Le souci de l'agrément, le besoin de vendre, entraînèrent-ils des artistes à des compromissions plus graves, certains peintres passèrent-ils parfois du joli à l'équivoque et même au licencieux ? On le pourrait supposer à lire les protestations qui se produisirent nombreuses, surtout dans la seconde moitié du règne de Louis-Philippe. A. Decamps flétrissait, en 1838, « toutes ces peintures sans nom, toutes ces images graveleuses de MM. Gibot, Franquelin, Destouches ou ces nudités lascives de MM. Court, Rioult et autres. »
A vrai dire, la seule nouveauté réelle de cette technique réside en sa complication. Obtenues à plus de frais, les harmonies sont analogues à celles que désiraient les Hollandais, les Vénitiens ou les Anglais, plus subtiles certes mais non pas différentes. Les procédés de Delacroix ouvrent à la peinture des perspectives infinies, ceux-ci sont laborieusement traditionnels. Le seul exemple qu'ils offrent aux artistes est le fruit qu'on peut attendre d'un travail acharné. Decamps, plus que tout autre, défend la cause du métier obstiné et la pratique des empâtements.
Il est vrai qu'il apportait dans les beaux-arts des préoccupations particulières : « l'art... n'était pas pour lui un but, il dédaignait un peu la forme, quand elle ne s'attachait pas à la vérité », il cherchait, dans les toiles, une représentation fidèle de l'histoire et voulait « donner à l'art une direction exclusivement historique et nationale ». Cette conception dont j'emprunte la formule à M. de Montalivet a présidé à la création du Musée de Versailles et en est la condamnation.
Aux heures où le public n'y était pas admis, le roi parcourait les salles du Salon, le crayon à la main. Il dressait une liste d'oeuvres, la communiquait au Directeur des musées pour recevoir ses observations et ce travail servait de base aux achats comme aux récompenses. Pour Versailles, il ne se contenta pas de désigner les artistes, il examina leurs esquisses ou leurs toiles et exigea, à l'occasion, des modifications ou des retouches.
La révolution de Juillet ruina cet ordre de choses favorable. La presse légitimiste ne manqua pas d'exploiter contre la royauté bourgeoise le souvenir de la prospérité artistique de la Restauration et formula des prédictions sinistres sur l'avenir des Beaux-Arts. L'art, expliquait-on, ne peut vivre que sous la protection d'un pouvoir fort, avec le concours de mécènes magnifiques ; qu'allait-il devenir, après la chute du trône légitime ?