Marie Rouanet raconte ici une histoire, celle de deux femmes que tout oppose. Renée, qui nourrit des ambitions artistiques dans les domaines de la sculpture, de l'écriture, et qui faute de mieux se réfugie dans une activité de poterie qui hélas ne lui permet que de vivoter… et Hélène, autrefois fillette vénérée dans la jeunesse de Renée pour sa beauté et sa haute condition sociale mais qui, au cours d'un funeste accident de voiture (probablement criminel) avec son mari se retrouve défigurée et physiquement brisée. le hasard (ou pas) les fait se rencontrer.
Hélène proposera à Renée, en échange d'une petite fortune, d'écrire en et sous son nom la tragédie de sa vie dans laquelle spoliation, viol et pédophilie constituent la toile de fond.
Mon ressenti vis-à-vis de cette histoire est très mitigée. Tout d'abord, c'est très différent de ce qu'a produit jusqu'ici
Marie Rouanet : une histoire sordide, on ne s'attendait sans doute pas à la rencontrer ici. Et cependant, il me plaît de savoir que cette ignominie qu'est la pédophilie ne lui a pas échappé.
Sur le fonds, il transparait que ce qui l'a avant tout intéressée est celui de la responsabilité de l'écrit, de là ce choix du thème du (ou de la) négritude en littérature. Il faut dire que c'est loin d'être un thème inintéressant, au regard de l'attrait que constitue aujourd'hui l'activité d'auteur et les velléités de beaucoup, puisque d'après un sondage 1 français sur 3 rêve d'écrire et 1.4 million de personnes possèdent déjà un manuscrit ! (Mais quand, dans le même sondage (source Figaro), on voit qu'environ la même proportion, 34 % déclarent lire moins de 5 livres par an, ça laisse songeur …). On ne connaît pas, et sans doute serait-on surpris, le nombre d'auteur qui ont fait, ou qui font appel à un nègre mais on peut en imaginer l'importance. Ce thème donc qui est très rarement traité méritait d'être évoqué.
Sur le traitement de l'histoire, je l'ai trouvée brouillonne et sans grande tenue et les extraits du livre en gestation m'ont fait l'effet d'exercices de style. Par ailleurs on a du mal à cerner la personnalité de Hélène et aucun indice (sauf erreur) ne nous permet de comprendre ses motivations quant à la publication de ce livre, mis à part se venger de son mari.
Pour finir, on dégringole trop vite dans l'après avec peu de choses en mains. Et là on replonge dans le sujet de prédilection de Marie, le descriptif (où elle excelle) et nous voici à nouveau à Rials…, au Sécadou…, avec Emilienne et Robert, Clémence et …. Andria ! Andria souvenons-nous, l'élève sculptrice de Clémence, écrivain à ses heures qui après une scène avec Clémence s'enfuit gagner sa vie en faisant de la poterie…. dans son magnifique «
Quatre temps du silence ».