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Attica Guedj (Traducteur)Stephan Meldegg (Traducteur)
EAN : 9782749810096
100 pages
L'Avant-scène (01/11/2006)
4.43/5   89 notes
Résumé :

Les jurés se réunissent pour délibérer à l'issue d'un procès dont l'accusé est un adolescent de seize ans inculpé pour parricide. Les preuves manquent et il clame son innocence. Mais les témoignages sont graves, précis et concordants. S'il est reconnu coupable, le jeune homme sera condamné à mort. Onze jurés sur douze votent " coupable ". Le huitième Juré explique son veto,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai vu le film de Sidney Lumet tiré de la pièce un nombre incalculable de fois au cours des cinq ou six dernières décennies, et ce film est un de mes films préférés. le casting, la réalisation, le jeu sont d'une maîtrise parfaite et captivent ( c'est mon cas ) le spectateur du début à la fin.
De temps à autre... ce fut le cas hier soir, je tends la main vers ma bibliothèque pour y prendre la pièce écrite par Reginald Rose et me replonger dans ce huis clos devenu un classique... donc un incontournable.
Pour les quelques rares qui ne connaîtraient pas le thème, il s'agit de douze jurés qui, au terme d'un procès au cours duquel a été jugé un gamin de 16 ans pour parricide, doivent décider à l'unanimité de sa culpabilité ... qui ne souffre, a priori, d'aucun doute "raisonnable", ou de son innocence qui apparaît comme invraisemblable. Donc rendre un verdict... qui semble d'évidence d'entrée comme défavorable.
Et pourtant, un juré a des doutes, et ce juré va envers et contre tous éclairer ses compagnons "enchaînés au fond de la grotte"...
L'auteur a réussi la prouesse de nous montrer à travers les délibérations de ce jury (exclusivement masculin...) socialement, intellectuellement, culturellement et générationnellement hétérogène, les interactions psychologiques et les comportements qu'elles induisent sur l'un ou les autres à partir d'un mot, d'une remarque, d'une question d'un ou de plusieurs des personnalités constituant le groupe.
Il nous donne par ailleurs une belle leçon de ce que peut être la victoire toujours incertaine et fragile de la socialisation sur ce qu'on pourrait appeler les "instincts", et en extrapolant, de la civilisation sur la barbarie.
Les procès ont un pouvoir de fascination sur notre imaginaire que l'auteur a su exploiter avec maestria pour nous permettre de nous interroger sur qui nous sommes en nous offrant pendant une heure et demie la possibilité de nous observer...
Du très grand art !
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Messieurs les jurés, vous venez d'assister pendant cinq jours au déroulement d'une affaire longue et difficile.
Meurtre au premier degré, avec préméditation, telle est l'accusation.
Vous avez maintenant le devoir de vous faire une opinion en séparant les faits des hypothèses.
Votre verdict doit être unanime.
Un homme est mort. La vie d'un autre est en jeu.
Lentement, les douze jurés pénètrent sur la scène, l'un derrière l'autre.
Le premier, président du jury, entraîneur de foot-ball est un sentimental.
Le deuxième est un jeune employé de banque.
Le troisième juré est un homme d'affaires. Il attaque violemment l'accusé.
Le quatrième est courtier. Froid, logique, il accumule les faits.
Le cinquième est né dans le même quartier que l'accusé.
Le sixième juré est un ouvrier maçon. Il cherche à comprendre le mobile.
Le septième est camelot. Amateur de base-ball, il ne pense qu'à filer au match.
Le huitième est architecte. Il est sensible et généreux.
Le neuvième est un vieux monsieur, vif, intelligent et perspicace.
Le dixième juré est garagiste. Il est odieux et de mauvaise foi.
Le onzième a fui le nazisme. Il est sensible et humain.
Le douzième et dernier juré est un publiciste superficiel et inconséquent...
Ce drame, en un seul tableau, de Réginald Rose est un huis-clos brillant et lourd.
André Obey, en octobre 1958, en a fait, pour la scène du théâtre de la Gaîté-Montparnasse, une adaptation française classique et efficace.
C'est cette dernière que l'on retrouve dans ce numéro de "l'Avant-Scène".
Le dialogue éclaire, peu à peu, la psychologie de chacun des jurés.
La pièce se lit littéralement, même si elle n'est pas vraiment du genre, comme un morceau policier.
En 1958, au même moment, à Paris, on pouvait voir les deux versions de l'oeuvre, celle de Sydney Lumet avec Henry Fonda sur les écrans de cinéma, celle d'André Obey avec Michel Vitold sur scène.
Le verdict final semble acquis mais pourtant un homme doute...
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Douze keums qu'ont le seum.
C'est le souk entre eux, et pourtant, y a pas de meufs.
En 1954, aux Etats-Unis, les jurys populaires, c'est une affaire de mecs.

