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EAN : 9782742756520
140 pages
Actes Sud (31/08/2005)
3.6/5   5 notes
Résumé :

Est-il personnage plus connu et plus mystérieux qu'Antonio Vivaldi (1678-1741) ? Sa musique a désormais traversé les siècles et les continents, et pourtant, c'est ce même compositeur qui meurt dans l'anonymat le plus total, entraînant dans le néant la majeure partie de son œuvre, avant la résurrection musicologique du début du XXe siècle. Et qui, bien que connu de son vivant dans l'Europe entière... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore une éclatante réussite pour la collection Actes Sud – Classica avec cette biographie très instructive et plaisante du « prêtre roux » Vivaldi (1678-1741).
Père violoniste professionnel à San Marco, Antonio a tout naturellement suivi la trace paternelle et, d'un talent très précoce, est devenu un instrumentiste fameux dès son plus jeune âge. le père, soucieux de la pérennité de la carrière de son fils, en fait aussi un prêtre, pour qu'il puisse atteindre les pouvoirs et avoir du pouvoir lui-même, et ainsi être à l'abri de tout souci matériel.
Vivaldi, qui a très tôt arrêté de servir la messe, a mené de front une carrière d'ecclésiastique et de concertiste, et ce qui aurait pu être perçu comme une contradiction mais aussi comme une position condamnable était selon l'auteur acceptable dans cette ville culturellement flamboyante et aussi festive qu'était la Venise de l'époque. Toutefois, l'ambitieux Vivaldi a fini par ternir son image et dut renoncer quelque peu à sa vie mondaine à l'apogée de sa célébrité dérangeante pour ses concurrents.
Un autre mystère que Sophie Roughod nous expose est celui de la santé de Vivaldi. En effet, l'on sait que celle-ci fut précaire dans ses premiers mois, mais ensuite elle émet des doutes sur les souffrances du compositeur, qui se plaignait de « stretteza di petto », asthme, maladie du souffle. Considérant la vie trépidante qu'il n'a cessé de mener, entre ses activités de concertiste, professeur, compositeur, imprésario, ses voyages (on perd plusieurs fois sa trace mais on sait qu'il était absent de Venise), sans compter la rédaction de recueils théoriques significatifs (au moins par leurs titres) de l'entrée dans le Siècle des Lumières à partir de 1711, l'hyperactivité de Vivaldi semble réfuter l'idée d'une mauvaise santé. Sophie Roughod émet l'hypothèse de symptômes psychosomatiques utiles au compositeur pour fuir ses obligations de prêtre ou d'autres contraintes.
On n'a que très peu d'éléments sur la vie sentimentale de l'homme. On sait qu'il a vécu une grande partie de sa vie avec une jeune cantatrice (Anna Giraud ou Giro) et sa demi-soeur de vingt ans son aînée, qui lui servirent de muses, secrétaires, dames de compagnie… mais on ignore si des liens amoureux ont existé, même si on peut le supposer.
Vivaldi connut une célébrité croissante essentiellement comme violoniste mais aussi comme compositeur, mais sa gloire s'émoussa à la fin de sa vie, de nombreuses cabales l'usèrent et l'amenèrent à fuir.
La principale qualité de cet essai à mes yeux est que Sophie Roughod ne se borne pas à la description de la vie et l'oeuvre de Vivaldi, elle s'attache aussi, posément mais avec une belle conviction, à défendre la musique du compositeur, instrumentale ou vocale (les opéras de Vivaldi ne sont pas à son avis reconnus à leur juste valeur, à une ou deux exceptions près.)
On est assez sidéré de constater à quel point le créateur fut prolifique (près de 500 concertos et un nombre aussi impressionnant d'oeuvres vocales – Vivaldi affirmait avoir écrit plus de 94 opéras), d'autant que probablement de nombreuses oeuvres restent à découvrir. Ce constat a été la source de fréquents mauvais jugements sur le compositeur, qui peu à peu après sa mort sera considéré comme un peu dépassé, pratiquement tombé dans l'oubli au XIXème siècle, jusqu'au début du XXème siècle (années 20) où une première thèse lui sera consacrée (interrompue par la guerre et publiée en 1947), une élaboration des premiers catalogues, et la fondation d'un fonds Vivaldi à Turin. Enfin, en 1967, Roland de Candé publiera un ouvrage qui fait encore référence.
La critique la plus courante (immortalisée par Stravinsky) est de dire que Vivaldi n'a écrit qu'un seul même concerto 500 fois. Sophie Roughod défend un point de vue différent en tentant de transmettre la diversité et l'évolution subtile des compositions de Vivaldi, la richesse de sa palette harmonique, son orchestration inventive... Avant de conclure en un retour sur le « mystère » Vivaldi, elle décline les formes de composition que Vivaldi a empruntées, et en dégage les influences comme les affranchissements de ses prédécesseurs, dans un langage clair et concis qui n'exclut pas les précisions musicologiques et techniques dans un style non rébarbatif, ce qui est tout à fait remarquable. Elle mentionne notamment tout ce que Bach doit à Vivaldi.
Vers la fin de sa vie, Vivaldi devient « il vecchio » (le vieux).
On sait qu'il quitte Venise à l'automne 1740. Il est d'ailleurs aussi célèbre en Europe qu'en Italie.
