J'ai commencé vingt fois la rédaction de cette critique... Difficile de retranscrire ici, moi qui ne suis pas très habile dans l'écriture de critique, tout l'amour que je porte à ce texte. Mais il est bien trop méconnu, bien trop confidentiel, bien trop délaissé. Alors je vais me lancer, pour qu'au moins un avis soit diffusé sur Babelio.
Ce roman reprend, détourne et joue avec les codes et les lieux communs des romans de chevalerie. La littérature médiévale n'étant plus à la mode, la parodie des récits chevaleresques semble presque réservée à un public de connaisseurs. Pourtant, moi qui ne suis pas une spécialiste, j'ai adoré.
Mon histoire avec ce livre a débuté par un fou rire à la lecture de l'incipit. Maintenant, il fait partie de mon panthéon personnel. Vous résumer l'intrigue est inutile, il faut se jeter à corps perdu dans ces pages pour en retirer, ou pas, une expérience singulière. Ce fut pour moi une rencontre.
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Peu à peu Morgannww revint à la vie. La figure angélique qui lui était apparue, parfois, comme en rêve, pendant son long délire, se révéla être celle d'une belle jeune fille bien vivante. Et bientôt il se trouva frappé d'une autre maladie, aussi redoutable que celle provoquée par la dent du dragon ; il n'eut aucun mal, lui, à la reconnaître, en ayant entendu la description dans quelques poèmes que je lui avait fait lire. C'était l'AMOUR. Il voulut mourir. Comment lui, pauvre jeune chevalier sans titre et sans fortune, pouvait-il oser prétendre aspirer à aimer la fille du roi de Poldévie ? Un jour, la belle Gortensja entrant dans la chambre de son malade (presque entièrement guéri ) le trouva silencieux et troublé. Elle voulut lui dire : "Bonjour ami, quel est cet émoi ?" ; mais AMOUR, qui avait décidé de prendre les choses en main, lui fit dire à la place "Beau doux ami, caressez-moi !" Entendant ce qu'elle avait dit, elle rougit jusqu'aux oreilles et au-delà, et voulut se reprendre, mais AMOUR, qui ne l'entendait pas de cette oreille, la fit soupirer et répéter encore : "Beau doux ami, caressez-moi ! " Ce qu'ouissant Morgannww connut qu'elle l'aimait aussi. Il agit aussitôt avec dextérité en accord avec cette révélation qui lui sauvait une seconde fois la vie.
Nature, notre bonne déesse, au moment de prendre en main la fabrication du bébé, n'a pas hésité une seconde à le (la) vouer aux Aventures. Pétrir une telle matière humaine comme un grand et pur porridge, lui donner les qualités physiques, intellectuelles et morales indispensables afin de faciliter les efforts subséquents de sa collègue et rivale Nourreture (que vous appelez, vous, Culture) pour faire de leur ouvrage commun le sujet d'un conte aussi exceptionnel que le mien fut pour elle une joie, et elle apporta à cette tâche tous ses soins.
Mais elle pensa, à juste titre, qu'il serait dommage de s'être ainsi longuement concentrée sur le choix des ingrédients pour envoyer (comme son suzerain, Là-Haut-Là-Haut, lui avait enjoint de le faire) un garçon passer sur terre les seize premières années de son existence sans la moindre chance d'y accomplir un destin héroïque. Elle fabriqua donc, contrairement à ses instructions, une fille ; et elle fut assez content de sa décision, ayant toujours considéré les filles comme un matériau plus intéressant, varié et subtil que les garçons.
Silence et Walllwein furent donc élevés ensemble, comme frère et sœur, comme sœur et frère, comme frère et frère, comme sœur et sœur. En fait, ils employaient indifféremment ces deux termes ; et pourquoi ? c'est qu'ils ne se voyaient entre eux deux aucune différence, sinon que Silence était Silence, et Walllwein Walllwein.
Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu'un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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