A la fois passionnante et lourde, cette nouvelle biographie historique de
Freud se lit tantôt avec passion, tantôt avec ennui.
Elisabeth Roudinesco tente (avec succès) de rétablir l'image de
Freud par toute une série d'arguments, aussi fondés les uns que les autres, qui tendent à donner à l'ouvrage une tonalité érudite (tant mieux) mais qui a tendance à s'enliser un peu et à s'enchaîner sans réels liens logiques. Cette masse d'informations, qui explique l'homme, son parcours et son époque, montre une évidente volonté de répondre à ses détracteurs, aux anti-freudiens (le nom d'
Onfray revient souvent dans les notes de bas de pages, avec son ouvrage "
Le crépuscule d'une idole") et, de ce fait, ne s'apparente qu'à un vaste amoncellement de preuves, largement étayées, dont on a vite fait de perdre le fil, parfois.
En revanche, certains chapitres sont absolument fascinants, notamment lorsqu'il s'agit de connaître l'évolution de la
psychanalyse à travers une Europe vieillissante, celle de la fin du XIXe siècle, foisonnante et inquiète, où les théories de
Freud viennent considérablement ébranler les idées reçues. de même,
Elisabeth Roudinesco dresse le portrait d'un homme ambivalent (et il est appréciable de voir qu'elle ne donne pas à voir
Freud comme un homme foncièrement bon), avec ses craintes, ses doutes et surtout ses contradictions (comme beaucoup de grands penseurs). Elle dégage l'homme de toutes les accusations de misogynie, d'homophobie et d'antisémitisme qui ont pesé sur lui durant des décennies, et elle expose alors comme arguments des extraits de ses nombreuses correspondances pour dévoiler l'ouverture d'esprit et la liberté de moeurs auxquels
Freud semblait attacher.
Que l'on considère le père de la
psychanalyse sous un bon ou un mauvais jour, il reste indubitable qu'il fut un penseur de génie, qui a profondément ébranlé les bases d'une société patriarcale ancestrale et qui a largement influencé notre conception de l'homme et de ce vaste territoire encore inconnu, l'inconscient.