vocabulaire, et le latin lui-même a subi l'influence du grec ancien, celui d'Aristote, de Platon, d'Eschyle, de Sophocle, d'Aristophane et de bien d'autres. La langue française s'est enrichie de nombreux mots ou expressions provenant de tous les pays avec lesquels nous avons été en contact dans l'histoire.

Jacqueline de Romilly nous fait découvrir tout ce que nous devons au grec ancien. Son livre est certainement à recommander à tous ceux qui souhaitent se lancer dans l'étude de cette langue, car il stimulera leur motivation. Il ne s'agit pas d'un manuel d'apprentissage de la langue, mais d'un essai présentant les caractéristiques et la beauté du grec au travers d'exemples de textes empruntés aux plus grands auteurs de l'antiquité. On apprend également le cheminement de cette langue pour venir jusqu'à nous et l'importance qu'elle représente encore aujourd'hui. Certains passages sont assez difficiles à comprendre, ceux dans lesquels Jacqueline de Romilly tente de nous expliquer les nuances littéraires que le grec ancien permet et les difficultés que représente leur traduction en français. Mais j'ai lu ce petit livre avec plaisir, et je ne suis pas déçu par rapport à mes attentes. Je souhaitais lire une introduction historique au grec ancien avec des éléments d'information sur les spécificités et la structure de cette langue, ce livre a répondu à mes attentes. Il me reste à trouver son équivalent pour le latin.


– «  Petites leçons sur le grec ancien » Jacqueline de Romilly, le livre de poche (2021) 148 pages.
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Dès que j'ai lu le billet que Passou lui consacrait, j'ai su qu'il fallait que j'en prenne possession à mon tour et que je n'en serai que ravi. Et je ne me suis pas trompé ! Décidément l'année se poursuit sous les meilleures auspices (côté littérature) car ce petit bouquin est un véritable délice pour les yeux et l'esprit.

Moi, qui n'avais jamais – oui, je sais : shame on me ! – rien lu de Jacqueline de ROMILLY jusqu'à présent, je ne regrette pas d'avoir commencé par cet ouvrage, bien au contraire. Je crois même que c'est une excellente introduction à son oeuvre et à son univers. Et pourtant, depuis la seconde, j'ai entendu parler de cette vénérable dame, car c'est à cette époque que j'ai commencé à entrapercevoir le monde grec, et par la suite, régulièrement, car je n'ai pu être insensible à son combat pour le maintient des humanités dans nos chères têtes blondes, pour que celles-ci soient, non seulement, bien pleines (ce qui relève sinon de l'utopie, au moins de la gageure à l'heure actuelle où le mot d'ordre semble d'en apprendre le moins possible et où on allège un peu plus d'année en année...) mais surtout bien faites !
Lien : http://iti1801.net/blog/inde..
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Un magnifique éloge à cette langue magnifique qu'est le grec ancien, malheureusement très délaissé du fait qu'il soit "réservé aux intellectuels", bêtise suprême et stéréotype macabre!
La littérature grecque a cette richesse d'avoir réussi à cerner l'être humain dans son essence, d'où son actualité!
Je l'ai lu en tant que convaincu, mais il saurait en convaincre plus d'un s'il était lu avec attention!
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Le livre de Jacqueline de Romilly (de l'Académie française, précise l'éditeur Stock, à prononcer de manière pompeuse avec une bouche en cul-de-poule) et co-écrit par Monique Trédé (qui ne fait partie de l'Académie française, ce qui fait nettement chuter la moyenne qualitative de l'ouvrage que mes mains tremblantes tiennent fébrilement), une illustre inconnue pour moi, mais qui est tout de même bardée des diplômes nécessaires à la rédaction d'un ouvrage de vulgarisation scientifique ou historique pour l'ignare que je suis (agrégation - mais de l'université précise-t-on, ce qui est moins bien, non ? -, docteur d'Etat - on se croirait durant la guerre froide de l'autre côté du rideau de fer -, directrice d'un centre d'étude à la rue d'Ulm - la classe !).

