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Gabriel Iaculli (Traducteur)
EAN : 9782757813089
320 pages
Points (16/04/2009)
3.53/5   39 notes
Résumé :
Un corps est retrouvé calciné, une croix sanglante tracée à la hache sur le front. Félix Chacaltana, substitut du procureur dans la ville d'Ayacucho, s'interroge. Est - ce un retour des terroristes du Sentier lumineux ? Ou des catholiques fanatiques, qui célèbrent à leur manière le mercredi des Cendres et la semaine sainte ? Ce qui est certain, c'est qu'Ayacucho mérite son nom de "coin des morts".

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Novembre, un temps pluvieux, envie d'évasion, je saisis le premier livre traduit en français de Santiago Roncagliolo, Avril Rouge, un polar péruvien qui me fait de l'oeil depuis bien trop longtemps.

Mars 2000, Ayacucho, préparation de la Semaine sainte, la ville des Eglises est en effervescence, c'est un des événements religieux les plus courus du pays. Les touristes européens, boliviens attendus vont bientôt affluer, se mélanger à la population autochtone afin de participer aux cortèges des différentes confréries. Au milieu de cette agitation, un être imperturbable, isolé dans son bureau, Félix Chacaltana Saldívar, substitut du procureur, rédige un rapport sur sa première affaire criminelle depuis son retour de Lima. Mais en période électorale, ceux qui détiennent le pouvoir (l'armée, la police) sont sous tension et ils veulent éviter tout dérapage ou fuite journalistique avec ce fait divers. Ayacucho, reste le berceau historique du Sentier Lumineux, « Sendero Luminoso », et sa présence est palpable même si les dirigeants préfèrent la taire. Pour l'empêcher de creuser son affaire, l'éloigner ou le remettre à sa place, Chacaltana est nommé juge électoral à titre provisoire dans les Andes à Quinua, le comité d'accueil : une série de chiens pendus en flamme à l'entrée du village ! Un séjour de 48 heures qui lui apprend le mépris témoigné par les militaires envers les Indiens, les « cholos », mais surtout où il mesure l'écart vertigineux qui existe entre les paysans quechuas et les citadins dont le seul point commun est la peur.

Chacaltana, est le seul à invoquer les fantômes d'Ayacucho, l'affaire qui le tourmente et qui fait ressurgir de vieux démons est sans aucun doute un assassinat perpétré par une cellule encore active de terroristes sendéristes ou de quelques fanatiques religieux et non la vengeance d'un cocu, une « affaire de jupon » comme les autorités essaient de lui faire croire. le premier cadavre dont il s'occupe est carbonisé, mutilé d'un membre et porte une marque cruciforme sur le front mais d'autres surgiront aux moments clés de la Semaine sainte avec le même modus operendi observé sur les scènes de crime. Dans une telle ambiance le substitut ne sait plus à quel saint se vouer! (J'opte pour celui de la Treille, il m'a l'air bienveillant et dans une telle situation on s'y accroche car la perspicacité de Chacaltana va lui faire découvrir des réalités difficiles à avaler et le précipiter dans un chaos infernal.) Problème, les nouvelles victimes ont toutes été en contact avec lui avant d'être assassinées, ses cauchemars ont-ils un message à lui délivrer? le feu et les flammes vont-ils le conduire à la résolution de cette affaire? Les procédures réglementaires dont le substitut est si friand vont être malmenées.

Le contexte socio-politique est trouble et tendu: une grande partie du district d'Ayacucho est en zone rouge depuis le décret d'État d'urgence, l'armée assure le maintien de l'ordre et les garanties constitutionnelles individuelles sont suspendues. Dans l'ombre, les « sinchis », le service de lutte antiterroriste lancent des opérations en représaille de foyers sendéristes renaissants.

