AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782908957785
221 pages
Le Serpent à plumes (01/11/1995)
3.58/5   19 notes
Résumé :
Pour Dodin-Bouffant, ancien juriste raffiné, délicat et érudit, la vie s'organise autour de la cuisine et de la salle à manger, sanctuaires où ne sont admis que les quatre apôtres qui ont su passer avec succès toutes les épreuves du bien manger et du bien boire. En maître absolu, il règne sur la table des princes et sait, par la grâce d'un "simple" pot-au-feu, rédimer les âmes. Mais le paradis n'est pas sur cette terre, et, un jour maudit, meurt Eugénie Chatagne, la... >Voir plus
Que lire après La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dédié à Brillat-Savarin et Curnonsky, ce petit roman est une ode à la cuisine française et aux gourmets qui savent l'apprécier de façon parfois pointilleuse. Mais avec tant d'enthousiasme dans leur gourmandise sans fin...

Dodin est un ex-magistrat coulant des jours heureux dans la région du Jura. Ce bourgeois est bien ancré dans son 19ème siècle, et n'a qu'une passion (en dehors de quelques jupons joliment portés, mais sans se détourner de son assiette, tout de même), la cuisine! Mais attention, à ce niveau là, c'est un art!

Dodin perd sa cuisinière et doit la remplacer, il sert à une Altesse un pot-au feu d'anthologie, il est tenté par la chair (en plus de la chère), et patatras, une crise de goutte le contraint à prendre les eaux à Baden Baden, où il souffre puissamment, car son esprit déjà fort chauvin n'apprécie pas ce qu'on lui sert.

Tout du long du roman, ce sont repas mirifiques, menus inventifs obéissants à des règles magnifiant les produits de qualité, mais curieusement mon appétit n'a subi aucune attaque, affolée que j'étais par l'abondance de ces repas. Nous sommes au 19ème siècle, bien sûr, et même quand le roman a été écrit les grands repas étaient la norme lors des occasions spéciales.

Cependant ce roman assez unique mérite amplement d'être connu, pour la présentation d'une conception haut de gamme de la cuisine et la délicate ironie de la narration.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          100
Un livre excessif, tant par la l'abondance des menus servis que par leur description, leur énumération (ainsi le menu qui sera servi au prince prend plusieurs pages).

Remettons-nous d'abord en mémoire la composition du repas « service à la française » qui exista jusqu'au milieu du XIXe siècle.
Grimod de la Reynière le décrit dans son ‘Almanach des gourmands' en 1805 : « Un grand dîner se compose ordinairement de quatre services. le premier comprend les potages, les hors-d'oeuvre, les relevés et les entrées ; le second les rôtis et les salades ; le troisième les pâtés froids et les entremets de toute nature ; le quatrième enfin le dessert, et sous ce nom sont compris les fruits crus, les compotes, les biscuits, les macarons, les fromages, toutes les espèces de bonbons et de pièces de petit four qu'il est d'usage de faire paroître dans un repas, les confitures et les glaces.»

Dodin Bouffant est de cette race aujourd'hui (quasi) perdue des grands gastronomes qui consacrent leur vie à cet art sublime : le bien manger.
Le raffinement est absolu, déjà dans le choix des convives et leur aptitude à déceler les moindres nuances d'une bouchée.
Puis dans l'origine des ingrédients.
Ensuite dans l'ordonnance du service des mets et des vins.
Et surtout dans l'extrême précision des préparations, des cuissons, des sauces.

Quant au récit proprement dit, il décrit les étapes qui mènent notre héros de la pure félicité au gouffre affreux du régime sur ordonnance à Baden-Baden.

Au début, le décès de la cuisinière apte à lui concocter ces merveilles l'oblige à « battre la campagne pour dénicher la nouvelle (cuisinière) valant celle-là ».

Lorsqu'il l'a trouvée, le prince héritier d'Eurasie (qui a goûté à son art) veut la lui souffler.
Alors pour la garder, Dodin n'a d'autre choix que de l'épouser.