[...] La critique complète sur mon blog !
Lien : http://lecturesdejulien.over..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Considérons, par exemple, les premiers vers de l'Iliade :
" Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pelée,
Colère funeste qui aux Acheens valut des souffrances sans nombre...."
Alors que le français se doit de commencer par le verbe et l'apostrophe au destinataire (" Chante, déesse "), le grec dégage en tête du vers le complément du verbe, " la colère ", c'est à dire le mot définissant le thème de l'Iliade, qui n'est pas le récit des dix ans de la guerre de Troie mais celui de la crise qui se noue autour de la colère d'Achille ; ce qui donne le mot à mot :
" La colère ( menin), chante- la, déesse, celle d'Achille, le fils de Pelée,
Colère funeste ( oulomenen)...."
On notera les répétitions ou explicitations auxquelles contraint le français, mais on notera surtout dans le texte grec, le rejet, au début du deuxième vers - en écho au premier mot du poème- du participe à l'accusatif qui qualifie cette colère :
Menin aeide, thea, Peleiadeo Achileos
Oulomenen,...
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Et comment oublier le vers sublime par lequel Antigone répond à Créon (Antigone, 523 ): " Je suis de ceux qui aiment, non de ceux qui haïssent ", traduit de Paul Mazon? L'idée est rendue mais non la densité du vers de Sophocle qui ne compte que cinq mots et doit sa force à l'opposition des deux composés, les verbes haïr ( echthein) et chérir ( philein) composés l'un et l'autre à l'aide de la même préposition :sun, " avec" qui indique l'accompagnement, le fait d'avoir part à : " Je suis née pour partager non la haine ( sunechthein) mais l'amour ( sumphilein)."
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La théâtrocratie correspond à ce stade d'évolution de la démocratie où tout le monde se croit compétent sur tout sans avoir rien appris. Chacun acquiert alors une assurance qui se transforme bientôt en impudence, refuse toute autorité et, finalement, cherche à désobéir aux lois, ne respectant plus ni serment, ni engagement. (Platon, Lois III, 701 A-D).
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Il faut bien le reconnaître, la fin de l'Empire romain marque la décadence de la culture et de la langue grecques. Avec les invasions des Barbares, tout change, et le grec ne se maintient guère que derrière les grilles de quelques monastères où sont pieusement recopiées les oeuvres de la Grèce classique. C'est une flamme timide qui éclaire, par endroits seulement, les siècles du Moyen Age.
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Si l'on remonte à l'origine et à l'installation des Grecs en Méditerranée orientale, on remarque déjà un premier fait : ils se sont installés par petits groupes, indépendants les uns des autres, même si certains ont acquis à telle ou telle époque une puissance supérieure à d'autre. On peut alors parler des Grecs, déjà répandus assez largement dans le bassin méditerranéen, mais on ne peut pas dire qu'il y eut alors une Grèce.
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Videos de Jacqueline de Romilly (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline de Romilly
Affinités électives. Par Francesca Isidori - Avec Jacqueline de Romilly. Le 10 mai 2007, Francesca Isidori recevait la femme de lettres Jacqueline de Romilly pour l’émission “Affinités électives”, diffusée sur France Culture. Photographie : Jacqueline de Romilly © AFP Alexandre Fernandes. Née à Chartres, en 1913 (fille de Maxime David, professeur de philosophie, mort pour la France, et de Jeanne Malvoisin), elle a épousé en 1940 Michel Worms de Romilly. Elle a effectué sa scolarité à Paris : au lycée Molière (lauréate du Concours général, la première année où les filles pouvaient concourir), à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (1933), à la Sorbonne. Agrégée de lettres, docteur ès lettres, elle enseigne quelques années dans des lycées, puis devient professeur de langue et littérature grecques à l'université de Lille (1949-1957) et à la Sorbonne (1957-1973), avant d'être nommée professeur au Collège de France en 1973 (chaire : La Grèce et la formation de la pensée morale et politique). Du début à la fin, elle s'est consacrée à la littérature grecque ancienne, écrivant et enseignant soit sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) soit sur l'histoire des idées et leur analyse progressive dans la pensée grecque (ainsi la loi, la démocratie, la douceur, etc.). Elle a également écrit sur l'enseignement. Deux livres sortent de ce cadre professionnel ou humaniste : un livre sur la Provence, paru en 1987, et un roman, paru en 1990. Après avoir été la première femme professeur au Collège de France, Jacqueline de Romilly a été la première femme membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1975) et a présidé cette Académie pour l'année 1987. Elle est membre correspondant, ou étranger, de diverses académies : Académie du Danemark, British Academy, Académies de Vienne, d'Athènes, de Bavière, des Pays-Bas, de Naples, de Turin, de Gênes, American Academy of Arts and Sciences, ainsi que de plusieurs académies de province ; et docteur honoris causa des universités d'Oxford, d'Athènes, de Dublin, de Heidelberg, de Montréal et de Yale University ; elle appartient à l'ordre autrichien “Ehrenzeichen für Wissenschaft und Kunst” et a reçu, en 1995, la nationalité grecque et est nommée, en 2001, ambassadeur de l'Hellénisme. Elle a aussi reçu de nombreux prix : Prix Ambatiélos de l'Académie des inscriptions et belles-lettres(1948), prix Croiset de l'Institut de France (1969), prix Langlois de l'Académie française (1974), Grand prix d'Académie de l'Académie française (1984), prix Onassis (Athènes, 1995). Ella est élue à l'Académie française, le 24 novembre 1988, au fauteuil d'André Roussin (7e fauteuil). Son dernier ouvrage : “Tragédies Grecques au fil des ans” paraîtra en juin 2007 aux éditions des Belles Lettres. Il s'agit d'un recueil d'études sur la tragédie grecque du dernier tiers du Ve siècle av. J.-C. et ses rapports avec les mouvements intellectuels athéniens. Jacqueline Worms de Romilly, née Jacqueline David le 26 mars 1913 à Chartres et morte le 18 décembre 2010. Invitée : Jacqueline de Romilly Source : France Culture
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