La législation révolutionnaire en matière de secours publics présupposait qu'il n'y avait que deux catégories d'adultes concernés : les invalides qui ne pouvaient travailler et les valides qui ne trouvaient pas de travail. Ils n'imaginaient pas un seul instant qu'un homme ayant du travail pût avoir un niveau de revenu si bas qu'on puisse presque le considérer comme un indigent. C'est pourtant ce phénomène, reproduit à grande échelle, que l'on découvre au XIXe siècle.
Les distinctions simples entre malades ou invalides et bien portants, travailleurs et chômeurs, actifs et retraités présupposaient en effet que tous les individus couraient des risques de même nature. Le principe implicite de justice et de solidarité qui sous-tendait l'Etat-providence reposait sur l'idée que les risques étaient à la fois également répartis et et de nature largement aléatoire. Il est claire que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Le grand problème depuis la Révolution était en effet d'accorder le principe de solidarité (la société a une dette envers ses membres) avec le principe de responsabilité (chaque individu est maître de son existence et doit se prendre en charge). Il s'agissait en quelque sorte d'articuler un droit avec un comportement.
Il sera impossible de recréer de la solidarité sans trouver un nouveau ciment collectif. Le problème est que les lieux de ce que l'on appelle le civisme ordinaire - la conscription, l'école, le quartier même - se sont progressivement décomposés.
L'idéologie de l'Etat ultraminimal est passée de mode. Tout le monde reconnaît désormais le rôle incontournable de l'Etat-providence pour maintenir la cohésion sociale. L’important est maintenant de le repenser de sorte qu'il puisse continuer à jouer positivement son rôle.
Premier signe du "rendez-vous avec la nation" qu'il annonçait pour 2024, le président de la République a tenu mardi soir une conférence de presse au palais de l'Élysée, alors que le nouveau gouvernement de Gabriel Attal fait déjà face aux critiques.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Pierre Rosanvallon, professeur émérite au Collège de France
Visuel de la vignette : Ludovic Marin / AFP
#gouvernement #politique #société
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