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EAN : 9782246803768
256 pages
Grasset (03/01/2014)
3.72/5   16 notes
Résumé :
« Nous étions deux ou trois ans après mai 68. On m’annonçait que le roman était mort, ce qui n’était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Le siècle n’avait pas été avare en exterminations massives, alors face à ces montagnes de cadavres on n’allait pas se lamenter pour la mort d’un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une belle lecture. Jean Rouaud aborde l'évolution de la littérature et ses propres difficultés dans son cheminement en tant qu'écrivain. Tout en douceur, il nous dresse ses impressions et ses doutes sur cette longue mise au monde de l'auteur qu'il est aujourd'hui. Cet ouvrage est truffé de références culturelles et c'est une mine d'or pour moi qui suis toujours avide d'améliorer le niveau (très moyen) de mes connaissances.

Entre autres, j'y ai glané de nombreux renseignements sur ma région natale et sur la ville de Saint-Nazaire et ses neuf mois de guerre oubliés (la ville a été "libérée après tout le monde, dernière d'Europe, le 11 mai 1945").
J'y ai appris que Lovecraft était raciste et antisémite (déception) mais qu'il s'est amendé à la toute fin de sa vie.
J'y ai découvert qu'en 1969 en France, à la faculté des lettres de Nantes, on donnait encore à lire une version de l'Enéïde préfacée par Robert Brasillach "rédacteur de "Je suis partout", le journal collaborationniste..." alors que Primo Levi, Elie Wiesel ou Robert Antelme ne figuraient pas au programme ; et encore que Samuel Beckett a été un héros de la résistance au sein du réseau Gloria à Paris.
Et surtout, moi qui ai adoré les Champs d'honneur, l'auteur y explique tout (ou presque) de sa genèse laborieuse et je me suis régalée en en relisant quelques passages.

Du coup, j'ai refermé le livre, mais pas pour longtemps, car de ses pages dépassent une multitude de petits morceaux de papier avec des annotations sur des lectures à faire, des renseignements à prendre, des peintres à découvrir, des morceaux entiers d'Histoire à apprendre et à réapprendre.
En résumé, une lecture très enrichissante qui en plus (et j'aime ça) me renvoie vers une multitude d'autres (tant pis pour ma PAL).
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Une belle écriture se trouve être au service d'un homme qui ne voulait qu'être écrivain, ne sachant rien faire d'autre. L'intime conviction permet à tout un chacun de persévérer, envers et contre tous, contre le temps qui passe, au service des mots, eux-mêmes rendant les honneurs aux chers disparus. Parler de ses proches, s'oublier dans la saga familiale, histoire du siècle, de ce siècle qui faucha tant de vies, jeunes vies inutilement abrégées et, comme si la mort avait encore faim, le père, qu'un vilain caillot acheva sur le sol de la salle de bain , trop tôt disparu lui aussi. Les histoires de famille ne parlent que des absents, entretenir la mémoire, combler les absences et donnent aux survivants l'indicible sentiment de l'avoir échappé belle. Autant que cela serve, dans ce pays nantais, austère et punitif, mais non, la mère, la seule à y croire, porte son fils, continue, il faut y croire. Elle disparaît à son tour, mais le ton est donné. Jean Rouaud n'est pas rebelle, il cherche sa place, cherche à comprendre, à apprendre, l'honnête homme d'un milieu modeste ne cherche pas à s'en extraire, l'écriture permet juste une évasion, une esquive face à un monde vraiment trop agressif. Il regarde, observe ses contemporains à l'aune de l'Histoire, la grande, et de l'histoire familiale, la première ayant eu raison de la seconde. Mais comment agencer tout cela, structurer un ensemble disparate ? Une perception ne fait pas une trame romanesque, elle l'habille juste d'une sensibilité. L'humilité traverse ce livre, comme les autres de la série "vie poétique".
Cet homme-là est un poète, assurément.
Merci
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Chaque fois l'on peut craindre les redites, et ma foi l'auteur ne peut changer certains événements de sa vie, avec émotion ou autodérision. Je retiendrai particulièrement la dernière partie, présentant ses relations avec le directeur des Éditions de Minuit - rappelons qu'Un peu la guerre est paru chez Grasset, comment a-t-on réagi là-bas? Même si Jérôme Lindon était déjà disparu. Des chouettes pages sur lui et Beckett, que l'on découvre pendant la seconde guerre mondiale.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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critiques presse (3)
Bibliobs
27 janvier 2014
Ce qu'on appelle, en somme, et c'est ici un objet de délice, la littérature.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
08 janvier 2014
Jean Rouaud chemine dans ses itinéraires, familial, politique et littéraire, sainte trinité qui s'entremêle et compose un tableau à la fois intime et lucide des années 1970 – lui est né en 1952.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lhumanite
08 janvier 2014
Voici à l’évidence un livre majeur. Ce troisième tome de la Vie poétique, captivante entreprise d’« autobiographie littéraire », se présente comme 
un véritable roman du roman.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Mais ses considérations formalistes n'étaient que secondaires pour moi. Je pensais déjà que l'écriture est la transcription fidèle de son auteur. Pour peu qu'on en use honnêtement avec elle, elle est le meilleur bureau de renseignement sur soi. Dans son reflet, je m'étais d'abord senti corseté, j'avais vu mon chant entravé. Comment rendre mon chant plus libre et plus libre mon esprit ? Car c'est la même opération, bien sûr. ce qui ne relève nullement de la rhétorique ou d'un remaniement de la syntaxe, comme le croient ceux qui s'appliquent à faire des phrases en espérant qu'on y verra que du feu (la seule information contenue dans leur livre dit ceci : pourvu que le lecteur ne s'aperçoive de rien - ce qui est souvent le cas). C'est un travail de dépouillement, d'abandon, de reddition, pour lequel il n'y a ni bon ni mauvais profil, ni lignes de défense, ni parades, ni poses. Juste la recherche du rien. Si on s'y adonne, l'écriture livrera alors un relevé précis des étapes de cet affranchissement. Et m'aurait-on alors demandé où je voulais en venir, j'aurais répondu que je voyais très bien, à ceci près que j'avais défini comme le seul art poétique qui vaut la peine : Écrire comme ça me chante. L'écriture aura été le papier carbone de ma vie (le papier carbone était cette pelure colorée, noire de suie ou bleu nuit, qui, glissée entre deux feuilles blanches, permettait de reproduire les gribouillages de l'une sur l'autre). Autrement dit, ce que lisait l'éditeur, c'était ma vie."
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Et bien sûr, parmi les lectures imposées de ce cours on comptait Lovecraft et sa galerie de monstres, tous affublés de noms ridicules évoquant des champignons aztèques, dont il était de bon ton de trouver géniaux les récits horrifiques, et lui-même, sans lui faire grief d'un racisme et d'un antisémitisme affichés aussi virulents que chez Céline.
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La nouvelle frontière, ce n'est pas la Lune, comme annoncée en désespoir de nouveaux terrains à conquérir, à la surface de laquelle aujourd'hui flottent bêtement sous les vents solaires six ou sept drapeaux d'un Etat fantôme, ce n'est pas Mars qui n'a que son désert rouge à proposer et dont les Martiens peuplent notre imaginaire, la nouvelle frontière, c'est le temps.
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Dès lors qu'on dégrade l'individu en animal nuisible, on règle ses problèmes de conscience, on fait même en les éliminant oeuvre de salubrité publique.
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Vidéo de Jean Rouaud
À l'occasion du Forum des libraires 2023, Olivier Nora, Président-Directeur général, présente la rentrée littéraire des Éditions Grasset - @editionsgrasset7893
Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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