On ignore pourquoi il meurt à Vienne en juillet 1741 d'une fièvre interne (tumeur ?).
Il a certainement voulu quitter Venise puisqu'il y a résilié certaines affaires, peut-être souhaité rejoindre Anna Giro à Graz, ou se mettre sous la protection d'un prince. La séparation d'avec Venise le laisse désabusé, il n'y survivra pas.
En débutant ma lecture, je me disais que je ne connaissais pas grand-chose de la vie de Vivaldi, mais j'ai appris que de nos jours encore celle-ci recèle bien des mystères. En effet, les seuls témoignages parvenus jusqu'à nous émanent de quelques contemporains du compositeur, bien souvent ennemis jaloux, ou du témoignage de Goldoni qui n'a guère apprécié la façon dont Vivaldi le considérait. Sa correspondance personnelle est également peu connue, et les quelques portraits de lui sont présumés : autant dire que Donna Leon pourrait faire de Vivaldi le sujet d'une nouvelle enquête pour son commissaire Brunetti, puisque le décor de la majeure partie de la vie du compositeur est Venise.
Sophie Roughod a fait son travail de détective avec application, et son livre regorge d'informations historiques. Elle s'est attachée à faire revivre le plus plaisamment possible la vie musicale vénitienne de cette fin du XVIIème et début du XVIIIème siècle. Pour elle, Vivaldi est indissociable de Venise, Vivaldi est Venise, et inversement.
Le livre s'achève avec un « Postlude » éblouissant dans lequel elle évoque Vivaldi et Venise comme une même entité. Après s'être effacée humblement lors de ses précédents chapitres derrière une érudition appliquée et appréciable dans un style demeuré en permanence accessible, sa prose s'envole en deux pages finales aux accents festifs et poétiques au-dessus de la lagune vénitienne aux harmonies vivaldiennes. Lire cette biographie est un plaisir constant.
Comme pour tous les livres de cette collection « Actes Sud – Classica », on trouve en annexe des indices discographiques et bibliographiques.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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'est à Vienne en Autriche et non à Venise – sa ville natale à laquelle il sera toujours intimement lié – que sera enterré Antonio Vivaldi, le 28 juillet 1741. Virtuose du violon, il faudra patienter jusqu'en 1920 – soit près de 179 ans – pour découvrir toute la valeur artistique et l'acuité de son talent. Pourtant, les commentaires relatifs à ses compositions musicales seront peu amènes, voire même cyniques et acerbes. Igor Stravinsky a été pour le moins acide en assénant que Vivaldi aurait écrit six cents fois le même concerto ! C'est dire si les préjugés et autres idées préconçues ont la vie dure et ont persisté dans le temps.

Il s'en est fallu de peu que le monde de la musique ne connaisse jamais le génie foisonnant d'Antonio Vivaldi. A peine né, il est en danger de mort et recevra même les sacrements de sa nourrice, Margarita Veronese. Toute sa vie, Antonio Vivaldi sera de santé précaire. Sans doute, est-ce pour cela qu'il sublimera son art du violon ? Qu'importe. le petit Antonio va baigner dans une ambiance où la musique est au coeur même de la vie familiale, grâce à son père – Giovanni Batista Vivaldi – violoniste réputé à Venise.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vivaldi est Venise. Dans ses palais et ses ruelles, ses miroitements et ses mystères, son élégance et ses frasques. Non pas contradiction, mais alliance miraculeuse de contraires. Venise vivante, que les siècles suivants, amnésiques et complexés, prétendirent enterrer à jamais dans ses vases malodorantes, ses décadences multiples, et une mort programmée bien que toujours absente. Jamais compositeur ne fut autant le décalque de son lieu de vie, modelé par lui et programmé pour y réussir, au point d’en épouser de nos jours une célébrité trop souvent factice, mais aussi de son vivant les controverses et les accommodements déplaisants, les fureurs et les silences, la richesse et le besoin permanent, la dévotion et la fête, la course et l’absence.
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Venise, au tournant de deux siècles, vit dans la maturité d'une sensualité radieuse et pleinement assumée, dans une licence et une avidité de plaisirs soulignées par tous les chroniqueurs. Le jeune Antonio glisse des ombres des tabarri et des inquisiteurs aux lumières de la piazza et aux éclats des courtisanes, des étals bigarrés de commerçants de toutes nationalités aux mosaïques de la basilique, des promesses des charlatans à celles des prêtres, du regard d'une danseuse triste aux dérobades d'une bauta, dans le chant continuel des gondoliers, femmes, commerçants, maîtres et domestiques.
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Est-il personnage plus connu et plus mystérieux qu'Antonio Vivaldi ? Sa musique a traversé les siècles et les continents, a séduit tous les publics et tous les âges, son nom, à l'égal de celui de Mozart, est synonyme de musique classique pour les plus réfractaires au genre. Et pourtant, c'est le même compositeur qui disparaît dans l'anonymat le plus total, entraînant dans le néant la majeure partie de son œuvre, avant la résurrection musicologique du début du XXe Siècle. Et qui, bien que connu de son vivant dans l'Europe entière, cache à ses biographes des pans entiers de son existence, comme si, par hases régulières, l'homme devenu invisible échappait au regard et à la plume de ses contemporains.
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