Un anti-héros atypique, solitaire, méticuleux, persévérant, ne jurant que par ses manuels de droit, admirateur du poète José Santos Chocano, vouant une vénération sans faille à sa mère, sa mamacita, un homme de justice difficile à corrompre qui a peu d'ambition mais que peut-être l'acquisition d'une Datsun ferait changé d'avis ... enfin peut-être !
Un rythme d'enquête calqué sur les moments symboliques de la Semaine sainte d'Ayacucho. Des personnages secondaires qui permettent d'évoquer l'histoire contemporaine péruvienne tout en faisant remonter croyances et superstitions incas. Les portraits psychologiques très fouillés ajoutés aux préoccupations de la vie quotidienne font ressortir les conflits intérieurs de chacun d'eux en ressuscitant leurs traumatismes, séquelles encore vives de violences et exactions subies. Dans un dénouement aux multiples rebondissements la toile tissée avec adresse autour du substitut se resserre inexorablement et se désagrège dans un bouquet final digne d'un feu d'artifice. Au final un polar très bien construit dont le style clair non dénoué d'humour rend la lecture attrayante et captivante.

Au Pérou, entre les années1980 et 1990, la guerre civile livrée entre l'armée péruvienne et le mouvement maoïste du Sentier lumineux a fait quelque 70 000 morts. Dans Avril rouge, roman noir d'atmosphère, la mort ne fait plus peur mais les fantômes bien présents hantent chacun des personnages. En quechua, Ayacucho signifie « le coin des morts », Ayacucho une ville où le sang a coulé et coule encore dans Avril rouge. Santiago Roncagliolo, avec finesse et empathie y souligne les conséquences de ces affrontements sur les populations civiles encore victimes de violences militaires. « Pour se libérer des chaînes du passé, il faut avoir un présent. »

Une bonne découverte. Un polar addictif. Une immersion dans une ville andine fiévreuse et une incursion en pays inca réussies.

Ecrivain, journaliste et scénariste péruvien, Santiago Roncagliolo est l'auteur de la biographie du fondateur du Sentier lumineux, Abimael Guzmán, La quatrième épée : L'histoire d'Abimael Guzman et du Sentier lumineux. Il a reçu le prix du roman Alfaguara et l'Independent Foreign Fiction Prize pour son livre Abril Rojo (éd. Alfaguara, mars 2006). Il est possible de retrouver Chaltacana dans La peine capitale, avant sa nomination à Ayacucho.
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Un substitut du procureur général tente d'exercer correctement son métier dans un département péruvien où policiers corrompus et militaires blasés contrôlent à peu près tout en souhaitant vivement être mués dans un endroit moins perdu. Il comprendra rapidement que les vraies règles du jeu ne sont pas celles qu'il croyait et devra se débattre et s'adapter pour faire progresser une enquête qui pourrait le mener à un groupe terroriste supposément exterminé ou presque.

L'auteur nous captive par la progression de l'intrigue, tisse une toile de fond inquiétante, illustre bien la dynamique d'une société où les relents de dictature ne sont jamais très loin. Cela donne un air de nouveauté à ce polar par ailleurs bien construit, même si certains dénouements sont assez prévisibles. En somme une bonne lecture mais qui n'incite pas nécessairement à suivre cet auteur.
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Pour avoir beaucoup apprécié l'humour décalé et les personnages hors sol de "Oscar y las mujeres" (Oscar et les femmes), du même auteur, j'ai aussi lu récemment son dernier ouvrage "Y libranos del mal" ("Et délivre nous du mal", non encore traduit en français), du même Santiago Roncagliolo. Mais, dans aucun de ces deux livres "(Y libranos del mal "et "Abril rojo" - "Avril rouge", je n'ai retrouvé le brio et le génie déroulés dans "Oscar y las mujeres".
Cet ouvrage-ci est un thriller dont l'issue est cousue de fil blanc, et seul le personnage principal totalement décalé ( un fonctionnaire qui croit aux valeurs de l'Etat, sans aucune ambition et vénérant sa mère décédée avec qui il converse chaque jour comme Norman Bates dans "Psycho") fait tenir jusqu'au bout.
Le sujet du terrorisme et de la guerre civile au Pérou est certainement très délicat à traiter. Et l'auteur a choisi le gore (des tonnes de sang et de membres) pour le décrire.
Même si je n'aime ni cet auteur ni ce livre, tant qu'à faire, le "Lituma en los Andes" ("Lituma dans les Andes") du Nobel Mario Vargas Llosa, écrit avec une plume glaciale, me paraît bien meilleur sur le thème. (Simple opinion)
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Je suis sans doute passée à côté de ce récit, mais personnellement je me suis beaucoup ennuyée tout au long des pages. J'ai d'ailleurs hésité à abandonner, mais puisqu'il s'agit d'un polar, j'ai pensé qu'il allait se passer quelque chose à un moment concernant cette enquête au Pérou dans un petit village qui a connu une longue période de combat.
Mais le récit est laborieux, manquant de descriptions permettant de se représenter les lieux et la situation. Les chapitres m'ont semblé trop longs et manquants de rythme.
Alors oui, la fin est un peu étonnante, mais pour moi ce fut trop tard, j'avais juste une hâte: clore cette lecture, quitter ces personnages sans saveur, auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher.
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Une petite ville péruvienne dans laquelle Félix Chacaltana, un substitut du procureur, va plonger corps et âme. Et son âme, il va la perdre.

