Quel plaisir de lire les racines du Cotentin mais un bémol : que vient faire l'avant dernier chapître dans ce recueil de souvenirs ?
Je garderais en mémoire cette description de nos vaches normandes, de la messe dominicale, l'arrivée de la modernisation dans ce monde rural avec ses petites anecdotes...
La lecture de ce livre arrive à point alors que je suis récemment revenue , 25 ans plus tard, voir la maison de ma grand-mère : lavoir, wc dans le chemin, un poulallié, pas de téléphone, pas de commerces à proximité... Une lecture faite dans l'émotion bien que je n'ai qu'une petite trentaine d'années....
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Elles avancent au rythme lent d'un bateau ventru; elles occupent toute la place sur l'étroite route, soufflent, balancent leurs lourdes mamelles, jettent des regards inquiets, donnent des coups de leur queue beurrée d'excréments. Dans l'air humide et l'odeur végétale des chemins touffus, elles offrent un spectacle éléphantesque. Elles sont molles, robustes, biologiques, elles obéissent bêtement aux hommes inquiets qui les poussent avec des cris rauques, simplement guidées par l'appel de l'herbe dégoulinante de rosée.
Vous l'avez compris, le Cotentin est un endroit qui gagne à être connu. Certes, il y pleut abondamment; il y crachine parfois avec une persévérence agaçante, je ne peux pas le nier. Mais la pluie est un pinceau qui donne sa couleur à la presqu'île. Un rayon de soleil, un trou dans les nuages charbonneux et la campagne prend des couleurs éblouissantes, magiques, merveilleuses, profondes, violentes et gaies. C'est du Van Gogh.
L'église est gigantesque. Elle résonne. Hostile? Je ne saurais dire. Sensation de froid et d'ennui. L'homme vêtu d'une robe blanche et de choses dorées qui recouvrent son ventre confortable, fait de grands gestes, ouvre les mains et les referme, parle avec des mots incompréhensibles. A un moment donné, il mange quelque chose. Pourquoi mange-t-il avant le déjeuner?
Elle m'expliquera plus tard, qu'un temps maigre, c'est lorsque le froid empêche l'herbe de pousser. Belle expression.
Il faut toujours se méfier des mots. Ils vous enchantent, ils vous entraînent, vous enchaînent.