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Critique de asnico


Jean-Marie Roughol est un homme qui a passé une grande partie de sa vie dans la rue. Il « tape la manche », comme on dit, à Paris. Il fait la connaissance de Debré alors qu'il lui propose un jour de surveiller son vélo comme il le fait de temps en temps, espérant une petite pièce en retour. Debré l'incite à écrire un livre racontant sa vie, à la manière d'un auteur racontant ses mémoires.

C'est ainsi qu'est né ce beau témoignage « Je tape la manche ». Jean-Marie y raconte son enfance douloureuse : abandon par sa mère, alcoolisme de son père, maltraité par la « tata » de la famille d'accueil… Pas besoin d'être psy pour savoir que l'enfance a un impact déterminant sur la vie d'un adulte. Jean-Marie n'est pas beaucoup allé à l'école, il ne voulait d'ailleurs pas écrire ce livre car il fait beaucoup de fautes d'orthographe. Jean-Louis Debré l'a aidé.

Ceux qui disent que les sdf auraient dû plus travailler pour éviter leur situation et qu'ils sont des « indésirables » de la société ont peut-être un peu raison mais il y a tellement d'autres éléments dans une vie qui interagissent et qui font de vous ce que vous êtes aujourd'hui. C'est difficile de tenir de tels propos. Ceux qui méprisent les sdf ont sans doute eu une enfance moins chaotique…

Je vous invite à découvrir le quotidien âpre des sdf avec Jean-Marie : il y a des répétitions dans le récit, souvent beaucoup de malheur (la violence, mort sur le trottoir, le froid, le mépris des passants, l'été où les recettes sont moindres…) qui ont plutôt tendance à éveiller chez le lecteur un sentiment de tristesse teintée de colère. Il raconte aussi que le quotidien dans la rue change : la présence des Roms qui sont très agressifs avec les sdf « classiques » (c'est horrible de dire ça mais ça reflète une pauvreté de longue date), les femmes, les jeunes… Jean-Marie parle aussi de la famille qu'il a réussie à fonder : Barbara, sa femme et Alison sa fille, son fils d'un premier lit ; un peu chaotique tout cela à l'image de sa vie en fait, mais pouvait-il en être autrement ?

Jean-Marie fait aussi la part belle aux moments sympas (l'amitié, la solidarité entre sdf, le sourire et la générosité de certains…) et nous livre quelques anecdotes notamment sur les célébrités qu'il a croisées ; c'est comme chez les anonymes après tout, il y a ceux qui sont gentils (aller je balance !: Gad Elmaleh, Robert Hossein… ) et ceux qui sont méprisants (Delon mais ça c'est pas un scoop mais aussi Mélenchon tiens, tiens, plus surprenant).

Ce témoignage se lit très vite et permet de nous rappeler qu'il y a toujours pire que nous et qu'il faut savoir savourer toutes les bonnes petites choses de la vie.
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