La vie poétique. Tome 2 : Une façon de chanter

Un livre de Jean Rouaud qui me laisse moins sous le charme.Est-ce parce qu'il fragmente maintenant à l'infini ses souvenirs d'étudiant? Après les jobs d'été, les expériences cocasses ou tragi-comiques des vacances en auto stop dans le volume précédent, il nous raconte dans celui-ci sa rencontre un peu manquée avec la musique, son amour pour sa guitare customisée, son éloignement progressif du village et des compagnons de l'enfance, les premiers morts de sa génération, les regrets qui pointent à côté du soulagement d'avoir quitté le berceau familial. Une façon de chanter: Il a toujours une manière bien personnelle d'évoquer son expérience de solitude. Mais,un peu lasse de cette forme de crachin nantais, j'attends maintenant ,avec impatience, une éclaircie.

Le livre s'achève sur l'image de l'auteur en auto-stoppeur maladroit, guitare en bandoulière. On the road again. Il est beaucoup question de route ici, de ceux qui la prirent, Kerouac, le poète de Charleville ou Jean le narrateur qui en rêvait, sur la moto du cousin Joseph.
Tels sont les chemins qui arriment à une époque cette autobiographie poétique, pleine de bruits de mobs, de cris de fans, d'accords psychédéliques qui libèrent les corps. le ciment de toute cette jeunesse, c'est la musique. Qu'est-ce qui unit le cousin de Campbon qui tend à l'auteur sa première guitare et Jimi Hendrix qui joue contre la guerre du Vietnam ? L'instrument emblématique, avec, au bout des cordes, la libération.
Comme toujours, la tonalité est douce-amère chez Jean Rouaud qui garde le coeur secoué de sanglots, depuis ce jour de 1963 où meurt son père.
De livre en livre, l'événement ne cesse de diffuser ses ondes de chagrin. de la pluie et des larmes. Il n'y échappe que par l'humour et cette lumière tendre autour de ses personnages. Telle la vieille dame professeur de piano. La scène où le futur Goncourt s'escrime à composer une chanson d'après Rimbaud, un Larousse de survie à ses côtés, est une petite merveille de drôlerie. C'est d'ailleurs lui, le poète maudit qui est le grand intercesseur, omniprésent, au point d'inspirer le titre. Marie-Hélène Prouteau Encres de Loire

Un livre poétique, tout en digressions et circonvolutions. C'est ce qui m'a perdue... Les souvenirs s'enchainent et quand on croit détenir la clé de l'un d'eux, voilà que l'auteur nous embarque dans un nouvel ailleurs.
J'ai donc eu du mal à rentrer dans ce récit abstrait, trop distendu, mais par ailleurs écrit dans un style plaisant et fluide.
Au final, on touche du doigt quelques joyaux, quelques pépites, dont l'éclat à peine révélé perd de sa saveur. Bref, je suis passée à côté.

Un (court) volume consacré aux souvenirs de l'auteur avec la musique. Bien sûr on aura le cousin Joseph, un oncle , un copain d'enfance. Mais aussi les premiers pas à la guitare, toujours le regret de n'avoir pas appris tôt le piano. L'après 68, un air de liberté, les cheveux longs. les groupes anglais, sorte de révolution dans un univers fort bridé. On a même deux liens de vidéos, dont l'une présentant les Rolling Stones en direct sur un plateau télé américain...

Et toujours cette autodérision, cette façon d'avancer tranquille et de retomber sur ses pieds.
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