La baronne rentre à cinq heures

En 1984, alors âgée de 52 ans, Nadine de Rothschild décide, pour je ne sais quelle raison, de publier une "autobiographie". Ce livre est assez inintéressant.

Comme pour la baronne, "le premier rôle d'une femme est de plaire à son mari et de l'écouter", ceci explique sans doute que l'on ne comprenne pas vraiment, à la lecture de sa bio, ce qu'elle a fait de sa vie après avoir abandonné les planches pour épouser Edmond de Rothschild. le livre additionne la liste des oeuvres acquises par la famille, les parties de chasse en Afrique ou en France, les détails sur des croisières... OK, elle a tué un cerf en compagnie de Pompidou ou de Valery Giscard d'Estaing. OK elle a tué un éléphant dans les années 60 au Kenya. OK elle possède tellement de tableaux et autres objets d'art qu'elle peut se permettre d'en donner à certains musées... Mais à quoi peut bien servir une baronne?

A côté de cela, Nadine de Rothschild tente de nous faire une leçon d'histoire hébraïque à plusieurs reprises. Outre le fait que ces passages ont sans doute servi à remplir le vide sidéral de l'histoire, on peut aussi se demander si ce n'est pas simplement pour faire remarquer que la dame a fréquenté les grands de ce monde à l'international.

Et une fin limite philosophique pour nous expliquer sa conception du couple et de la famille qui a du choquer les féministes, même dans les années 80, n'aide pas à adhérer aux propos.

On peut dire que ce livre se décompose en 2 parties La première pourrait s'appeler " Etre ":Elle va de l'enfance jusqu'au mariage de la narratrice et nous parle de ses sentiments, de ses envies, de son culot, de ses déceptions , de ses objectifs et de ses ruses. La seconde partie , post mariage, pourrait s'intituler "Avoir " et c'est l'inventaire notarial, passablement ennuyeux, de ses résidences, relations, réceptions ,dans lequel la jeune femme a disparu.

Ce livre raconte comment une petite fille toute simple, née dans un milieu tout simple, mariée à un baron, a dû apprendre toutes les règles de la haute société, cette politesse au plus haut niveau qui ne laisse rien passer. Aujourd'hui, ses enfants vouvoient poliment les parents dans cette famille, donc, chère Madame, je vous salue mille fois bien bas, et vous félicite pour cette intégration dont vous nous faites profiter avec humour. Merci au passage pour ces petits conseils qui peuvent nous être utiles dans la vie strictement quotidienne.

On pourrait se demander ce qui pousse Mme de Rotshild, qui semble avoir déjà suffisamment d'occupations dans sa vie dorée de jet-setteuse à écrire cette autobiographie. Une envie de se faire un peu plus mousser ? Les bulles de son Veuve-Cliquot ne suffisent pas ?

En bref, vous allez ingurgiter l'inventaire détaillé de toutes les demeures-maisons-sculptures-tableaux-relations que possède le couple. Qu'a fait Nadine de sa vie ? Autant on trouve dans la première partie un itinéraire intéressant - quoi que suintant d'autosatisfaction - la seconde n'est qu'un ramassis d'auto congratulation et d'étalage de richesse qui tend au vulgaire.

Alors Mme de Rotshild, on en oublie ses bonnes manières ?