AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nilebeh


« Mécaniques du chaos » est un roman dense et visiblement documenté (l'écrivain a été diplomate à Malte) sur les milieux diplomatiques et policiers dans cette France qui se découvre multi-ethnique, inhospitalière, assise sur ses prétendues convictions en matière de droits de l'homme et ravie du confort acquis depuis les trente glorieuse. Et tout étonnée de s'apercevoir que, parmi ses enfants, certains se tournent vers un autre modèle, à la recherche d'autres valeurs.
C'est ainsi qu'une petite Emma, Bretonne, se trouve un idéal auprès d'un Sami, pure réussite de l'Éducation nationale, avec un métier prestigieux dans le monde de la finance, mais ce fils d'émigré algérien, entre deux rendez-vous d'affaires, se transforme en militant djihadiste et prépare des attentats en France.

Dans la banlieue parisienne, au milieu des immeubles sinistres des « cités » ou des « quartiers », vit un petit monde structuré autour d'une sorte de nabab de banlieue, redoutable chef de bande, qui régente toutes sortes de trafics. Personnage redoutable et grotesque à la fois que ce Moussa dit M'Bilal. Il utilise les services d'un jeune Africain, Harry, seul personnage attachant de ce livre, par sa fraîcheur, son goût pour la poésie, son désir de se sortir de cet univers.

Le récit est essentiellement fait par la voix de Sébastien Grimaud, archéologue, spécialiste du Moyen-Orient, à qui les trafiquants vont proposer une partenariat pour expertiser les oeuvres d'art volées sur les sites détruits par Al-Qaïda pour financer le djihad. Sébastien est un homme de soixante-quatre ans, blessé depuis la perte de sa femme, Valentine, suicidée, par sa faute, à l'âge de dix-neuf ans. Depuis, il la recherche dans ses amours avec de toutes jeunes femmes, par exemple Rim, jeune fille mineure tunisienne qu'il finit par avoir envie d'épouser. Jusqu'au moment où il la trouve en situation amoureuse avec le policier Bruno, son ancien élève au cours d'architecture à l'université. Sébastien veut coopérer en apparence avec les revendeurs d'antiquités pour les dénoncer ensuite et protéger les oeuvres.
A la fin du roman, revenu s'installer en Sicile, il emploie une jeune italienne comme femme de ménage et commence à la regarder comme une nouvelle Valentine.

Nous entrons dans les lieux tenus secrets ( « la Villa », vers les Invalides) où travaille la brigade anti-terroriste, à Matignon, dans les locaux de la place Beauvau , dans les arcanes des services secrets et de la politique.

Seuls personnages attachants : Jeannette, ancienne maîtresse de Khadafi, journaliste, qui a découvert les deux jeunes migrants sur une plage de Malte, Habiba et son frère. le frère, tué par les djihadistes sur son lit d'hôpital, Habiba, réfugiée à Paris chez Jeannette et Lambertin, l'ex « premier flic de France » qui a géré les attentats de Paris. Habiba et harry créent un duo de slam HH qui connaît un certain succès.

Le point de départ des violences contre la France : le 8 mai 1945 à Sétif en Algérie. Manifestation des Algériens contre l'occupant français. Début du sentiment de colère et de désir de vengeance, refus des valeurs occidentales, corrompues aux yeux de l'islam.

Des chemins se croisent et se recroisent, les personnages évoluent, se durcissent (notamment les trafiquants, les convertis au djihadisme). Un intéressant éclairage sur les mécanismes du terrorisme, sur le fonctionnement des services anti-terroristes.

Un constant va- et- vient entre Paris, la Tunisie, la Libye, Malte. Un procédé d'écriture par tableaux successifs, assez bien évoqués. des personnages qu'on voit évoluer au fil des pages. Pas de suspens (ce n'est pas un thriller comme l'annonce l'éditeur), une marche assez implacable mais prévisible vers le dénouement.

Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}