Ces douze-là doivent rendre un verdict à l'unanimité, ça promet d'être long, c'est mal parti pour le match du soir.
Le sujet du débat : faut-il envoyer sur la chaise électrique un garçon de seize ans accusé d'avoir tué son père ?
Oui, selon onze jurés.
Une seule voix s'élève contre cette sentence, celle de n° 8, alias Henry Fonda dans le film adapté de cette pièce (Sidney Lumet, 1957). Un homme bien, un architecte, qui réfléchit, doute, se pose les bonnes questions et les soumet aux autres membres du jury.

Joute verbale jubilatoire qui, au-delà des questions qu'elle soulève sur la justice et la peine de mort, nous montre la dynamique des groupes, et l'influence de nos préjugés et de nos expériences sur nos décisions.

>> https://www.youtube.com/watch?v=dzhH2hlNSfs
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Cette pièce de 1954 a été adaptée au cinéma en 1957 avec Henry Fonda, puis en 2009 par Nikita Mikhaïkov dans un cadre russifié. J'avais vu ce film russe avant de lire le texte de la pièce, ce qui a gommé la plupart des effets de surprise réservés aux lecteurs.

Douze hommes sont réunis en huis clos pour statuer sur la culpabilité d'un jeune homme accusé de l'assassinat de son père. La décision doit être prise à l'unanimité. A défaut, elle sera confiée à un autre jury.
Des jurés sont pressés d'en finir, et les témoignages qu'ils ont entendus durant le procès sont accablants : le jeune inculpé semble donc promis à la peine de mort...
Ces douze jurés sont très différents les uns des autres. Chacun est là avec ses préjugés et ses préoccupations personnelles. Ces éléments influencent la manière dont chacun se prononce, et le recul et l'objectivité sont rarement de mise.

Cette pièce amène à s'interroger sur notre capacité à juger autrui, et sur le fonctionnement même de la justice institutionnalisée dans un pays considéré comme démocratique (ici, je ne parle pas du film russe) mais dans lequel la peine capitale persiste.
L'auteur ne nomme pas ses personnages mais les désigne par leur numéro de membre du jury, probablement pour dépersonnaliser son propos et en souligner ainsi l'universalité.
En tant que lecteur cela ne facilite pas l'identification des jurés (c'est plus simple dans le film puisque l'on visualise les protagonistes).

En tout cas le propos de l'auteur reste très moderne, puisque je n'ai découvert la date de son écrit qu'à l'occasion de la rédaction de ce billet et que j'avais imaginé l'histoire au début du XXIe siècle.
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Douze hommes sont enfermés dans une pièce du tribunal le temps de décider si l'accusé est coupable ou si un doute persiste. Ce sont les jurés du procès d'un jeune homme accusé d'avoir poignardé son père à mort. Douze hommes d'âge et d'origines sociales différentes, douze hommes au tempérament parfois opposé. L' affaire semble simple, un jeune délinquant des bas-quartiers poignarde son père violent sous l'oeil de témoins. Alors, lorsque débute la pièce, la plupart d'entre eux sont pressés d'en finir et parfaitement convaincus de la culpabilité du jeune homme. La plupart d'entre eux sauf un homme. Et comme la majorité absolue est nécessaire pour établir un verdict de culpabilité, tout le suspens va résider dans la capacité de cet homme à convaincre les onze autres.

Ce livre aborde la délicate question de la justice. L'homme est -il a même de pouvoir juger un de ses semblables avec bon sens et objectivité ? Est-ce possible de faire taire ses opinions, de ne pas se laisser influencer par son propre vécu, de s'extraire de sa propre histoire ? Au delà de la justice, cette pièce nous parle de la nature humaine, avec tous ses travers et ses faiblesses, mais aussi sa noblesse.
On peut y voir également une critique de la peine de mort; et une dénonciation l'inégalité de traitement par la justice selon sa classe sociale.

Si ce texte n'est pas remarquable par son écriture, la construction est magistrale. La tension se fait de plus en plus présente, le lecteur est tenu en haleine jusqu'au bout.