L'épilogue est poignant. Méprisant les douleurs passées de la goutte comme les souffrances à venir, il décide avec sa fidèle Adèle, d'abandonner leur régime et, non sans prémonition, annonçant « La grande bouffe », de sacrifier leur fin de vie à l'art suprême de la gastronomie.
Commenter  J’apprécie          20
"la vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet" de Marcel Rouoff (221p)
Ed. le serpent à plumes
Bonjour les fous de lectures....
J'ai découvert Dodin-Bouffant en BD, l'auteur s'était inspiré de ce livre que j'ai eu envie de lire à mon tour.
La grande cuisine a, en France, depuis longtemps conquis ses lettres de noblesse, et nous le devons en bonne partie à des hommes tels que Dodin-Bouffant.
Dodin a un appétit d'ogre.
Entouré d'un petit cercle de gastronomes triés sur le volet, fidèlement épaulé par une auxiliaire de talent que les têtes couronnées lui envient, Dodin ira jusqu'au bout de lui-même pour défendre son idéal d'une cuisine.
Je dois dire que j'ai préféré la BD au texte classique un peu désuet à mon goût.
Mais l'histoire de Dodin reste passionnante et ravira tous les gastronomes.
Un conseil ... ne lisez pas le vente vide, vous le regretteriez et votre balance ne vous dirait pas merci !!!!
Hommage à Brillat-Savarin, auquel son personnage emprunte nombre de traits, "La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant" est devenu, depuis sa parution en 1924, un classique de la littérature gastronomique.
Commenter  J’apprécie          30
Un bijou, à faire figurer en bonne place dans la bibliothèque du gastronome, à côté de la Physiologie du Goût de Brillat Savarin (entre autres) !
Commenter  J’apprécie          82
Un livre très "vieille France" au style suranné mais délicieux, tout comme les innombrables repas qui y sont décrits par le menu (si je puis dire). Une ode aux vins de Bourgogne et à la gastronomie française telle qu'elle se pratiquait dans la fine (haute) bourgeoisie avant qu'Édouard de Pomiane ne s'en mêle.

Écrit dans les années 1920 par un ami belge de Curnonsky, ce court roman remis au goût du jour par un excellent film en 2022, est paraît-il connu comme le loup blanc de tous les bibliophiles gastronomes et des professionnels de la bonne chère.

Un vrai plaisir de lecture malgré la complexité des recettes énumérées, une certaine galanterie toute misogyne et un très fort relent anti-teuton sur la fin pour ce roman publié durant l'entre-deux-guerres.
Un conseil : évitez de le lire à jeun…
Commenter  J’apprécie          01

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il arriva enfin, ce redoutable pot-au-feu, honni, méprisé, insulte au prince et à toute la gastronomie, le pot-au-feu Dodin-Bouffant, prodigieusement imposant, porté par Adèle sur un immense plat long et que le cordon bleu tenait si haut au bout de ses bras tendus que les convives, anxieux, n'en aperçurent rien tout d'abord. Mais quand il fut posé avec effort et précaution sur la table, il y eut plusieurs minutes de réel ahurissement. [...]

Le pot-au-feu proprement dit, légèrement frotté de salpêtre et passé au sel, était coupé en tranches et la chair en était si fine que la bouche à l'avance la devinait délicieusement brisante et friable. Le parfum qui en émanait était fait non seulement de suc de bœuf fumant comme un encens, mais de l'odeur énergique de l'estragon dont il était imprégné et de quelques cubes, peu nombreux d'ailleurs, de lard transparent, immaculé, dont il était piqué. Les tranches, assez épaisses et dont les lèvres pressentaient le velouté, s'appuyaient mollement sur un oreiller fait d'un large rond de saucisson, haché gros, où le porc était escorté de la chair plus fine du veau, d'herbes, de thym et de cerfeuil hachés. Mais cette délicate charcuterie, cuite dans le même bouillon que le bœuf, était elle-même soutenue par une ample découpade, à même les filets et les ailes, de blanc de poularde, bouillie en son jus avec un jarret de veau, frotté de menthe et de serpolet. Et pour étayer cette triple et magique superposition, on avait glissé audacieusement derrière la chair blanche de la volaille nourrie uniquement de pain trempé de lait, le gras et robuste appui d'une confortable couche de foie d'oie frais simplement cuit au chambertin. L'ordonnance reprenait ensuite avec la même alternance, formant des parts nettement marquées, chacune, par un enveloppement de légumes assortis cuits dans le bouillon et passés au beurre ; chaque convive devait puiser d'un coup entre la fourchette et la cuillère le quadruple enchantement qui lui était dévolu, puis le transporter sur son assiette.
Commenter  J’apprécie          112
[La purée Soubise version Dodin-Bouffant.]

