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EAN : 9782246857310
112 pages
Grasset (04/03/2015)
3.61/5   9 notes
Résumé :
« C’est une énigme de ce pays : pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s’est-il acharné à le détruire ? Au point qu’à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l’auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retourn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Évidemment, je plaide pour ma chapelle. Évidemment que d'autres romanciers peuvent, sans excessifs renoncements, passer du roman au film, évidemment aussi qu'aucune maladie de cerveau ne m'empêche d'écrire à des fins scénaristiques : intérieur jour, il pousse la porte, et dit Bonjour, la compagnie, et je peux même ainsi mener mon histoire jusqu'au bout à coups d'intérieurs et d'extérieurs, de jours et de nuits, mais la vérité, c'est qu'en agissant de la sorte, très loin de mes préoccupations littéraires, cette écriture-là, au service de la seule mécanique dramatique, à qui la digression et l'emportement lyrique sont vivement déconseillés sous peine de bâillement ou de zapping du spectateur, cette écriture-là, tellement fonctionnelle, tellement au service de, m'ennuie profondément, autant que si j'avais à rédiger un rapport de la Cour des comptes. Et celle qui me porte, celle à laquelle je consacre une grande partie de mes journées, avec ses phrases ondulatoires qui attrapent alternativement la lumière et l'ombre, le dedans et le dehors, qui vadrouillent librement, explorent des territoires poétiques qu'elle est seule à pratiquer, cette écriture buissonnière ne m'est d'aucune utilité dans la confection d'un scénario "

Bon, ça c'est fait. Dans le troisième et dernier des textes que contient ce volume, Jean Rouaud démontre la supériorité de l'écriture romanesque par rapport à ce qu'exige l'écriture d'un scénario.

Le premier texte date de 2014. Il est la retranscription d'une conférence donnée à Kobé, "La Marquise et ses fantômes", sur l'histoire du roman. le second texte, "l'usine et la mosquée" a paru dans le Monde de l'éducation" en 2001. Il ne s'agit pas d'un article polémique, comme son titre pourrait le laisser penser, mais d'un hommage à la poésie et à Rimbaud en particulier, le "voyant" qui imaginait des visions de mosquées dans un site industriel.

Cette compilation de textes n'a qu'un défaut : elle est beaucoup trop courte !

Personnellement j'en aurais repris un peu plus, tant les remarques De Rouaud sur la littérature m'ont parues originales et pourtant abouties..
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Ce titre chez Grasset rassemble trois textes – deux présentés lors de conférences, l'autre paru dans le Monde de l'éducation – sur un sujet cher à Jean Rouaud, le roman et ses mésaventures du vingtième siècle où il fut question de sa mort.

Première partie.
Lorsqu'il donne cette communication à la conférence de Kobé le 11 novembre 2014, Jean Rouaud regrette autant une certaine idée de la France que les aléas du roman. Cette France que la «marche vers l'avant» du vingtième siècle a refoulée, la vie rurale, la religion, les gens modestes accusés de poujadisme, les petits commerçants et artisans accusés de collusion avec le capital, tous ces gens qui "tissèrent la toile des "Champs d'honneur" (1990).

"La marquise sortit à cinq heures" rappelle l'époque (1924) où naquit le discrédit du roman réaliste (celui des Balzac, Flaubert, Stendhal) initié par Breton via Paul Valéry qui se refusait à écrire une phrase aussi banale. le mot «marquise» implique également le refus d'une aristocratie de la littérature et de l'écrivain qui est contestée, dépassée. Gide (qui s'excusera après) à Jean Schlumberger sur "Du côté de chez Swann" : "C'est plein de duchesses, ce n'est pas pour nous". La guerre 14 n'avait pas fait dans la dentelle et puis il y avait l'incapacité du roman à dire le monde moderne par le ressassement de vieux procédés. Néanmoins les souvenirs des rescapés de la Grande Guerre s'accommodèrent largement du roman réaliste et l'on continuait à écrire "Le fantassin sortit de la tranchée à cinq heures"...

[...].

Ces quelques grands traits sont fort réducteurs de l'intéressant propos de Jean Rouaud. Les tendances sont dégagées, on sait que l'écrivain a la nostalgie d'une tradition romanesque qui fit ses preuves, il le rappela élégamment avec son intelligente et merveilleuse "Imitation du bonheur".

À notre tour, toutefois, nous qui aimons la littérature, alors que le bon vieux récit a aujourd'hui repris ses aises, ne jetons pas le discrédit sur les apports du structuralisme, du nouveau roman, des formes littéraires novatrices, elles ont quelque chose à souffler à nos ensommeillements.

Lien : http://christianwery.blogspo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Toutes ces dépositions du conflit avaient été rendues possibles par les lois de Jules Ferry de 1881-1882.
En instituant l'école gratuite, laïque et obligatoire, elles avaient donné à des millions de combattants les moyens de témoigner, de se faire les greffiers de leur calvaire. A ceux-là, quand ils étaient enfants, on avait aussi montré sur de grandes cartes de France la partie à reconquérir, à l'est, l'Alsace et la Lorraine, les territoires annexés par l'Allemagne à la suite de la défaite de 1870. Autrement dit, on les préparait à la revanche en les faisant français et patriotes par la compréhension de la langue dans laquelle se donnent les ordres. Or, ils étaient nombreux encore à s'exprimer dans la langue des régions au début de la guerre, et c'est la guerre qui imposa définitivement le français à l'ensemble du pays.
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Au milieu du dix-neuvième siècle, à l'heure du sacre de la bourgeoisie d'affaires triomphante, le lyrisme, la poésie, est perçu comme une maladie. Et pour l'époque, une maladie incurable. Etonnons-nous qu'il y ait tant de fils de médecins (le jeune narrateur de la Recherche, qui craint d'avoir une maladie de cerveau parce qu'il ne sait quoi écrire) et plus tard de médecins à entrer en littérature (...)
Quand le réalisme s'impose comme la vision unique, qu'il brandit comme idéal de représentation la photographie, qu'il fait du roman sa chasse gardée, que reste-t-il à faire au poète ?
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Vidéo de Jean Rouaud
À l'occasion du Forum des libraires 2023, Olivier Nora, Président-Directeur général, présente la rentrée littéraire des Éditions Grasset - @editionsgrasset7893
Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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