A noter que ce texte peut plaire même à ceux qui n'aiment pas ou n'ont pas l'habitude de lire du théâtre.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Je veux pas me calmer ! Y en a pas un seul de bon dans toute cette racaille ! Vous m'entendez ? Pas un seul ! Alors, laissez-moi vous dire, bande de tarés, surtout vous, là-bas, à la fenêtre, vous qui savez tout sur tout, on est en danger, nous autres ! Mais vous le voyez pas ? Ces gens-là nous envahissent ! Ce gosse, là, sa race, elle est en train de se multiplier cinq fois plus vite que nous ! Cinq fois ! C'est officiel, c'est dans les statistiques. Et c'est des bêtes sauvages ! Ils sont contre nous, ils nous détestent, ils veulent nous éliminer ! Et arrêtez de me regarder comme ça, vous ! C'est un vrai danger. Mais bon Dieu, on vit une époque dangereuse ! Si on fait pas attention, si on s'en débarrasse pas à la première occasion, c'est eux qui vont nous avoir. Ils vont nous asphyxier, ils vont nous bouffer !
- Ah, ta gueule !
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URE 3 Tout ce qu'on a entendu au trib unal ,
absolument tout prouve qu’il est coupable. Vous me prenez
pour un débile, ma parole ? Bande de chochottes ! Vous me
faites pas peur, vous savez ! J’ai le droit d’avoir mon opinion.

Je peux rester là un an, ça me dérange pas. Vous avez rien à
dire ? (Silence) Et le vieux d’en-dessous, alors ? Il vit là, lui.

Il a tout entendu. Et le couteau ? C'est pas parce que ce mec
en a trouvé un pareil que... Le vieux Ta vu, le gosse. Dans
l'escalier, il l’a vu. Que ça lui ait pris quinze secondes ou
quarante-deux, qu'est-ce qu’on en a à foutre, de tous ces
détails ! Il a perdu son couteau de sa poche, et puis quoi
encore ?... Vous pouvez pas prouver qu'il est pas arrivé à la


porte à temps, le vieux. Vous avez beau traîner la jambe et
nous faire votre cirque, c'est pas une preuve ! Moi, je vous
dis que tout a été détourné et transformé, ici. Toute cette
salade avec les lunettes de la bonne femme, comment vous
pouvez savoir qu'elle les avait pas ou qu’elle les avait ? Elle
a témoigné devant la cour, cette femme. Qu'est-ce que vous
voulez de plus ? (Silence) C'est tout ce que j ai à dire. (Un
temps) L’affaire est classée. (Silence , tous l'observent) Mais
enfin, le gosse, il a bien gueulé « Je vais te tuer » ? C'est à
son propre père qu’il l’a dit. D’accord, c’était une ordure, son
père. Mais c'était son père, à cette pourriture ! Je le connais.
Je sais comment ils sont. Je sais ce qu'ils vous font.
Comment ils vous tuent, à petit feu, jour, après jour. Mon
Dieu, je suis le seul à voir clair. Je suis le seul, pourquoi ?
Seigneur, je le sens ce couteau, je le sens qui me déchire le
bide.

JURÉ 8 II ne s’agit pas de votre fils. C'est un
autre garçon.

JURÉ 4 Laissez-lui la vie.

Un long silence. .

JURÉ 3 D’accord, d'accord... «Non coupable».
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JURÉ 4 : Allons, calmez-vous.
JURÉ 5 : Il se prend pour qui, lui ? Vous avez vu ça ?
JURÉ 4 : Asseyez-vous. Allez, c'est fini, ce n'est pas grave. Il est un peu énervé.
JURÉ 3 : Tu parles que je suis énervé ! On essaye de coller un criminel là où il doit être, sur la chaise électrique, et tout d'un coup, y en a un qui vient nous raconter 'Alice au pays des Merveilles' ! Et nous, on est obligés de l'écouter !
(p. 39)
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Jury 8 C'est dur de faire abstraction des préjugés personnels. Ils ont des causes diverses et secrètes. D’où qu’ils viennent, les préjugés masquent toujours la vérité. Mais je pense que ça n'a pas vraiment d'incidence sur notre affaire. Comme vous tous ici, je ne connais pas la vérité. Neuf d'entre nous penchent maintenant pour l'innocence de ce garçon, mais nous jonglons avec les hypothèses. Peut-être que nous nous trompons, peut-être que nous allons rendre la Liberté à un criminel. Qui peut vraiment savoir ? Mais il se trouve quand notre âme et conscience, nous gardons un doute sur sa culpabilité. Et un jury qui ne parviens pas à l'unanimité sur la culpabilité d'un accusé, ne peux pas le condamner. C'est un point capital de notre système judiciaire.
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Juré 3 Mais comment pouvez-vous savoir ce qu'elle a vu ? Comment ce mec sait tout ça ? Vous savez même pas ce qu'elle porte, comme lunettes ! Si ça se trouve, elle est presbyte. Ou peut-être qu'elle aime les lunettes de soleil. Vous savez rien de rien.
Juré 8 Tout ce que je sais, c'est qu'on peut douter que cette femme ait une bonne vue.
Juré 11 Reconnaître une personne à quinze mètres, en pleine nuit, sans lunettes !
Juré 2 On ne peut pas envoyer quelqu'un sur la chaise électrique sur la foi d'un témoignage pareil.
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Video de Reginald Rose (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Reginald Rose
Douze hommes en colère, film (1957), extrait
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