Ah ! cette purée !
Le gastronome ne laissait à personne le soin de la préparer.
Trente-six heures à l’avance, il choisissait lui-même, un par un, des oignons nouveaux, de même taille, de même couleur, de même saveur.
Il les coupait lentement en tranches égales; puis dans une grande, dans une profonde marmite de terre, il disposait ces tranches, une à une, par couches superposées, et quand il en avait étendu trois, il interposait entre la dernière et la suivante une magnifique épaisseur de beurre fin, très frais.
Il n’arrêtait ce minutieux travail qu’à quelques centimètres du bord du récipient. Il versait alors sur sa construction un demi-bol d’excellent consommé et un verre à boire d’une fine champagne vieille, très douce, et surtout pure de toute manipulation sucrée. Puis, sur le tout, il scellait avec du ciment le couvercle de terre de la marmite afin que le parfum demeura concentré. Et pendant trente-six heures, sur le feu très doux de branches de chêne, l’œuvre cuisait lentement, religieusement, gravement.
Commenter  J’apprécie          102
Mais ce qui avait avant tout sollicité les soins du grand gastronome, c'était le choix de ses convives. (...) Le rentier Bobage ne fut plus invité après qu'il eu pris pour un beaujolais un incomparable châteauneuf-du-pape.
Capada, l'architecte, fut frappé d'ostracisme perpétuel pour n'avoir pas su reconnaître, dans la crème d'une sauce à choux-fleurs, la caresse exotique d'une pointe de muscade.
Un fonctionnaire des Finances, ayant déclaré ne faire aucune différence entre le rôti d'un boeuf du Nivernais et celui d'un animal de Franche-Comté, fur rayé du nombre des commensaux.
Rigaille, directeur de la verrerie voisine, commit à la fin d'un repas deux hérésies coup sur coup qui furent son arrêt d'exil: il vida un verre de pommard après un vacherin au café et il refusa un persillé marbré et brisant à souhait.
D'autres subirent un sort analogue pour n'avoir pas discerné la pincée de sel lâchée en trop dans une purée de cardons, ou pour avoir loué sans réserve le canapé mal beurré d'un perdreau qui n'était pas en son point.
Commenter  J’apprécie          40
Les dernières lignes...
Ses épaules, un peu courbées sous le poids de l’infortune, se redressaient, sauvées et triomphantes. Et maintenant, le bourgogne entre ses lèvres coulait comme une marée d’ambroisie ! Il contempla longtemps sa femme qui, en face de lui, démentant la fausse légende qu’une cuisinière ne mange jamais la cuisine qu’elle a préparée, poursuivait au fond du plat, d’un vigoureux morceau de pain, jusqu’aux moindres bribes de foies et de sauces et se délectait réellement aux derniers vestiges de son chef-d’œuvre. Il l’enveloppa d’un regard d’amour et de reconnaissance.
— Adèle, fit-il, en posant à côté de lui sa serviette et en se soulevant à demi.
Elle leva ses bons yeux, redevenus calmes et limpides, mais où palpitait son génie.
— Adèle, reprit-il, tu viens en quelques heures d’effacer jusqu’au souvenir de longues épreuves. Nous avons acquis l’expérience cruelle qu’il n’est point de crises, de maladies, de morts même qui vaillent en souffrances et en horreur les semaines que les médicastres nous ont imposées, ces abominables cures qui vous laissent affaiblis, écœurés et pantelants. Quelles que soient les épreuves qui nous attendent, nous sommes désormais suffisamment éclairés sur la valeur et la perfidie des régimes. Reprenons, pour ne plus la quitter, notre bonne vie et notre bonne cuisine d’autrefois et, dans la paix ou la souffrance, suivant ce qu’il plaira à Dieu de nous envoyer, achevons nos existences dans le culte de la chère et dans la joie de notre foyer.
Il s’était levé tout à fait et il avait pris par-dessus la table les mains d’Adèle, comme s’il lui demandait ce serment sur le souvenir du gâteau merveilleux de foies blonds et sur les nobles bouteilles vides.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Marcel Rouff (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Rouff
Mathieu Burniat en interview pour planetebd.com .Il a débarqué dans le 9ème art avec un diptyque de SF léger et rigolo, "Shrimp"? Puis il a aussitôt frappé très fort en tant qu?auteur complet, avec un one-shot dédié aux belles lettres et à la gastronomie, "La Passion de Dodin-Bouffant". Pour cet album remarquable et appétissant, Mathieu Burniat s?est inspiré d?un classique de la littérature gastronomique signé Marcel Rouff, "La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet". On l?a aussitôt mis sur le grill de nos interviews?
autres livres classés : gastronomieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Marcel Rouff (2) Voir plus

Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11102 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..