Tendre et immergé dans l'adoration malsaine qu'il voue à sa mère décédée, Félix va se faire balader entre militaires, policiers et sentie lumineux. Débrouiller une série de crimes sordides va lui coûter bien plus que la vie. Quel est le tueur en série? Qui tue un militaire, un prêtre... avec de tels sévices...?

Une sacrée écriture, dense et dérangeante, doublée d'un univers tout à fait personnel, voilà ce que j'ai découvert avec un auteur péruvien dont je ne connaissais rien. Et que je vais m'empresser de relire dans ses autres ouvrages.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans les Andes, le mythe de l'Inkarri, l'Inca Roi existe. (...) Après avoir étouffé la rébellion, l'armée espagnole tortura Tupac Amaru (...) Ensuite, ils l'écartelèrent avec des chevaux. (...).
Les paysans andins croient que les morceaux de Tupac Amaru furent enterrés dans des points distincts de l'empire, pour que son corps ne puisse jamais se réunir. D'après eux, ces parties croissent jusqu'à se réunifier. Et lorsqu'elles trouveront la tête, l'inca se lèvera de nouveau et un cycle se terminera. L'empire ressurgira et écrasera tous ceux qui le saignèrent. La terre et le soleil avaleront le Dieu que les espagnols amenèrent de l'extérieur.
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Nous vivons l'expérience de la mort à travers les autres, mais au tréfonds de nous-même nous ne pouvons l'assurer. Nous voulons vivre à jamais. Voilà pourquoi nous conservons nos corps en vue de la résurrection. Les enterrer, c'est les conserver. Étymologiquement, le mot "cimetière" ne se réfère pas à la mort, mais au repos, en attendant que le corps soit réuni avec l'âme. C'est beau, n'est-ce pas ?
p 196
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Dans certaines cultures précolombiennes, on enterrait les morts avec tous leurs ustensiles, pour qu'ils puissent s'en servir dans une vie ultérieure. Ici même, à trente kilomètres de ce qui est maintenant Ayacucho, les wari enterraient les gens importants jusqu'avec leurs esclaves. Sauf que les esclaves étaient enterrés vivants. C'était une culture guerrière.
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Les autres créatures de Dieu n'ont pas d'expérience collective de la mort, ou bien elles en ont une totalement fugace. Peut-être que le chat ou le chien se croit immortel, parce qu'il n'est pas mort. Vous me suivez? Mais nous nous savons que nous mourrons et nous vivons obsédés à combattre la mort, ce qui fait qu'elle a une présence démesurée, parfois écrasante, dans nos vies. L'être humain a une âme dans la juste mesure où il est conscient de sa propre mort.
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- Les gens des Forces Armées. Ils vont par là et disent aux paysans qu'ils ont la technologie pour savoir pour qui ils ont voté. C'est è dire qu'ils voteront tous pour le Président, donc.
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Vidéo de Santiago Roncagliolo
Santiago Roncagliolo: 2015 National Book Festival
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