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EAN : 9782707320209
40 pages
Editions de Minuit (14/02/2008)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Rien de plus étrange, ni de si mal connu, que la nature du désir.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Que savez-vous du désir ?
Le désir n'est jamais seul sinon il n'est qu'un impact isolé, celui du dépressif qui disparaît aussi vite qu'il est évoqué !
Le « vrai désir » n'est pas isolé, il est unique, c'est différent. Son impact fait « tache d'huile » et une kyrielle d'émotions jaillit. Comme le génie qui sortirait de sa lampe magique et répandrait enfin les effluves du bonheur. Le désir prend pour cible un objet et celui-ci une fois atteint diffuse une somme de petits plaisirs entraînés dans une sorte de réaction en chaîne, un « effet domino ». La joie survient. C'est d'ailleurs la promesse de ces réactions en cascade qui stimule le Désir !
Car si le bonheur était un fait isolé, il serait facilement « tué dans l'oeuf ». Tel le condamné à mort qui savoure son ultime cigarette avant son exécution !
Non ! le désir ne peut se satisfaire du seul objet qu'il convoite. Il est pluriel, doté d'un potentiel prêt à s'exprimer…à s'enflammer…à exploser…ou… se sublimer !
L'amoureux est épris de sa bien-aimée et de tout ce qu'elle suscite en lui (et vice-versa d'ailleurs) !
Un plat sans garnitures, vous mettrait-il autant en appétit ?
Vous l'aurez compris, le désir isolé est voué à se scléroser, puisque dénué de substance.
Mais alors que dire des héros balzaciens et de leur idée fixe ? Que leur désir est Unique et les protège même de la dépression ! Il les amène à constamment se ravitailler de tout ce qui entoure l'objet tant convoité !
Clément Rosset, j'aurais tant d.é.s.i.r.é. vous lire l'année du Bac pour exceller dans cet « obscur SUJET du DESIR ».
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Ce livre explore le concept de "désir" tel que proposé par Gilles Deleuze dans le livre "Capitalisme et Schizophrénie L'anti-Oedipe". Ce concept, dans ce livre, était presque invisible, enfoui dans un tas d'autres idées. Deleuze parle de "machines désirantes". Ce concept est expliqué par Deleuze dans son Abécédaire, dans la lettre D, justement dédiée au désir (voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=tLlSRFLThYw)

Pour Deleuze, lorsqu'on désire quelqu'un ou quelque chose, on ne désire pas juste cet objet, mais lui et le paysage autour, un désire un ensemble. Par exemple, si on désire une femme, on désire elle physiquement et aussi ses goûts, sa culture, ses fréquentations, ... Si on désire boire du vin, on désire le boire pendant qu'on travaille (sic), pendant un moment de relaxation, avec tel ou tel ami, dans un certain café, ... Il devient, alors, important d'identifier ce paysage, cet ensemble, que Deleuze nomme un agencement.

Rosset va plus loin dans la réflexion. Il présente le parallèle entre la joie et le désir, presque identiques : l'homme joyeux désire, alors que l'homme triste, ou dépressif, ne désire rien.

Il analyse aussi les désirs d'un seul objet. Il compare le désir isolé du déprimé avec les désires monomaniaques des personnages De Balzac : "... le désir isolé du déprimé se meurt dans le silence du tombeau, telle une allumette qui s'éteint faute d'oxygène, alors que le désir du héros balzacien prospère dans le tumulte du monde avec lequel il doit compter pour parvenir à ses fins".

C'est un livre court et intéressant qui complète, sans remplacer la lecture de Deleuze, ou le visionnage de la vidéo en question.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il est donc vrai que le héros balzacien est généralement la proie d'une monomanie, c'est-à-dire d'un désir privé de tout complément qui s'ajouterait à ce désir. Mais il est vrai aussi que ce trait distinctif ne fait nullement de lui un mélancolique ou un dépressif. Bien au contraire c'est un enthousiaste, un entreprenant, un hyper-actif auquel le moindre temps manquerait s'il fallait consacrer une seconde au doute et à la mélancolie. Effectivement, tout le contraire d'un déprimé. Je dirais même que l'homme engagé dans l'entretien permanent d'une idée fixe, quel que puisse être par ailleurs le caractère aberrant de celle-ci, est probablement l'un des mieux protégés qui soit contre les pouvoirs dévastateurs de la dépression.
p.32
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Le déprimé est coupé du monde, il est lui-même seul, d'une solitude morne et stérile qui est à l'opposé de la solitude fréquente chez certaines personnes par ailleurs très gaies. Cela aussi explique sa difficulté à désirer si l'on pense, comme je le pense, qu' il y a toujours quelque chose d'universel mais aussi de « communicationnel » dans l'expérience de la jouissance parfaite, de l'exaucement total du désir. Ce sentiment de communauté relève sans doute généralement du fantasme ou, dans la majorité des cas, d'une utopie aussi détestable que nuisible. Mais il est aussi parfois l'occasion d'un bonheur infiniment précieux.
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On pourrait objecter qu'une joie, loin de s'associer à des réjouissances qui sont comme ses préliminaires et, selon moi, ses conditions, peut apparaître au contraire comme particulièrement précieuse lorsqu'elle interrompt soudain une série opiniâtre de revers. Mais ce prix même que lui vaut son caractère exceptionnel l'expose à un risque majeur. Le moindre vent, la moindre girouette, suffisent à la faire tourner de bord ; c'est pourquoi « bien fol et qui s'y fie », comme dit le duc de Mantoue dans Rigoletto.
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Comparaison n'est pas raison. Je comparerais pourtant volontiers le dépressif à quelqu'un qui renonce à un fruit posé sur une table vide, le balzacien à quelqu'un qui continue à le désirer par indifférence à tous les autres fruits présents sur la table.
p.35
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Autrement dit, l'accomplissement d'un désir n'a de sens que s'il est accompagné de la perspective de mille autres accomplissements du désir.
p.20
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Videos de Clément Rosset (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clément Rosset
"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
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